Pape François: les Rois mages ont le cœur nostalgique de Dieu
Benedetta Capelli – Cité du Vatican
La clarté d’une lumière tenue pour la Lumière du monde ; un enfant qui manifeste la tendresse de Dieu ; les Mages qui vivent avec le cœur inquiet, prêts à abandonner les certitudes, à se mettre en chemin parce qu’ils sont ouverts à la nouveauté. Lors de ses homélies prononcées à l’occasion de l’Épiphanie, le Pape François fait découvrir la valeur du choix des Mages, «de sages compagnons de route» dont l’exemple «nous aide à élever le regard vers l’étoile et à suivre les grands désirs de notre cœur».
Les Mages, gardiens de la foi
«L’étoile apparue dans le ciel» suscite pour les Rois mages «une lumière qui les met en mouvement à la recherche de la grande Lumière du Christ», qui leur apprend «comment se défendre contre l’obscurité qui cherche à engloutir notre vie».
«Ceci est très important en ce moment : cultiver la foi. Il faut aller au-delà, au-delà de l’obscurité, au-delà de la fascination des Sirènes, au-delà de la mondanité, au-delà des si nombreuses modernités qu’il y a aujourd’hui, aller vers Bethléem, là où, dans la simplicité d’une maison de périphérie, entre une maman et un papa pleins d’amour et de foi, resplendit le Soleil venu d’en haut, le Roi de l’univers.»
S’abaisser devant Dieu
La lumière de l’étoile illumine encore aujourd’hui les personnes qui rejoignent Dieu. Le Pape François l’avait souligné dans son homélie de la messe du 6 janvier 2015, en rappelant que c’est la grâce de l’Esprit Saint qui fait que les Mages rencontrent le vrai Dieu, qui refusent le piège de Hérode, en acceptant la petitesse de l’Enfant qu’ils adorent, en offrant des cadeaux précieux. «L’amour de Dieu est grand, affirme le Pape, il est puissant et humble, si humble».
«Quel est le mystère dans lequel Dieu se cache ? Où pouvons-nous le rencontrer ? Nous voyons autour de nous des guerres, l’exploitation des enfants, des tortures, des trafics d’armes, la traite des personnes… Dans toutes ces réalités, dans tous ces frères et sœurs plus petits qui souffrent pour de telles situations, il y a Jésus. La crèche nous expose à une voie différente de celle qui est contemplée par la mentalité mondaine : c’est la route de l’abaissement de Dieu, de cette humilité de l’amour de Dieu qui s’abaisse, s’annihile, sa gloire cachée dans la mangeoire de Bethléem, dans la croix sur le calvaire, dans le frère et dans la sœur qui souffre.»
Accueillis dans la maison du Seigneur
Dans son homélie de l’Épiphanie en 2016, le Pape avait expliqué que «les Mages représentent les hommes de toutes les parties de la terre qui sont accueillis dans la maison de Dieu. Devant Jésus, il n’existe plus aucune division de race, de langue et de culture : dans cet Enfant, toute l’humanité trouve son unité». Le devoir de l’Église en découle donc nettement : susciter le désir de Dieu, se mettre en chemin, en oubliant les intérêts quotidiens, en suivant la voix de l’Esprit Saint.
«L’Église a le devoir de reconnaître et de faire émerger d’une façon plus claire le désir de Dieu que chacun porte en lui-même. Ceci est le service de l’Église, avec la lumière qu’elle reflète : faire émerger le désir de Dieu que chacun porte en soi. Comme les Mages, de nombreuses personnes, même de nos jours, vivent avec le cœur inquiet qui continue à demander sans trouver de réponses certaines. C’est l’inquiétude de l’Esprit Saint qui se déplace dans les cœurs. Ils sont eux aussi à la recherche de l’étoile qui indique la route vers Bethléem.»
Un cœur qui n’est pas anesthésié
Lors de la messe de l’Épiphanie en 2017, le Pape François a expliqué la nostalgie de Dieu, «l’attitude qui rompt nos conformismes ennuyeux, nous emmène hors des clôtures déterministes». Les Mages sont le portrait du croyant, «ils reflètent l’image de tous les hommes qui dans leur vie ne se sont pas laissés anesthésier le cœur», ce sont eux qui découvrent que «le regard de ce Roi inconnu, mais désiré, n’humilie pas, ne réduit pas en esclavage, n’emprisonne pas».
«Découvrir que le regard de Dieu relève, pardonne, guérit. Découvrir que Dieu a voulu naître là où nous ne l’attendions pas, peut-être là où nous ne le voulions pas. Où tant de fois nous le nions. Découvrir que dans le regard de Dieu il y a de la place pour les blessés, les fatigués, les maltraités, les abandonnés : que sa force et son pouvoir, cela s’appelle la miséricorde.»
Les plaisirs du monde, des météores qui s’écrasent
Il faut garder le regard vers le haut, comprendre que «le succès, l’argent, la carrière, les honneurs, les plaisirs » suscitent des émotions fortes mais sont «des météores : elles brillent un peu, mais s’écrasent vite». Le Pape l’a souligné dans son homélie de la messe du 6 janvier 2018, en mettant en évidence le fait que «l’étoile du Seigneur n’est pas toujours fulgurante, mais toujours présente : elle te prend par la main dans la vie, elle te garantit la paix et donne, comme aux Mages, une très grande joie».
«Pour trouver Jésus, il faut abandonner la peur de se mettre en jeu, la satisfaction de se sentir arrivés, la paresse de ne plus rien demander à la vie. Il faut risquer, simplement pour rencontrer un enfant. Mais cela en vaut grandement la peine, parce qu’en trouvant l’Enfant, en découvrant sa tendresse et son amour, nous nous retrouvons nous-mêmes.»
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