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Sanctuaire du père Jacques-Désiré Laval à Maurice Sanctuaire du père Jacques-Désiré Laval à Maurice 

Le père Laval, père spirituel de Maurice

Le Pape François est à Maurice ce lundi 9 septembre, jour où l’Église commémore la mémoire du bienheureux père Laval, vénérée par toute la population de l’île. Cette figure emblématique fut au XIXe siècle un exemple d’engagement missionnaire et d’évangélisation correspondant au souhait que le Pape présente aujourd’hui en exhortant les prêtres à sortir et à se rendre au sein des périphéries existentielles.

Entretien réalisé par Xavier Sartre – Cité du Vatican

Durant sa seule journée à Maurice, le Pape François se rendra au sanctuaire du père Laval pour une visite privée. Il rendra ainsi hommage à une figure hautement révérée parmi toute la population, bien au-delà de la seule communauté catholique. Le père Jacques-Désiré Laval, né le 18 septembre 1803 dans le petit village normand de Croth, en France, est arrivé à Maurice en 1841 après avoir passé un doctorat en médecine et avoir été curé de campagne dans une petite paroisse de Normandie.

Noir parmi les noirs 

Entré dans la Société du Saint-Cœur de Marie, qui devint plus tard la congrégation des frères du Saint-Esprit, il s’occupa des noirs récemment affranchis dans ce qui était alors une colonie britannique. «Il se fit noir parmi les noirs» explique le père André Sunassee, spiritain lui-même, et responsable depuis trois ans du pèlerinage père Laval, à Sainte-Croix, où se situe le sanctuaire. «Il était comme un papa, un père spirituel pour cette nation». Car le père Laval qui, très vite, quitte son presbytère pour aller à la rencontre des plus pauvres, parcourt toute l’île et y crée notamment des hôpitaux et des centres de soin.

«Il a désamorcé les tensions entre les affranchis», ajoute le père Sunassee, expliquant qu’à l’époque il y avait beaucoup de violence sur ce territoire peuplé de 80 000 habitants venus de Madagascar, d’Afrique, d’Europe et d’Inde. Dans une société encore marquée par l’esclavage et des disparités sociales immenses, il a dû affronter une difficulté majeure précise le spiritain : l’hostilité des autres prêtres blancs qui ne s’occupaient pas des noirs. «Il a su vraiment vivre les béatitudes, il a su se mettre au même niveau que les gens» poursuit le père Sunassee, vivant une ascèse qui l’affaiblit jusqu’à sa mort le 9 septembre 1864.

Vénéré par les hindous

Aujourd’hui, le père Laval continue de susciter la ferveur des Mauriciens. «Chaque jour il y a une foule de toutes les communautés à majorité hindoue» qui vient au sanctuaire, certains arrivant par cars entiers, précise le père spiritain. Ce qui n’est pas illogique puisque les hindous, croyant en la réincarnation, pensent que «le père Laval est la réincarnation d’une divinité hindoue, il est celui qui a atteint le nirvana».

«Les gens viennent avec leurs souffrances, les maladies de leurs proches, ou viennent avec leurs problèmes sociaux, détaille le père Sunassee. C’est un peu le lieu où ils peuvent déposer tout ce poids qu’ils portent en eux». C’est donc le sanctuaire de cet «apôtre de l’unité nationale» que le Pape François visite, le jour anniversaire de la mort de celui qui fut le premier béatifié du pontificat de Jean-Paul II en 1979. Un bienheureux qui suivit avec un siècle et demi d’avance, les prières du Pape François d’une Église pauvre parmi les pauvres et en sortie vers les périphéries.

Témoignage du père André Sunassee

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09 septembre 2019, 09:23