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Le Pape rencontre des évêques et des laïcs japonais au Vatican, le 17 décembre 2018. Le Pape rencontre des évêques et des laïcs japonais au Vatican, le 17 décembre 2018. 

Le Pape au Japon, un rêve sur le point de se réaliser

À bord de l’avion le conduisant à Panama City, le Pape a affirmé mercredi 23 janvier qu’il se rendra au Japon en novembre prochain. Il aurait aimé également se rendre en Irak mais les évêques locaux ont fait savoir que les conditions ne sont pas pour le moment réunies pour un tel voyage.

Marie Duhamel – Cité du Vatican

«Un voyage au Japon est à l’étude», confirme depuis l’avion papal le directeur par intérim du Bureau de presse du Saint-Siège, sans fournir, ni date, ni programme.

Précédemment interrogé en privé par un journaliste japonais, le Pape lui avait lancé aux premières heures du vol l’emmenant au Panama: «Prépare-toi, je viens au Japon en novembre».

En septembre dernier, François avait déjà annoncé son intention d'aller dans le pays asiatique à un groupe de Japonais, membres de l’association Tensho Kenoh Shisetsu Kenshoukai, qui promeut des actions culturelles et de solidarité en souvenir de la première mission diplomatique japonaise en Europe, organisée par la Compagnie de Jésus en 1585.

Quatre jeunes chrétiens japonais, accompagnés par des jésuites, avaient été reçus par le Pape Grégoire XIII. Leur long voyage en Europe, exceptionnel pour l'époque, dura plus de huit ans. François avait alors loué la «rencontre historique», il y a plus de 400 ans, entre des Japonais et l'Europe.

En juin 2014, le Pape avait été officiellement invité à se rendre au Japon par le Premier ministre Shizo Abe, lors d’une visite au Vatican.

Le rêve missionnaire

Le Pape nourrit depuis des décennies le souhait d’aller au Japon. Le 11 mars 1958, à 22 ans, lorsqu’il décide d’entrer au sein de la Compagnie de Jésus, le jeune homme aspirait à une vie communautaire, à plus de discipline. Il se sentait également l’âme d’un missionnaire, et rêvait de pouvoir se rendre au Japon, où les Jésuites sont aux avant-poste. Au terme de son noviciat, il en a fait la demande qui lui sera refusée en raison de ses problèmes respiratoires, due à l’ablation du lobe supérieur de son poumon droit après une pneumonie.

L’épopée jésuite

Plus tard, en 1973, Jorge Mario Bergoglio est nommé provincial des Jésuites en Argentine. Il accueille dans son pays le supérieur général de la compagnie, le père Pedro Arrupe, qui incarne l’épopée jésuite contemporaine au Japon.

En provenance des États-Unis, le prêtre espagnol fut un temps emprisonné par les Japonais le soupçonnant d’espionnage, mais au Japon, l’ancien étudiant en médecine, devenu maître des novices à Hiroshima, se distingua surtout lorsqu’il parti immédiatement porter secours aux victimes de la bombe atomique, lâchée sur la ville en 1945.

Depuis le début de son pontificat, le Pape n’a de cesse de se prononcer en faveur de  l’interdiction totale des armes nucléaires. À plusieurs reprises, le Saint-Père a distribué une photo représentant un adolescent japonais, portant sur son dos son petit frère mort, tué en 1944 par l’explosion de la bombe de Nagasaki.

Admiration pour la communauté chrétienne du Japon

C’est grâce aux laïcs que les sociétés «sont pénétrées de la bonne odeur de l’Évangile», affirmait le Pape aux évêques japonais lors de leur visite ad limina en mars 2015, les encourageant à «soutenir la famille, à commencer par la préparation au mariage, et en poursuivant avec des catéchèses pour toutes les étapes de la vie».

Le 15 janvier 2014, lors d’une audience générale portant sur le baptême, le Pape avait exprimé son admiration pour l’histoire de la communauté chrétienne au Japon, «exemplaire» à ses yeux. Au XVIIe siècle, les Japonais constituaient la plus grande communauté chrétienne d’Asie, avec plus de 300 000 baptisés. Mais elle subit une dure persécution. «Il y eut de nombreux martyrs, les membres du clergé furent expulsés et des milliers de fidèles furent tués. Aucun prêtre n’est resté au Japon, tous ont été expulsés. Alors, la communauté se retira dans la clandestinité, en conservant clandestinement sa foi et sa prière».

Le Pape expliqua alors comment la foi fut transmise, en dépit des violences à l’encontre des chrétiens: «Lorsque naissait un enfant, le papa ou la maman le baptisait, parce que tous les fidèles peuvent baptiser dans des circonstances particulières. Lorsque, après environ deux siècles et demi, 250 ans plus tard, les missionnaires retournèrent au Japon, des milliers de chrétiens sortirent de la clandestinité et l’Église pu refleurir. Ils avaient survécu avec la grâce de leur baptême! Cela est grand: le peuple de Dieu transmet la foi, baptise ses enfants et va de l’avant. Et ils avaient maintenu, même dans le secret, un profond esprit communautaire, parce que le baptême les avaient fait devenir un seul corps dans le Christ: ils étaient isolés et cachés, mais ils étaient toujours membres du peuple de Dieu, membres de l’Église». Le Pape s’exclamait alors qu’il y avait beaucoup à apprendre de cette histoire.

Le samouraï béatifié

Fort intéressé par l’histoire de la communauté chrétienne au Japon, le Pape lut tout naturellement le roman Silence de l’auteur Japonais Shusaku Endo (1966), qui raconte la quête au XVIIe de deux missionnaires jésuites portugais partis au Japon sur les traces de leur mentor, et des chrétiens locaux contraints à la clandestinité. Une histoire dont le cinéaste américain Martin Scorsese fit un film qu’il présenta au Vatican en 2016.

Autre témoin de cette période très difficile pour les chrétiens: Justo Takayama Ukon, dont le Pape salua la béatification en février 2017. Ce samouraï du XVIe siècle se convertit au catholicisme à l’âge de 12 ans, en même temps que son père, choisissant ainsi une vie de pauvreté et l’exil aux Philippines, où il mourut.

«Plutôt que de tomber dans le compromis, il a renoncé aux honneurs et à l’aisance en acceptant l’humiliation et l’exil », affirmait François lors de l’audience générale du 8 février 2017. « Il est resté fidèle au Christ et à l’Evangile ; c’est pourquoi il représente un exemple admirable de force dans la foi et de dévouement dans la charité».

L’Église au Japon; les Papes en Asie

Aujourd’hui, les catholiques ne représentent que 0,36 % d’une population à 71 % bouddhiste et shintoïste à 15 %, rapporte La Croix. L’Église est néanmoins très active puisqu’elle gère 24 hôpitaux, 500 jardins d’enfants et 19 universités dans le pays.

Saint Jean-Paul II est le premier et l’unique Pape à s’être pour l’instant rendu au Japon en 1981. Le Pape François s’est déjà rendu à trois reprises en Asie : en Corée (2014), au Sri Lanka et aux Philippines (2015) et en Birmanie et au Bangladesh (2017).

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23 janvier 2019, 17:02