L’amour du prochain, fondement du dialogue judéo-chrétien, rappelle François
Adélaïde Patrignani – Cité du Vatican
Fondé en 1909 par le saint Pape Pie X, le “Biblicum” reste cent-dix années plus tard «un centre de hautes études de l’Écriture Sainte de la ville de Rome», dont la qualité des enseignements et de la recherche académique ont été soulignés ce matin par François. Ce dernier a aussi mentionné le cardinal Augustin Bea, qui fut longtemps recteur de l’Institut Biblique Pontifical et apporta une éminente contribution au dialogue interreligieux, participant notamment à la rédaction de la Déclaration conciliaire Nostra aetate.
Dépasser les préjugés et combattre l’antisémitisme
Après ce bref rappel historique, le Souverain Pontife a commenté le thème du congrès qui se termine ce 9 mai, réunissant des intervenants chrétiens et juifs, dont le rabbin argentin Abraham Skorka, proche ami de François. «Parmi les chrétiens et dans la société séculière, dans plusieurs langue le mot “pharisien” signifie souvent “personne hypocrite” ou “présomptueuse”. Pour beaucoup de juifs, cependant, les pharisiens sont les fondateurs du judaïsme rabbinique et donc leurs ancêtres spirituels», a d’abord relevé le Pape. Des interprétations divergentes qui ont favorisé «les images négatives des pharisiens, même sans une base concrète dans les récits évangéliques». «Dans notre monde, a déploré François, de tels stéréotypes négatifs sont devenus malheureusement très répandus», celui de «pharisien» étant utilisé «pour mettre les juifs sous une lumière négative».
À l’heure actuelle, il y a une certaine méconnaissance de ces juifs mentionnés par la Bible, qui vivaient dans la stricte observance de la Loi écrite ou Thora (Pentateuque) et de la tradition orale. Le Pape a donc encouragé les participants au congrès, espérant qu’ils parviennent à «une vision plus exacte de ce groupe religieux, contribuant aussi à combattre l’antisémitisme».
Mieux se connaître pour mieux s’aimer
Le Souverain Pontife s’est ensuite référé à plusieurs passages évangéliques rapportant des rencontres entre Jésus et les pharisiens. Les discussions ou les liens qui en résultent viennent démentirent les stéréotypes sur les pharisiens, comme c’est le cas par exemple pour Nicodème. Puis François a rappelé quelques versets fondamentaux du judaïsme, notamment Shema’ Israël (Dt 6, 4-5), montrant que «l’amour pour le prochain constitue un indicateur significatif pour reconnaître les affinités entre Jésus et ses interlocuteurs pharisiens». D’après le Pape, cela «constitue certainement une base importante pour n’importe quel dialogue, spécialement celui entre les juifs et les chrétiens, même aujourd’hui».
Pour «mieux aimer nos voisins, nous avons besoin de les connaître, et pour savoir qui ils sont nous devons souvent trouver la manière de dépasser de vieux préjugés», a poursuivi François, souhaitant que le congrès du Biblicum permette donc de connaître et faire connaître les pharisiens de manière plus juste. «Je suis sûr que de telles études, et les nouvelles voies qu’elles ouvriront, contribueront de manière positive aux relations entre juifs et chrétiens, en vue d’un dialogue toujours plus profond et fraternel», a conclu le Saint-Père.
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