Le Pape François invite à une communication inspirée des Actes des Apôtres
Cyprien Viet – Cité du Vatican
Délaissant le discours qui était prévu, le Pape François a préféré s’exprimer sans texte afin d’expliquer que pour bien communiquer, il fallait «se communiquer» soi-même, afin de transmettre «le vrai, le juste, le bon et le beau» «avec l’esprit, avec le cœur, avec les mains», en se situant toujours dans une logique relationnelle. Il faut se donner tout entier pour délivrer une communication incarnée, et c’est d’ailleurs dans l’amour que se vit «la plénitude de la communication». Il ne faut pas donc pas se contenter de «faire de la publicité comme les entreprises humaines qui cherchent à avoir plus de gens». «L’Église ne grandit pas par prosélytisme, mais par attraction », c’est-à-dire par témoignage», a déclaré François, en reprenant des propos de Benoît XVI.
«Si vous voulez communiquer seulement une vérité sans la bonté et la beauté, arrêtez-vous, ne le faites pas. Si vous voulez communiquer une vérité plus ou moins, mais sans vous impliquer, sans témoigner de cette vérité avec votre propre vie et votre propre chair, arrêtez-vous, ne le faites pas». Les acteurs de la communication doivent être des témoins, à l’exemple des martyrs, comme l’archevêque émérite de Kaunas qui sera créé cardinal le 5 octobre, et qui a passé de longues années en prison à l’époque soviétique. Ce sont ces martyrs qui font le plus avancer l’Église.
Ne pas tomber dans la résignation
François a aussi averti sur les risques d’une «certaine résignation, qui entre souvent dans le cœur des chrétiens», qui se plaignent d’un «monde païen», mais qui en fait a toujours existé. «Jésus demande au Père, dans la dernière Cène, de prendre soin des disciples pour qu’ils ne tombent pas dans le monde, ou dans la mondanité.»
«L’ambiance de mondanité n’est pas une chose nouvelle du XXIe siècle», a rappelé le Pape, en avertissant sur les risques de construire une «Église petite mais authentique», comme certains semblent le souhaiter. Cette tendance lui donne «de l’allergie» car elle correspond en réalité à un «repli sur soi». Si l’on imagine l’Église du futur comme une petite «Église des élus», cela revient à tomber une nouvelle fois dans «l’hérésie des Esséniens». «La résignation dans la défaite culturelle vient du mauvais esprit, elle ne vient pas de Dieu», a-t-il martelé. Il faut au contraire avoir un esprit missionnaire par le témoignage, par l’exemplarité dans le comportement, en pensant à ce que saint François d’Assise disait à ses frères : «Prêchez l’Évangile, et si c’est nécessaire, aussi avec les paroles». Le témoignage de vie est donc prioritaire par rapport aux mots.
Le Pape a donc invité à une communication «austère mais belle», sans fioritures inutiles. Il faut revenir à l’esprit des Actes des Apôtres : «Lisons ce bijou qu’est le Livre des Actes des Apôtres, et nous verrons comment on communiquait à cette époque et comment est la communication chrétienne». Encore aujourd’hui, ce que le Seigneur nous demande c’est de «communiquer la joie de l’Évangile», a conclu le Saint-Père.
Les paroles de Paolo Ruffini
Auparavant, dans son discours introductif, le préfet du Dicastère pour la Communication, en présence de près de 500 personnes travaillant au service de la communication du Saint-Siège, s’était réjoui de voir réunie cette «grande communauté autour du Pape». «Ce qui unit est la volonté d’apporter votre parole au monde, de regarder les hommes et les choses avec les yeux de l’Évangile, et de rendre visible (à travers la radio, internet, la presse papier, les réseaux sociaux et tous les instruments de diffusion), le fait d’être une seule chose, membres les uns des autres, un corps unique qui communique avec son agir», a souligné Paolo Ruffini.
Il n’a pas caché le devoir auquel la communication vaticane est appelée, à l’intérieur du plus vaste monde des médias, en lien avec l’attention à apporter à l’emploi des ressources. «Nous faisons et nous ferons tout pour que notre service soit ponctuel, créatif, multimédia. Qu’il soit humble et sincère. Qu’il sache construire des relations vraies avec les croyants et avec les non-croyants. Qu’il sache réconforter tous et confirmer les frères dans la foi à travers des paroles et des images qui témoignent concrètement de l’Évangile vécu», a souhaité le préfet. «Nous mesurons chaque jour la difficulté d’être à la hauteur du devoir qui nous est confié (…). Mais aussi et surtout la beauté d’être, avec nos imperfections, nos erreurs, notre petit nombre, témoins et instrument de vérité.»
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