Christus vivit: le Pape offre aux jeunes une «balise sur un chemin synodal»
Adélaïde Patrignani – Cité du Vatican
«Il vit, le Christ, notre espérance et il est la plus belle jeunesse de ce monde. Tout ce qu’il touche devient jeune, devient nouveau, se remplit de vie. Les premières paroles que je voudrais adresser à chacun des jeunes chrétiens sont donc: Il vit et il te veut vivant !». Ainsi commence le tout premier des 299 paragraphes de cette Exhortation apostolique post-synodale rédigée et signée par le Saint-Père. Le style du document magistériel est déjà perceptible dans ces quelques phrases: direct, vivifiant, plein d’espérance et jalonné par la personne du Christ.
Une exhortation apostolique écrite avec et pour les jeunes
Le Pape lui-même explique sa démarche concernant la rédaction d’un document qu’il qualifie de «balise sur un chemin synodal». Une lettre écrite «avec affection» et en tenant compte des rencontres passées. «Je me suis laissé inspirer par la richesse des réflexions et des échanges du Synode de l’année passée [du 3 au 28 octobre 2018]. [...] Ainsi, ma parole sera chargée de mille voix de croyants du monde entier qui ont fait parvenir leurs opinions au Synode. Même les jeunes non croyants, qui ont voulu y prendre part par leurs réflexions, ont soulevé des questions qui ont suscité en moi de nouvelles interrogations», reconnaît le Souverain Pontife.
Pour le fond, le Pape a voulu un texte «qui rappelle certaines convictions de foi et qui, en même temps, encourage à grandir en sainteté et dans l’engagement de sa propre vocation». Et concernant la forme, soit François s’adresse «directement aux jeunes» - le tutoiement est de mise dans la plupart des paragraphes -, soit il propose «des approches plus générales pour le discernement ecclésial», particulièrement utiles pour les pasteurs et les acteurs de la pastorale des jeunes et des vocations.
Dans le Verbe de Dieu, des trésors de jeunesse
Après un premier chapitre consacré aux figures marquantes de jeunes dans la Bible, le Pape attire l’attention de ses lecteurs sur «Jésus-Christ, toujours jeune», dont les aspects de la vie constitue une inépuisable source d’inspiration. «Cela implique qu’il faut mûrir dans la relation avec le Père, conscient d’être membre de la famille et du peuple, se disposer à être comblé de l’Esprit et à être conduit [...]. Rien de cela ne devrait être ignoré dans la pastorale des jeunes, pour qu’on ne crée pas des projets qui isolent les jeunes de la famille et du monde, ou qui les transforment en une minorité sélectionnée et préservée de toute contagion. Nous avons plutôt besoin de projets qui les fortifient, les accompagnent et les lancent vers la rencontre avec les autres, vers le service généreux, vers la mission», conseille également le Saint-Père. «Il est très important de contempler le Jésus jeune que nous montrent les Évangiles, car il a été vraiment l’un de vous, et en lui on peut reconnaître beaucoup de caractéristiques des cœurs jeunes», poursuit-il.
«Une Église qui se laisse renouveler»
Dans ce deuxième chapitre, François évoque aussi l’Église dont les jeunes sont des membres décisifs. Une «institution si ancienne que l’Église peut se renouveler et se rajeunir aux diverses étapes de sa très longue histoire. En réalité, dans les moments les plus tragiques, elle sent l’appel à retourner à l’essentiel du premier amour», peut-on d’abord lire. Avec force, le Saint-Père poursuit: «Demandons au Seigneur de délivrer l’Église des personnes qui veulent la faire vieillir, la scléroser dans le passé, la figer, l’immobiliser. […] Non! Elle est jeune quand elle est elle-même, quand elle reçoit la force toujours nouvelle de la Parole de Dieu, de l’Eucharistie, de la présence du Christ et de la force de son Esprit chaque jour. Elle est jeune quand elle est capable de retourner inlassablement à sa source».
