Pape François: le thème de l’éternité est trop souvent négligé
Au grand complet, en présence du Secrétaire d’État, le cardinal Pietro Parolin, les différentes académies pontificales qui peuplent l’Etat de la Cité du Vatican se réunissent à Rome ce mardi pour leur cérémonie de remise de prix.
Instituée depuis 1995 sous le pontificat Jean-Paul II qui avait réformé ces mêmes académies, cette cérémonie était cette année tenue sous l’égide de l’Académie pontificale de théologie et l’Académie pontificale Saint-Thomas d’Aquin sur le thème de «l’éternité, l’autre visage de la vie».
Promouvoir les réflexions eschatologiques
Ainsi dans son message, le Saint-Père a estimé que ce thème de l’éternité était trop souvent négligé dans les recherches théologiques ces derniers années, de même que dans la formation des fidèles.
Rappelant que nous récitions chaque dimanche le Credo où la résurrection des morts et la vie du monde à venir sont clairement exprimées, le Pape François a insisté sur le fait que «la réflexion eschatologique sur la vie éternelle et la résurrection» ne trouvait pas «l’espace ni l’attention qu’elle mérite».
«Nous avons parfois l’impression que ce thème est délibérément oublié et laissé de côté, car éloigné en apparence, étranger à la vie quotidienne et à la sensibilité contemporaine», a poursuivi le Pape avant de dresser un sombre portrait de notre époque.
Notre époque est fermée à la transcendance
En effet, a-t-il martelé, la culture actuelle est fermée à tout horizon de transcendance, attachée presque exclusivement au présent, oubliant ou censurant le passé, et obscurcissant l’avenir, plein d’incertitudes pour les jeunes. Dans un tel contexte, «l’avenir au-delà de la mort apparait éloigné, indéchiffrable voire totalement inexistant», a-t-il pointé.
La vie éternelle est dynamique et vivante
Néanmoins, le Pape a souligné que ce peu d'attention portée à l'éternité dépendait également d’autres facteurs, comme par exemple le langage utilisé dans la catéchèse «qui peut sembler aujourd’hui presque incompréhensible» ou présenter un visage peu attrayant de la vie éternelle. Celle-ci serait monotone, répétitive, ennuyeuse, triste, voire insignifiante. Or, il n’en n’est rien, explique le Souverain pontife. Reprenant l’homélie de Grégoire de Nysse sur le Cantique des Cantiques (VIII), le Successeur de Pierre développe combien la vie éternelle est dynamique et vivante, loin d’être statique.
«Le désir humain de vie et de bonheur, étroitement lié à celui de voir et de connaître Dieu, grandit et se renouvelle continuellement, passant d'un stade à l'autre sans jamais trouver de fin ni d'accomplissement. En fait, l'expérience de la rencontre avec Dieu transcende toutes les conquêtes humaines et constitue le but infini et toujours nouveau», détaille-t-il.
Saint Thomas d'Aquin lui aussi affirme que cette vie éternelle, union de l'homme avec Dieu, est «la récompense ultime et la fin de tous nos travaux». «C’est une vision parfaite».
Revenir aux Pères de l’Église
Ces réflexions des Pères de l’Eglise et des grands théologiens devraient nous aider et nous encourager à reproduire efficacement et passionnément, avec un langage approprié à notre vie quotidienne et avec la profondeur appropriée, le cœur de notre foi, l’espoir qui nous anime de témoigner au monde cette beauté de l’éternité, nous enjoint le Pape.
Faisant ainsi part de son souhait de promouvoir et d’encourager la recherche théologique visant à approfondir les thèmes eschatologiques, le Pape a enfin décerné le Prix des académies pontificales à deux jeunes chercheurs, ex aequo: Stefano Abbate, pour sa thèse de doctorat intitulée La secularización de la esperanza cristiana a través de la gnosis y el ebionismo. Estudio sobre el mesianismo moderno et à Francisco Javier Pueyo Velasco, pour La plenitud terrena del Reino de Dios en la historia de la teología.
La médaille du Pontificat est, elle, remise à Guillermo Contín Aylón, pour sa thèse «Vado ad Patrem. L'Ascension de Cristo et le Comentario de Juan de Santo Tomas de Aquino».
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