Le Pape encourage les catholiques bulgares à former une Église au visage de mère
Adélaïde Patrignani – Cité du Vatican
Pour le Souverain Pontife, ce fut le troisième temps fort de cette journée en terre bulgare. Après avoir visité ce matin le centre d’accueil pour réfugiés de Vrazhdebna, puis présidé la messe avec premières communions en l’église du Sacré-Cœur de Rakovsky, c’est dans cette même ville qu’il a rencontré cet après-midi les catholiques venus remplir la petite église de Saint-Michel-Archange.
Le Pape a été accueilli par des chants, puis par une brève salutation de l’évêque de Sofia et Plovdiv, Mgr Gheorghi Ivanov Jovcev. Une jeune religieuse, très émue, a ensuite témoigné devant le Saint-Père, puis un prêtre de cette paroisse Saint-Michel-Archange, et une famille. Une danse traditionnelle, menée par des jeunes gens brandissant des cerceaux fleuris, était elle aussi au programme.
Ne pas coller des étiquettes, mais aimer par des actes
«C’est toujours un motif de joie de pouvoir rencontrer le saint Peuple de Dieu avec ses mille visages et charismes», a confié François à l’assemblée au début de son discours, après l’avoir remerciée pour son accueil chaleureux.
Une fois de plus au cours de ce voyage, le Saint-Père a fait référence à saint Jean XXIII, figure marquante de la Bulgarie où il fut délégué apostolique: «je voudrais vous remercier parce que vous m’avez aidé à mieux voir et à comprendre un peu plus le motif pour lequel cette terre a été tant aimée et aussi importante pour saint Jean XXIII», a-t-il reconnu.
D’une manière plus large, le Pape a mis en avant «les hommes et les femmes de Dieu» , «ceux qui ont le courage de faire le premier pas et qui cherchent avec créativité à être aux avant-postes en témoignant que l’Amour n’est pas mort, mais a vaincu tout obstacle. Ils se risquent parce qu’ils ont appris que Dieu Lui-même, en Jésus, s’est risqué».
Comme exemple, le Pape a fait référence à sa visite effectuée au petit matin dans le camp de réfugiés de Vrazhdebna, où règne «la conscience que toute personne est enfant de Dieu, indépendamment de l’ethnie ou de la confession religieuse». Dans ce centre de la Caritas, les chrétiens «ont appris à voir avec les yeux mêmes du Seigneur qui ne s’arrête pas sur les qualificatifs, mais qui cherche et attend chacun, avec des yeux de Père», a souligné François, dénonçant «la culture de l’adjectif» et «les bavardages». «Voir avec les yeux de la foi est une invitation à ne pas passer sa vie en collant des étiquettes, en cataloguant celui qui est digne d’amour et celui qui ne l’est pas, mais à chercher à créer des conditions pour que chaque personne puisse se sentir aimée (…). Celui qui aime ne perd pas de temps à s’apitoyer sur lui-même, mais il voit toujours quelque chose de concret à pouvoir faire», a-t-il poursuivi.
La paroisse, foyer uni qui rend Dieu présent au quotidien
«Que c’est beau quand nos communautés sont des chantiers d’espérance !», s’est ensuite exclamé François, avant d’expliquer que «pour acquérir le regard de Dieu, nous avons besoin des autres». Cela se passe d’abord dans la paroisse, lorsqu’elle «se transforme en un foyer au milieu de tous les foyers et est capable de rendre présent le Seigneur là justement où chaque famille, chaque personne cherche quotidiennement à gagner sa vie».
Le Pape a rappelé l’importance de former une «communauté vivante qui soutient, accompagne, intègre et enrichit. Jamais séparés, mais unis, chacun apprend à être signe et bénédiction de Dieu pour les autres». Cette unité se manifeste particulièrement dans le lien entre le prêtre et les fidèles: «le prêtre, sans son peuple, perd son identité et le peuple, sans ses pasteurs, peut se diviser. (…) Chacun consacre sa vie aux autres. Personne ne peut vivre seulement pour soi, nous vivons pour les autres», a souligné le Pape.
Les baptisés doivent donc constituer une «Église-famille-communauté qui accueille, écoute, accompagne, se préoccupe des autres en révélant son vrai visage qui est un visage de mère. Église-mère qui vit et fait siens les problèmes de ses enfants, non pas en offrant des réponses toutes faites, mais en cherchant ensemble des chemins de vie, de réconciliation; en cherchant à rendre présent le Règne de Dieu».
Les catholiques bulgares encouragés face à l’avenir
Enfin le Pape a invité la communauté catholique de Bulgarie à être «une maison aux portes ouvertes, sur les pas de Cyrille et Méthode», saints évangélisateurs des peuples slaves d’Europe centrale. Cela demande «de savoir être audacieux et créatifs pour se demander comment il est possible de traduire de manière concrète et compréhensible aux jeunes générations l’amour que Dieu a pour nous». François a déploré le déracinement et la solitude dont souffre de nombreux jeunes et insisté sur l’importance des racines transmises par les grands-parents. Mais il a aussi offert des paroles d’encouragement fortes aux fidèles.
«N’ayons pas peur d’accepter de nouveaux défis», leur a-t-il lancé, «n’oublions pas que les pages les plus belles de la vie de l’Église ont été écrites quand le peuple de Dieu, avec créativité, se mettait en route pour chercher à traduire l’amour de Dieu en chaque moment de l’histoire, avec les défis qu’il rencontrait progressivement». François a demandé aux catholiques bulgares «d’être une Église qui continue d’engendrer, au milieu des contradictions, des douleurs et de la pauvreté, les enfants dont cette terre a besoin aujourd’hui au début du 21ème siècle, en ayant une oreille sur l’Évangile et l’autre sur le cœur de votre peuple».
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