«La prison à vie n’est pas la solution des problèmes», estime le Pape
Adélaïde Patrignani – Cité du Vatican
Le Saint-Père s’est d’abord adressé à la police pénitentiaire et au personnel administratif des prisons italiennes, les remerciant pour leur travail «caché, souvent difficile et peu gratifiant, mais essentiel». Apportant leur soutien «à celui qui est faible», ils jettent «les bases pour une coexistence plus respectueuse et donc pour une société plus sûre», a souligné le Pape. Il les a aussi remerciés d’être «jour après jour des tisserands de justice et d’espérance».
Rappeler aux hommes leur dignité
S’appuyant sur un verset de la lettre aux Hébreux – «Souvenez-vous de ceux qui sont en prison, comme si vous étiez prisonniers avec eux» (He, 13, 3) – François leur a ensuite demandé de ne pas oublier «le bien que vous pouvez faire chaque jour». «Vous êtes des personnes qui, placées face à une humanité blessée et souvent dévastée, en reconnaissez, au nom de l’État et de la société, l’ineffaçable dignité», a-t-il ajouté, les encourageant à «être des ponts entre la prison et la société civile». En mettant en place «un réseau de compassion, vous pouvez dépasser les peurs réciproques et le drame de l’indifférence», a assuré le Pape.
François a également demandé au personnel des prisons italiennes de ne pas se décourager, en dépit des tensions et des difficultés rencontrées. Il a notamment mentionné le «grave problème» de la surpopulation carcérale, qui suscite «un sentiment de faiblesse, voire d’épuisement», puis de méfiance. Face à cela, il est «essentiel de garantir des conditions de vie dignes, a estimé le Saint-Père, autrement les prisons deviennent des poudrières de colère plutôt que des lieux de réinsertion».
Être miséricordieux comme le Père
Dans une seconde partie de son discours, le Souverain Pontife s’est adressé aux aumôniers, religieux, religieuses et bénévoles qui œuvrent dans les prisons, leur demandant d’y être «les porteurs de l’Évangile». L’écoute doit être une de leurs qualités essentielles, tout comme l’humilité. Il est en effet essentiel de reconnaître ses propres pauvretés et d’accueillir la miséricorde de Dieu: «alors, pardonné, on devient témoin crédible du pardon de Dieu», a expliqué François. Ces personnes viennent aussi offrir la consolation et «se salir les mains» en annonçant la Parole. «Allez de l’avant avec générosité et joie, par votre ministère vous consolez le cœur de Dieu», a lancé le Saint-Père.
Se savoir aimé de Dieu
Puis c’est aux détenus eux-mêmes que le Pape s’est adressé, avec le mot «courage». «Courage, parce que vous êtes dans le cœur de Dieu, vous êtes précieux à ses yeux, et même si vous vous sentez perdus et indignes, ne vous découragez pas», a-t-il poursuivi, «vous êtes importants pour Dieu, qui veut accomplir en vous des merveilles». Le Saint-Père a demandé aux détenus de ne jamais se laisser «emprisonner dans la cellule obscure d’un cœur sans espérance». «Dieu est plus grand que tout problème, et il vous attend pour vous aimer», a-t-il assuré, conseillant de se tenir «devant le Crucifix, le regard de Jésus, devant Lui, avec simplicité, avec sincérité», pour laisser renaître la paix et la confiance. «Courage, n’étouffez jamais la petite flamme de l’espérance» a insisté le Pape.
Regarder vers un horizon de vie
Une petite flamme que toute société devrait alimenter, selon François, pour que «la peine ne compromette pas le droit à l’espérance, pour que soient garanties des perspectives de réconciliation et de réinsertion». Le Pape s’est élevé contre la «prison à vie», qui «n’est pas la solution des problèmes mais un problème à résoudre». Si «l’on enferme l’espérance dans une cellule, il n’y a pas de futur pour la société», a argumenté le Souverain Pontife. En conclusion de son discours, il a donc invité l’ensemble de son auditoire à être de véritables «témoins» du «droit à l’espérance» et du droit à une seconde chance.
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