Le Pape encourage les Roms à construire «un monde plus humain»
Adélaïde Patrignani – Cité du Vatican
C’est par une brève rencontre avec le peuple rom, qui représente 2% de la population de la Roumanie, que s’est achevé ce 30e voyage apostolique du Pape François. Après la béatification des sept évêques martyrs ce matin, au “Champ de la liberté” de Blaj, le Saint-Père s’est rendu dans le plus ancien quartier de la ville, “Barbu Lautaru”. La rencontre s’est déroulée dans la petite chapelle dédiée à l’apôtre Saint André et au bienheureux Ioan Suciu, consacrée le 19 mai dernier. Sa première pierre avait été bénie le 1er octobre 2017 par le cardinal Leonardo Sandri, préfet de la Congrégation pour les Églises orientales.
En Roumanie, la majorité des Roms se déclare orthodoxe (environ 76%), mais le nombre de catholiques de rite latin ou de gréco-catholiques n’est pas négligeable. Dans la ville de Blaj, les liens avec l’Église gréco-catholique sont renforcés par le fait que celle-ci vient en aide aux Roms à travers des actions pastorales et de l’assistance sociale.
Pardon pour toutes les formes de mal subies
La rencontre avec le Saint-Père s’est ouverte par le témoignage d’un prêtre gréco-catholique d’origine rom. Un message sur lequel le Pape est revenu, affirmant au début de son discours que l’Église «est un lieu de rencontre et nous avons besoin de le rappeler non pas comme un beau slogan mais comme un élément de la carte d’identité de notre être chrétien». «L’Évangile de la joie se transmet dans la joie de se rencontrer et de savoir que nous avons un Père qui nous aime. Regardés par Lui, nous comprenons comment nous regarder les uns les autres», a-t-il poursuivi, exprimant sa proximité avec les Roms présents.
«Mais dans mon cœur, je porte un poids», a confié François, celui «des discriminations, des ségrégations et des mauvais traitements subis par votre communauté». «L’histoire nous dit que même les chrétiens, même les catholiques, ne sont pas étrangers à tant de mal», a reconnu le Souverain Pontife, avant de déclarer avec gravité: «Je voudrais demander pardon pour cela. Je demande pardon – au nom de l’Église, au Seigneur et à vous – pour les fois où, au cours de l’histoire, nous vous avons discriminés, maltraités ou regardés de travers, avec le regard de Caïn et non pas celui d’Abel, et où nous n’avons pas été capables de vous reconnaître, de vous valoriser, et de vous défendre dans votre singularité».
Jour après jour, choisir le bien, avec le Christ
Avec force, le Pape a ensuite expliqué que dans l’histoire de l’humanité, il y a «la main tendue et la main qui frappe. Il y a l’ouverture de la rencontre et la fermeture de l’affrontement. Il y a l’accueil et il y a la mise au rebut. Il y a celui qui voit en l’autre un frère et celui qui voit en lui un obstacle sur son propre chemin. Il y a la civilisation de l’amour et il y a celle de la haine». Autrement dit, «chaque jour, il y a à choisir entre Abel et Caïn», et «un choix décisif se pose tant de fois face à nous : suivre le chemin de la réconciliation ou celui de la vengeance». «Choisissons le chemin de Jésus», a demandé le Saint-Père. «C’est un chemin qui coûte de la peine, mais c’est le chemin qui conduit à la paix».
Après avoir mis en garde contre l’esprit de «rancune», François s’est attaché à encourager la population Rom: «vous avez, en tant que peuple, un rôle prépondérant à assumer, et vous ne devez pas avoir peur de partager et d’offrir ces notes particulières qui vous constituent», leur a-t-il déclaré, mentionnant – entre autres – «la valeur de la vie et de la famille au sens large», «la valorisation et le respect des anciens», «le sens religieux de la vie, la spontanéité et la joie de vivre». «Ne privez pas de ces dons les sociétés où vous vous trouvez et encouragez-vous aussi à recevoir tout le bien que les autres peuvent vous offrir et vous apporter», a ajouté le Souverain Pontife. Puis le Pape de les exhorter à «marcher ensemble, là où vous êtes, dans la construction d’un monde plus humain, en allant au-delà des peurs et des soupçons», en visant la fraternité, et dans une dignité aux formes multiples: «la dignité de la famille, la dignité de gagner le pain de chaque jour – c’est ce qui te fait avancer – et la dignité de la prière».
Un voyage qui touche à sa fin
«Et maintenant je rentre à la maison enrichi, emportant avec moi des lieux et des moments, mais surtout des visages. Vos visages coloreront mes souvenirs et peupleront ma prière», a-t-il confié en conclusion de son discours. Bénissant et saluant les personnes rassemblées, le Saint-Père est sorti de la chapelle au son des chants joyeusement entonnés par un chœur d’enfant.
Après cette rencontre, le Pape a quitté Blaj en hélicoptère pour rejoindre l’aéroport de Sibiu, où se déroulera la cérémonie de départ de la Roumanie, en présence du président du pays, Klaus Iohannis.
L’avion papal devrait atterrir sur le sol romain vers 18h45.
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