Maurice, le vivre-ensemble en exemple
Xavier Sartre – envoyé spécial à Port-Louis, Maurice
Maurice, petite île de l’océan Indien, constitue la troisième et dernière étape du voyage apostolique du Pape François en Afrique. Après le Mozambique et Madagascar, il rejoint pour quelques heures à peine ce territoire caractérisé par une coexistence entre différentes communautés, résultat d’une histoire commencée au XVIe siècle.
Au cours de cette journée, le Pape, après avoir été accueilli à l’aéroport, se rendra au sanctuaire de Marie Reine de la Paix pour y célébrer à la mi-journée la messe, trente ans après le voyage de Jean-Paul II, encore dans toutes les mémoires. Il déjeunera ensuite avec les membres de la conférence épiscopale de l’océan Indien (CEDOI), avant d’effectuer une visite privée au sanctuaire du père Laval, «l’apôtre de l’unité» et de s’adresser aux autorités au château du Réduit, la résidence présidentielle.
Toute la population attend le Pape
À la messe, sont attendues pas moins de cent mille personnes venues de toute l’île mais aussi des îles alentours, notamment Rodrigues, Agalégas ou la Réunion, sans compter les Chagossiens, originaires de l’archipel des Chagos. Parmi cette foule, il y aura évidemment beaucoup de catholiques, mais aussi d’autres chrétiens, comme les anglicans ou des pentecôtistes. Il y aura aussi sans doute des musulmans et des hindous.
La figure du Pape François et son message de paix et d’amour transcendent en effet les différences qui, à Maurice, malgré parfois des malentendus ou de petites tensions, sont particulièrement bien vécues. Les mariages mixtes ne sont pas rares, l’appel du muezzin dans la rue côtoie les cloches de l’église ; les mosquées, les temples hindous ou les églises chrétiennes sont construites dans les mêmes rues, sans que cela pose de problème, sans qu’il y ait une séparation stricte entre quartiers ou entre communautés.
Cadeau de Maurice au Pape
Ce vivre-ensemble dont les Mauriciens sont si fiers, c’est d’ailleurs le bien, peut-être, le plus précieux que Maurice et son peuple ont à offrir au Pape et à l’Église universelle. C’est en tout cas le visage que les Mauriciens veulent offrir au Pape : une coexistence faite de tolérance, de proximité et d’échange.
Le plus bel exemple, c’est le sanctuaire du père Laval, fêté ce lundi : au-delà des catholiques, y viennent aussi des musulmans et surtout des hindous qui considèrent le bienheureux comme la réincarnation d’une de leur déesse. Le père Laval, béatifié par Jean-Paul II il y a quarante ans, est la figure emblématique de Maurice. Il a su à son époque, au milieu du XIXe siècle, s’adresser à tous, portant le message de l’Évangile à tous les habitants, sans distinctions de races, de religions et surtout, de conditions sociales.
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