Mgr Coleridge: "nous ferons tout pour que les horreurs du passé ne se répètent pas"
Une fois n’est pas coutume, cette splendide salle était plongée dans une atmosphère de recueillement, pour une célébration eucharistique toute en sobriété. Autour du Pape François, qui a présidé la liturgie, tous les présidents des Conférences épiscopales, les chefs des Églises orientales, supérieures et supérieurs généraux de congrégations religieuses, et responsables de la Curie romaine.
L’homélie a été confiée à Mgr Mark Coleridge, archevêque de Brisbane et président de la Conférence épiscopale australienne qui s’est appuyé sur les lectures du jour, notamment la première, tirée du premier Livre de Samuel et aur l’Évangile, selon Saint Luc, mais aussi sur les fresques grandioses qui ornent la salle Royale. En effet, un élément commun les réunit: ils parlent tous, à leur manière, de pouvoir. Les pasteurs de l’Église, a relevé Mgr Coleridge, ont reçu un pouvoir «avec» et «pour», et non pas «sur». Dissocié de l’amour et du service, qui en sont les fondements, ce pouvoir s’avère «destructeur», comme dans le cas des abus sexuels. «Dans l’abus et sa dissimulation, les puissants ne se révèlent être des hommes du ciel mais des hommes de la terre», observe ainsi l’archevêque australien.
Qui est le véritable ennemi?
Mgr Coleridge revient également sur ce commandement donné par Jésus à ses disciples: «aimez vos ennemis». «Mais qui est l’ennemi ? s’interroge-t-il. Certainement pas celui qui a mis au défi l’Église de voir l’abus et sa dissimulation tels qu’ils le sont vraiment, surtout les victimes et les survivants qui nous ont menés à la douloureuse vérité en racontant leurs histoires avec un tel courage. Quelquefois, cependant, nous avons considéré les victimes et les survivants comme l’ennemi, nous ne les avons pas aimés, nous ne les avons pas bénis. En ce sens, nous avons été notre pire ennemi». L’archevêque australien pointe aussi ces moments où les pasteurs de l’Église ont opté pour l’indifférence et la protection de la bonne réputation de l’institution, faisant montre de peu de miséricorde.
Aussi, pour que l’homme de la terre puisse mourir et que l’homme du ciel puisse naitre, une conversion du cœur est-elle exigée, car sans elle, «nous resterons au niveau de la ‘simple administration’»; elle seule permettra en effet de «voir que les blessures de ceux qui ont été abusés sont nos blessures, que leur destin est le nôtre, qu’ils ne sont pas nos ennemis mais les os de nos os, la chair de notre chair (cf. Gn 2,23). Ils sont nous, et nous sommes eux».
Une conversion authentique
Cette conversion s’apparente à une «révolution copernicienne», c’est-à-dire la découverte «que ceux qui ont été abusés ne tournent pas autour de l’Église mais l’Église autour d’eux. En découvrant cela, a-t-il ajouté, nous pouvons commencer à voir avec leurs yeux et à entendre avec leurs oreilles».
«Ces derniers jours, nous avons été au Calvaire, a affirmé le président de la conférence épiscopale australienne. En écoutant les survivants, nous avons entendu le Christ crier dans les ténèbres (…), en eux, nous avons rencontré le Christ crucifié». Mais le Calvaire conduit à la résurrection et à la lumière de Pâques. Et l’Église réunie dans la douleur et la repentance entend à présent la voix du Ressuscité, lui demandant ce qu’elle compte faire. «De la peur est née une audace apostolique, du découragement profond est née la joie de l’Évangile. Une mission s’étend avant nous – une mission qui n’exige pas seulement des mots justes mais une réelle action concrète», a assuré Mgr Coleridge.
Faire de l'Église un endroit sûr
Et l’archevêque de s’engager solennellement, au nom de l’Église: «Nous ferons tout ce que nous pouvons pour amener la justice et guérir les survivants d’abus; nous les écouterons, nous les croirons et nous marcherons avec eux. Nous nous assurerons que ceux qui ont abusé ne soient plus jamais en mesure d’offenser à nouveau. Nous demanderons des comptes à ceux qui ont dissimulé des abus : Nous renforcerons les processus de recrutement et de formation des responsables de l’Église. Nous éduquerons tout notre peuple à ce que requiert la protection. Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour être sûrs que les horreurs du passé ne se répètent pas et que l’Église soit une place sûre pour tous, une mère aimante spécialement envers les jeunes et les personnes vulnérables». Promettant que dans cette immense tâche, l’Église n’agirait pas seule, mais de concert avec toutes les personnes se souciant du bien des jeunes, afin d’éradiquer cette plaie pour toujours. « Tout cela prend temps, mais nous ne pouvons pas attendra à l’infini et nous nous mettons au défi de ne pas échouer», a-t-il conclu.
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