Pape: "la vie consacrée n'est pas survivance, elle est vie nouvelle"
Manuella Affejee- Cité du Vatican
La rencontre avec Dieu se fait chaque jour de notre vie, directement et non de manière virtuelle; Le suivre procède d’un choix quotidien. Cette rencontre est à la source de la vie consacrée. Aussi, serait-il bon de souvent faire mémoire de ces moments fondateurs, «afin qu’elle ne devienne pas temps qui passe, mais qu’elle soit temps de rencontre», en gardant bien à l’esprit qu’elle ne s’épanouit pleinement qu’au milieu du Peuple de Dieu, dans l’Église. «Si elle s’isole, elle se fane, explique le Pape. Elle mûrit lorsque les jeunes et les aînés marchent ensemble. (…) Elle stagne au contraire quand on marche seul, quand on reste fixé sur le passé ou qu’on se jette en avant pour chercher à survivre».
L’appel de la Loi et de l’Esprit
La Présentation de Jésus au Temple est la fête de la rencontre par excellence, et l’Évangile de ce jour, en Saint Luc, nous le montre clairement. La rencontre avec Dieu débute par un double appel: celui de la Loi, -suivi par Joseph et Marie-, et celui de l’Esprit, -suivi par le vieillard Syméon et la prophétesse Anne. Et pour le Pape, il résonne de manière particulière dans la vie consacrée : «nous sommes appelés à une double obéissance : à la loi – dans le sens de ce qui donne bon ordre à la vie – et à l’Esprit, qui fait des choses nouvelles dans la vie». Car «même les charismes les plus grands, sans une vie ordonnée, ne portent pas de fruit» et pareillement, «les meilleures règles ne suffisent pas sans la nouveauté de l’Esprit: loi et Esprit vont ensemble».
Pour comprendre cet appel, le Pape invite à se remémorer l’épisode de Cana, où la Vierge Marie appelle les serviteurs à l’obéissance; le Christ lui-même leur fait une demande exigeante, en ordonnant que 6 jarres de pierre soit remplies d’eau, «jusqu’au bord». Ce n’est qu’alors qu’il opère le miracle et change l’eau en vin. «C’est ainsi pour nous, commente le Pape: Dieu nous appelle à la rencontre à travers la fidélité à des choses concrètes: la prière quotidienne, la Messe, la Confession, une vraie charité, la Parole de Dieu chaque jour. Choses concrètes, comme dans la vie consacrée, l’obéissance au Supérieur et aux Règles. Si on met en pratique avec amour cette loi, l’Esprit survient et apporte la surprise de Dieu, comme au temple et à Cana. L’eau du quotidien se transforme alors en vin de la nouveauté et la vie, qui semble plus contrainte, devient en réalité plus libre».
La vision d’un Dieu qui suffit comme Il est
Cette rencontre avec Dieu, qui nait de ce double appel, «culmine dans la vision». Et le Saint-Père de s’arrêter cette fois sur la figure de Syméon. Le vieillard ne voit pas la gloire éclatante d’un Messie qui accomplit des prodiges, mais la simplicité d’un petit Enfant. «Il ne cherche pas autre chose, il ne demande pas et ne veut pas davantage, il lui suffit de voir l’Enfant et de le prendre dans ses bras: (…) Dieu lui suffit comme il est. En lui il trouve le sens ultime de sa vie». Cette vision, simple et prophétique est celle de la vie consacrée: «c’est un regard qui voit Dieu présent dans le monde, une voix qui dit “Dieu suffit et le reste passe”, c’est une louange qui jaillit malgré tout». Lorsqu’elle s’inscrit dans cette triple dynamique, la vie consacrée fleurit et devient un rappel contre «les baisses de profondeur dans la vie spirituelle, contre la tentation de jouer au rabais avec Dieu, contre l’accommodation à une vie facile et mondaine, contre la lamentation, l’insatisfaction et le fait de pleurer sur son sort, contre l’habitude du “on fait ce qu’on peut” et du “on a toujours fait ainsi”». Et le Pape de conclure: «la vie consacrée n’est pas survivance, elle est vie nouvelle, elle est rencontre vivante avec le Seigneur dans son peuple. Elle est appel à l’obéissance fidèle de chaque jour et aux surprises inédites de l’Esprit. Elle est vision de ce qui compte de serrer dans ses bras pour avoir la joie : Jésus ».
Des primevères pour les religieuses du Vatican
La célébration eucharistique a été précédée du rite d’aspersion et de la bénédiction des cierges dans l’atrium de la Basilique Saint-Pierre plongée dans l’obscurité. Le Pape a ensuite remonté la nef à la seule lueur des bougies, dont les petites flammes vacillantes symbolisent le Christ, lumière qui se révèle aux nations.
En cette journée de la vie consacrée, le Pape a en outre fait parvenir un petit cadeau symbolique à toutes les religieuses vivant dans l’enceinte de l’État de la Cité du Vatican: un bouquet de primevères, l’une des premières fleurs à apparaitre au printemps.
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