Puis le Souverain Pontife se fait le porte-parole des jeunes, en rapportant leur point de vue: «même s’il y a des jeunes qui se réjouissent de voir une Église se montrant humblement sûre de ses dons et de sa capacité de faire une critique loyale et fraternelle, d’autres jeunes réclament une Église qui écoute davantage, qui ne soit pas toujours à condamner le monde. Ils ne veulent pas voir une Église silencieuse et timide, ni toujours en guerre sur deux ou trois thèmes qui l’obsèdent. […] Une Église sur la défensive, qui n’a plus l’humilité, […] perd la jeunesse et devient un musée».
Dans les souffrances, proposer la consolation du Seigneur
Le Pape met ensuite en avant la Vierge Marie, «le grand modèle pour une Église jeune, qui veut suivre le Christ avec courage et docilité», et plusieurs figures de saints jeunes, dans des pages rappelant l’invitation à la sainteté lancée par François dans sa précédente exhortation apostolique, Gaudete et Exsultate.
Puis comment ne pas percevoir un écho des paroles prononcées lors des dernières Journées Mondiales de la Jeunesse, lors de la messe finale à Panama, lorsque s’ouvre le troisième chapitre? «Après avoir consulté la Parole de Dieu, nous ne pouvons pas seulement dire que les jeunes sont l’avenir du monde. Ils sont le présent, ils l’enrichissent par leur contribution», affirme le Souverain Pontife, qui tente dans les paragraphes suivants de répondre à cette question: «Comment sont les jeunes aujourd’hui, qu’est-ce qui leur arrive à présent ?». Un regard «positif» sur la jeunesse est d’abord posé et promu. Toutefois, conscient de la diversité des cultures et des situations, le Pape ne souhaite pas «fournir une analyse exhaustive sur les jeunes dans le monde actuel». Il préfère présenter «brièvement certaines contributions parvenues avant le Synode, et d’autres que j’ai pu recueillir au cours du Synode même».
Plusieurs thèmes, souvent douloureux, sont alors abordés, en premier lieu les diverses violences subies par les jeunes, les «formes de marginalisation et d’exclusion sociale, pour des raisons religieuses, ethniques ou économiques». «Parfois, la souffrance de certains jeunes est vraiment déchirante; c’est une souffrance qu’on ne peut pas exprimer par des paroles; c’est une souffrance qui nous gifle», relève le Saint-Père. «Mais dans cette plainte déchirante se font présentes les paroles de Jésus: “Heureux les affligés, car ils seront consolés”(Mt 5, 4). […] Puisse-t-il y avoir toujours auprès d’un jeune qui souffre une communauté chrétienne capable de faire résonner ces paroles par des gestes, des accolades et des aides concrètes», écrit-il.
Le Pape dénonce aussi la tendance de la culture actuelle à présenter «un modèle de personne très associé à l’image du jeune. Se sent beau celui qui a l’air jeune, qui fait des traitements pour faire disparaître les traces du temps. Les corps jeunes sont constamment utilisés dans la publicité pour vendre. […] Cela signifie seulement que les adultes veulent voler la jeunesse pour eux-mêmes; non pas qu’ils respectent, aiment et prennent soin des jeunes», met-il en garde.
Internet, migrations, abus… faire face à des défis majeurs
Dans quelques paragraphes dédiés aux «Désirs, blessures et recherches», le Pape aborde un sujet sur lequel les attentes des jeunes sont importantes: le corps et la sexualité, qui revêtent «une importance essentielle pour leur vie et pour le chemin de croissance de leur identité. Cependant, dans un monde qui souligne à l’excès la sexualité, il est difficile de garder une bonne relation avec son corps et de vivre sereinement les relations affectives. Pour cette raison, et pour d’autres, la morale sexuelle tend très souvent à être “une cause fréquente d’incompréhension et d’éloignement par rapport à l’Église, dans la mesure où elle est perçue comme un espace de jugement et de condamnation”», observe le Pape.
Puis François approfondit «trois thèmes d’une grande importance», traités lors du Synode.
