Le Pape aux autorités du Panama: «Le droit à l’avenir est un droit humain»
Delphine Allaire – Cité du Vatican
«Si le monde devait choisir une capitale, l’isthme de Panama serait désigné pour être cette auguste destination». C’est par ces paroles de Simon Bolivar, général vénézuélien qui joua un grand rôle dans l’indépendance du Panama, que le Pape François a entamé son adresse aux autorités politiques et religieuses, au corps diplomatique, aux entrepreneurs, et aux représentants de la société civile et de la culture panaméens. Un premier discours axé sur «la bonne politique», la nécessité de rêver et la beauté de l’avenir.
Le Panama, terre d’appel et de rêves
Entre les murs du Palacio Bolivar, siège du ministère des Affaires étrangères panaméen et ancien couvent franciscain de style néocolonial, le Souverain pontife argentin a assimilé le Panama à une terre d’appel et de rêves; «ce que fait voir aujourd’hui le débarquement de milliers de jeunes qui portent avec eux le désir et l’envie de se rencontrer et de célébrer», a-t-il précisé, avant de caractériser la richesse de ce petit pays d’Amérique centrale réputé pour son canal, «une enclave stratégique pour le monde entier».
Le symbole des alliances américaines
«Pont entre les océans et terre naturelle de rencontres, Panama, le pays le plus étroit de tout le continent américain, est le symbole du développement durable qui naît de la capacité à créer des liens et des alliances», a poursuivi le Saint-Père devant un parterre de 700 officiels.
Cette vocation panaméenne de la rencontre et «du pont» est, selon lui, indissociable de la participation active de toute la société, qui a besoin, avant toute chose, «d’une éducation de qualité et d’emplois dignes».
Deux réalités sociales «qui valorisent le génie et le dynamisme créateur d’un peuple» et, sont les «meilleures antidotes à tout type de tutelle qui prétendrait réduire la liberté et soumettre ou supprimer la dignité civile, particulièrement des plus pauvres», a constaté l’évêque de Rome.
La fonction publique, synonyme d’honnêteté
Le Pape François a aussi fortement insisté dans ce premier discours en sol panaméen sur la droiture en politique. «La fonction publique est synonyme d’honnêteté et de justice, et antinomique avec toute forme de corruption», a-t-il affirmé, déclenchant un tonnerre d’applaudissements de l’assemblée. Plusieurs scandales financiers éclaboussent actuellement des dirigeants sur le continent américain.
«Nous, chrétiens, ayons l’audace de construire ‘’une politique authentiquement humaine’’ (Const. past. Gaudium et spes, n. 73) qui mette la personne au centre, lequel pousse à créer une culture de plus grande transparence chez les pouvoirs publics, le secteur privé et toute la population», a donc exhorté François.
Panama, «hub de l’espérance»
Outre ces aspects politiques et géostratégiques, le Souverain pontife jésuite a longuement évoqué ce pays d’accueil des JMJ sous le prisme de l’espérance. «Ces jours-ci, le Panama va se changer en un “hub” de l’espérance», a-t-il relevé, impatient de rencontrer les jeunes des cinq continents.
«Ces jeunes vont mettre au défi les regards myopes à court terme qui, tentés par la résignation, l’avidité, ou prisonniers du paradigme technocratique, croient que le seul chemin possible passe par “le jeu de la compétitivité, de la spéculation et de la loi du plus fort, où le puissant mange le plus faible” (Exhort. ap. Evangelii gaudium, n. 53), fermant le lendemain à une nouvelle imagination de l’humanité».
Le droit à l’avenir est un droit humain
Cette terre de rêves qui défie beaucoup des certitudes de l’époque indique, selon le Pape, qu’un autre monde est possible. Un monde où «les rêves ne tombent pas dans l’éphémère ou l’éthéré», mais, au contraire, «stimulent un pacte social dans lequel tous puissent avoir l’opportunité de rêver un lendemain». Et le Pape de proclamer «le droit à l’avenir» comme étant, aussi, un droit humain.
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