Un groupe de Roms reçu par le Pape pour un temps de prière
Adélaïde Patrignani – Cité du Vatican
«Il s’approcha, et il marchait avec eux» (Lc 24,15), tel était le thème de cette rencontre qui s’est déroulée dans la Salle Royale du Palais Apostolique. L’évangile des pèlerins d’Emmaüs a été lu en intégralité après le chant initial, issu du répertoire religieux traditionnel de la population rom. Outre d’autres chants et plusieurs intentions de prière, deux témoignages ont été lus. L’un de la part d’un jeune prêtre trentenaire, incardiné dans un diocèse italien, qui a relaté son histoire, les remarques et les questions – non dépourvues de préjugés - de ses compagnons de séminaire, les apports de sa formation à l’école de l’Évangile de Jésus-Christ. «Chacun de nous est un don, chacun de nous est une richesse, si nous avons pour modèle Jésus-Christ», a conclu don Cristian.
L’espérance dans les yeux des enfants
Un autre témoignage fut prononcé par trois mères de famille rom, vivant dans des conditions précaires à la périphérie de la capitale italienne. S’inquiétant de «la distance que souvent la société majoritaire établit entre nous et les institutions publiques», elles ont cité bien des obstacles auxquels elles se heurtent, ainsi que leurs proches, dans tous les domaines de la vie quotidienne. «Des discours de haine, mais aussi des actions violentes contre nos communautés, sont en constante augmentation et c’est pour nous la source d’une profonde inquiétude». «Nous regardons cependant le futur avec espérance», ont-elles poursuivi, offrant ensuite des paroles à la hauteur de cette affirmation. «Nous voulons aller de l’avant et être nous aussi les acteurs principaux de ce changement dont tous puissent bénéficier», ont-elles expliqué, retrouver la «même espérance que chaque jour nous lisons dans les yeux de nos enfants» et dans les paroles du Saint-Père, qui les «aident à croire en un pays plus humain, plus juste, plus solidaire».
Contre la rancœur et la vengeance
Dans son intervention prononcée de manière spontanée, le Pape est tout de suite revenu sur les paroles de ces trois femmes. «Quand l’espérance est concrète, comme dans ce cas, dans les yeux des enfants, elle ne déçoit jamais, elle ne déçoit jamais», a-t-il ainsi déclaré. L’espérance, a rappelé François, consiste en des «choses concrètes», et s’incarne même dans les mères de famille. «Une femme qui donne naissance à un enfant, elle est espérance, elle sème l’espérance, elle est capable de faire chemin, de créer des horizons, de donner de l’espérance».
Le Saint-Père a ensuite commenté le témoignage du jeune prêtre, ce qui lui a permis de dénoncer l’usage systématique des adjectifs pour qualifier les personnes. «Cela détruit, parce que cela ne laisse pas la personne être». «L’adjectif est une des choses qui crée des distances entre l’esprit et le cœur», a mis en garde François. «Il y a des citoyens de seconde classe, c’est vrai», a-t-il poursuivi, «mais les vrais citoyens de seconde classe sont ceux qui écartent les gens (…), toujours avec l’adjectif ils mettent au-dehors, ils écartent (…)». Le Pape a ensuite signalé un autre danger: celui de «laisser grandir la rancœur», exhortant l’assemblée à avoir «le cœur plus grand, plus large encore: pas de rancœur. Et d’aller de l’avant avec la dignité: la dignité de la famille, la dignité du travail, la dignité de gagner son pain de chaque jour». Le Saint-Père a aussi fermement condamné la vengeance.
Il a enfin invité le groupe de Roms à se tourner vers le Seigneur dans les difficultés, Lui qui a connu l’exil et la vie cachée, qui a souffert et «donné sa vie sur la Croix». Jésus, comme sur le chemin d’Emmaüs, «va te chercher pour te consoler et t’encourager à aller de l’avant».
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