Le monde numérique
Le Pape se montre préoccupé par les dérives de l’utilisation d’Internet et des réseaux sociaux, et identifie «un nouveau défi» auquel sont confrontés les jeunes: «interagir avec un monde réel et virtuel dans lequel ils pénètrent seuls comme dans un continent global inconnu. Les jeunes d’aujourd’hui sont les premiers à faire cette synthèse entre ce qui est personnel, ce qui est propre à chaque culture et ce qui est global. C’est pourquoi il faut qu’ils parviennent à passer du contact virtuel à une bonne et saine communication», souligne-t-il.
Les migrants
Concernant les migrants, «paradigme de notre temps» et sujet cher au Souverain Pontife, un appel est adressé aux plus jeunes d’entre eux. François leur demande «de ne pas se laisser enrôler dans les réseaux de ceux qui veulent les opposer à d’autres jeunes qui arrivent dans leurs pays, en les présentant comme des êtres dangereux et comme s’ils n’étaient pas dotés de la même dignité inaliénable propre à chaque être humain».
Le combat contre les abus
Enfin, dans une partie intitulée «Mettre fin à tout genre d’abus», le Pape redit sa détermination et celle de toute l’Église à lutter contre ce fléau; il exprime sa gratitude envers ceux qui dénoncent «le mal subi», ou qui «chaque jour, se dépensent avec honnêteté et dévouement au service des jeunes. Leur œuvre est une forêt qui grandit sans faire de bruit», peut-on lire. Une nouvelle fois, le Saint-Père se tourne vers les jeunes. «Grâce à Dieu, les prêtres qui commettent ces horribles crimes ne constituent pas la majorité qui exerce un ministère fidèle et généreux. Je demande aux jeunes de se laisser stimuler par cette majorité. En tout cas, quand vous voyez un prêtre en danger, parce qu’il a perdu la joie de son ministère, parce qu’il cherche des compensations affectives ou qu’il est en train de perdre le cap, ayez le courage de lui rappeler son engagement envers Dieu et avec son peuple, annoncez-lui, vous-mêmes, l’Évangile, et encouragez-le à rester sur le bon chemin. Ainsi, vous offrirez une aide inestimable pour une chose qui est fondamentale : la prévention qui permet d’éviter que ces atrocités se répètent. Ce nuage noir devient aussi un défi pour les jeunes qui aiment Jésus-Christ et son Église […]».
François tient toutefois à pointer un horizon lumineux en «ce moment difficile», qui «avec l’aide précieuse des jeunes, peut véritablement être l’occasion d’une réforme de portée historique, pour déboucher sur une nouvelle Pentecôte et inaugurer une étape de purification et de changement qui confère à l’Église une nouvelle jeunesse».
Le chapitre se conclut sur l’espérance, proposée plus personnellement aux jeunes. Une espérance incarnée par le Christ. «Si tu es jeune en âge, mais si tu te sens faible, fatigué ou désabusé, demande à Jésus de te renouveler. Avec lui, l’espérance ne manque pas. Tu peux faire de même si tu te sens submergé par les vices, les mauvaises habitudes, l’égoïsme ou le confort malsain. Jésus, plein de vie, veut t’aider pour qu’être jeune en vaille la peine. Ainsi tu ne priveras pas le monde de cette contribution que toi seul peux lui apporter, en étant unique et hors pair comme tu es», écrit le Pape.
Les conseils du Pape aux jeunes
Les trois chapitres suivants – “La grande annonce pour tous les jeunes”, “Chemins de jeunesse”, “Des jeunes avec des racines” – constituent une partie originale mais non moins marquante de cette Exhortation apostolique. Le Souverain Pontife parle de cœur à cœur avec les jeunes. Il leur propose de précieux points de repères pour divers aspects de leur vie – spirituelle, professionnelle et relationnelle. Là encore, le Pape montre son attention envers les jeunes, sa connaissance des réalités qu’ils vivent. Il s’adresse à eux en père et en ami, tendre mais exigeant. On y retrouve les images concrètes et fortes fréquemment employées dans ses discours aux jeunes. En témoigne l’emblématique paragraphe 143: «Ne survivez pas avec l’âme anesthésiée, et ne regardez pas le monde en touristes. Faites du bruit! Repoussez dehors les craintes qui vous paralysent, afin de ne pas être changés en jeunes momifiés. Vivez! Donnez-vous à ce qu’il y a de mieux dans la vie! Ouvrez la porte de la cage et sortez voler! S’il vous plaît, ne prenez pas votre retraite avant l’heure !».
Le Pape insiste également sur «l’amitié avec le Christ», qui doit devenir un pilier de la vie du jeune. «Bien que tu vives et fasses des expériences, tu ne parviendras pas à la pleine jeunesse, tu ne connaîtras pas la véritable plénitude d’être jeune, si tu ne rencontres pas chaque jour le grand ami, si tu ne vis pas dans l’amitié de Jésus», peut-on lire. Une amitié qui grandit et s’entretient par la prière. «La prière est un défi et une aventure. […] La prière nous permet de lui dire tout ce qui nous arrive et de rester confiants dans ses bras, et en même temps elle nous offre des instants de précieuse intimité et d’affection, où Jésus répand en nous sa propre vie», explique François.
Transformer le monde en restant enracinés
Puis le Saint-Père invite les jeunes à l’engagement, car «toujours il est bon et opportun de partager la joie de l’Évangile. C’est ainsi que le Seigneur va chercher tout le monde. Et vous, jeunes, il veut que vous soyez ses instruments pour répandre lumière et espérance, car il veut compter sur votre audace, votre courage et votre enthousiasme». Des jeunes entrainés vers le dur mais fécond sentier du dépassement… «Il ne faut pas espérer que la mission soit facile et confortable. Certains jeunes ont donné leur vie afin de ne pas arrêter leur élan missionnaire». «Chers amis, n’attendez pas demain pour collaborer à la transformation du monde avec votre énergie, votre audace et votre créativité. Votre vie n’est pas un “entre-temps”», rappelle le Pape.
Celui-ci dédie ensuite un chapitre au thème de l’enracinement, qui lui tient à cœur. Il met en garde la jeunesse contre les manipulateurs et les «idéologies de toutes les couleurs, qui détruisent (ou dé-construisent) tout ce qui est différent et qui, de cette manière, peuvent régner sans opposition. Pour cela elles ont besoin de jeunes qui méprisent l’histoire, qui rejettent la richesse spirituelle et humaine qui a été transmise au cours des générations, qui ignorent tout ce qui les a précédés». «Si nous marchons ensemble, jeunes et vieux, nous pourrons être bien enracinés dans le présent, et, de là, fréquenter le passé et l’avenir», soutient le Pape. «Les racines ne sont pas des ancres qui nous enchaînent à d’autres époques […] Elles sont, au contraire, un point d’ancrage qui nous permet de nous développer et de répondre à de nouveaux défis».
Des réserves à l’égard de certaines formes de pastorale
Au début du septième chapitre, le Pape estime que la pastorale des jeunes «a souffert de l’assaut des changements sociaux et culturels». Cependant, François ne souhaite pas «proposer une sorte de manuel de pastorale des jeunes ou un guide de pastorale pratique», mais seulement «mettre en jeu l’intelligence, l’ingéniosité et la connaissance que les jeunes eux-mêmes ont de la sensibilité, de la langue et des problématiques des autres jeunes».
Ce qui n’empêche pas le Pape de prévenir: «La pastorale des jeunes doit acquérir une autre flexibilité, et réunir les jeunes pour des évènements […] qui leur permettent aussi […] de faire l’expérience de la rencontre communautaire avec le Dieu vivant. D’autre part, il serait particulièrement souhaitable de recueillir encore plus de bonnes pratiques: ces méthodologies, ces motivations, ces langages qui ont été réellement attractifs pour conduire les jeunes au Christ et à l’Église. Peu importe leur couleur, qu’ils soient "conservateurs ou progressistes", qu’ils soient "de droite ou de gauche". Le plus important est que nous recueillons tout ce qui a donné de bons résultats et ce qui est efficace pour communiquer la joie de l’Évangile».
En bref, «la pastorale des jeunes ne peut être que synodale, autrement dit, constituer un "marcher ensemble"». Elle a deux axes principaux: «l’un est l’approfondissement du kérygme, l’expérience fondatrice de la rencontre avec Dieu par le Christ mort et ressuscité. L’autre est la croissance de l’amour fraternel, dans la vie communautaire, par le service».
François formule ensuite une mise en garde. Aux jeunes, on offre parfois «seulement des réunions de "formation" où sont uniquement abordées des questions doctrinales et morales […]. Le résultat est que beaucoup de jeunes s’ennuient, perdent le feu de la rencontre avec le Christ et la joie de le suivre, beaucoup abandonnent le chemin et d’autres deviennent tristes et négatifs», note-t-il. Le Saint-Père se montre également réservé vis-à-vis de «certains collèges catholiques» qui «semblent être organisés seulement pour leur préservation. […]. L’école transformée en “bunker” qui protège des erreurs “de l’extérieur”, est l’expression caricaturale de cette tendance. Cette image reflète d’une manière choquante ce que beaucoup de jeunes éprouvent à la sortie de certains établissements éducatifs: une inadéquation insurmontable entre ce qu’ils ont appris et le monde dans lequel ils doivent vivre. Même les propositions religieuses et morales qu’ils ont reçues ne les ont pas préparés à les confronter avec un monde qui les ridiculise, et ils n’ont pas appris comment prier et vivre leur foi d’une manière qui puisse être facilement soutenue au milieu du rythme de cette société».
Pour une Église ouverte à tous
Le Pape termine ce chapitre en développant une réflexion sur la «“pastorale populaire des jeunes”, qui ait un autre style, d’autres temps, un autre rythme, une autre méthode». Un forme de pastorale fortement encouragée par François, et qui «consiste en une pastorale plus ample et plus flexible qui stimule, dans les différents lieux où les jeunes se déplacent, ces leaderships naturels et ces charismes que l’Esprit Saint a déjà semés en eux».
Dans cette partie se trouve aussi un véritable plaidoyer en faveur d’une «Église aux portes ouvertes». «Une attitude d’ouverture suffit pour tous ceux qui ont le désir et la volonté de se laisser trouver par la vérité révélée par Dieu, écrit François. Certaines propositions pastorales peuvent supposer un chemin déjà parcouru dans la foi, mais nous avons besoin d’une pastorale populaire des jeunes qui ouvre des portes et offre un espace à tous et à chacun avec ses doutes, ses traumatismes, ses problèmes et sa recherche d’identité, avec ses erreurs, son histoire, ses expériences du péché et toutes ses difficultés».
Par conséquent, il «doit également y avoir de la place pour tous ceux qui ont d’autres conceptions de la vie, professent une foi différente ou se déclarent étrangers à l’horizon religieux. Tous les jeunes, sans aucune exception, sont dans le cœur de Dieu et donc dans le cœur de l’Église», soutient le Souverain Pontife.
Accomplir sa propre vocation: la famille mise en valeur
Enfin, les deux derniers chapitres de l’exhortation correspondent à deux sujets principaux du dernier Synode: “la vocation” et “le discernement”.
Le Pape rappelle aux jeunes la signification de la vocation et de sa réalisation. «Pour accomplir sa propre vocation, il est nécessaire de développer, de faire pousser et grandir tout ce que l’on est. Il ne s’agit pas de s’inventer, de se créer spontanément à partir de rien, mais de se découvrir soi-même à la lumière de Dieu et de faire fleurir son propre être», souligne-t-il. Par ailleurs, note François, «certaines jeunes femmes estiment qu’elles ont besoin de plus d’exemples de leadership féminin au sein de l’Église et elles désirent avec leurs dons intellectuels et professionnels participer à l’Église».
Sont également rapportées les attentes formulées par les jeunes vis-à-vis des accompagnateurs spirituels. Ces derniers ne devraient pas être des modèles lisses, ils «ne devraient pas conduire les jeunes comme s’ils étaient des sujets passifs mais marcher avec eux en leur permettant d’être acteurs de leur cheminement. Ils devraient respecter la liberté des jeunes qu’ils rencontrent sur leurs chemins de discernement et les équiper pour discerner en leur donnant les outils utiles pour avancer», écrit notamment François.
Puis un fort accent est mis sur le mariage et la famille, même si cela signifie d’aller à contre-courant. «Aujourd’hui règne une culture du provisoire qui est une illusion. Croire que rien ne peut être définitif est une tromperie et un mensonge», affirme le Saint-Père. «Moi, au contraire, je vous demande d’être révolutionnaires, je vous demande d’aller à contre-courant; oui, en cela je vous demande de vous révolter contre cette culture du provisoire, qui, au fond, croit que vous n’êtes pas en mesure d’assumer vos responsabilités, elle croit que vous n’êtes pas capables d’aimer vraiment. J’ai confiance en vous, et pour cela je vous encourage à opter pour le mariage», encourage-t-il.
L’importance du travail est également rappelée. Le travail «définit et affecte l’identité et l’estime de soi d’un jeune adulte et c’est un lieu fondamental où se développent des amitiés et d’autres relations parce que, généralement, on ne travaille pas seul». Là aussi le Pape apporte son soutien aux jeunes: «Il est vrai que tu ne peux pas vivre sans travailler et que parfois tu dois accepter ce que tu trouves, mais ne renonce jamais à tes rêves, n’enterre jamais définitivement une vocation, ne te donne jamais pour vaincu ».
Enfin, plus brièvement, sont abordées les vocations à une consécration particulière. À ce propos, François explique aux jeunes qu’«il ne faut pas exclure la possibilité de se consacrer à Dieu dans le sacerdoce, dans la vie religieuse ou dans d’autres formes de consécration. Pourquoi l’exclure? Sois certain que, si tu reconnais un appel de Dieu et que tu le suis, ce sera ce qui te comblera».
Des recommandations pour mieux discerner
Dans le neuvième et dernier chapitre sur le discernement, le Pape s’adresse bien sûr aux jeunes, par des conseils – les questions à se poser, par exemple – et des encouragements – «avant toute loi et tout devoir, ce que Jésus nous propose pour choisir est le fait de suivre, comme le font des amis qui se suivent et se cherchent et se trouvent par pure amitié. Tout le reste vient après, et même les échecs de la vie peuvent être une expérience inestimable de cette amitié qui jamais ne se brise». Les accompagnateurs sont pris en compte. Le Souverain Pontife leur demande de développer trois sensibilités: attention «à la personne» - comme le Seigneur aux côtés des disciples d’Emmaüs -, attention dans le discernement – «Il s’agit d’épingler le moment précis où l’on discerne la grâce ou la tentation»-, écoute des «impulsions que l’autre expérimente “en avant”». François insiste sur la nécessité «de susciter et d’accompagner des processus, et non pas d’imposer des parcours. Et ce sont des processus de personnes qui sont toujours uniques et libres».
La conclusion de l’exhortation Christus vivit est brève, en forme de désir exprimé par le Saint-Père à ses principaux destinataires. «Chers jeunes, je serai heureux en vous voyant courir plus vite qu’en vous voyant lents et peureux. Courez, attirés par ce Visage tant aimé, que nous adorons dans la sainte Eucharistie et que nous reconnaissons dans la chair de notre frère qui souffre. Que l’Esprit Saint vous pousse dans cette course en avant. L’Église a besoin de votre élan, de vos intuitions, de votre foi. Nous en avons besoin! Et quand vous arriverez là où nous ne sommes pas encore arrivés, ayez la patience de nous attendre», demande-t-il, reprenant les mots d’un discours prononcé devant des jeunes à Rome, au mois d’août dernier.
Pour lire l’intégralité de l’Exhortation apostolique Christus vivit
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