Consistoire: «avoir la grâce d'un cœur compatissant»
L’homélie du Pape porte sur «un mot clé» de l’Évangile: la compassion. «Elle est écrite dans le cœur du Christ (…) elle semble être, ‘la disposition de son cœur’, dans lequel s’est incarnée la miséricorde de Dieu», a expliqué François. Et pour montrer combien cette attitude n’est pas occasionnelle ni sporadique, mais au contraire constante, le Pape donne plusieurs exemples.
D’abord la purification du lépreux qui vient auprès de Lui en Galilée et qu’il purifie en le touchant de la main. On découvre alors la mission de Jésus «Rédempteur de l’homme», dans la compassion. «Il incarne la volonté de Dieu de purifier l’être humain malade de la lèpre du péché; il est “la main tendue de Dieu” qui touche notre chair malade et accomplit cette œuvre en comblant l’abîme de la séparation». Ensuite, Jésus part à la recherche des personnes rejetées, qui n’ont plus d’espérance. Le Pape évoque le paralytique de Bethzatha.
L’amour de Dieu imprégné de compassion
Cette compassion «a toujours été en Dieu, gravée en son cœur de Père » comme en témoigne également le récit de la vocation de Moïse: «j’ai vu la misère de mon peuple (…) j’ai entendu ses cris (…) je connais ses souffrances».
L’amour de Dieu pour son peuple est imprégné de compassion, au point que, explique François «dans cette relation d’alliance, ce qui est divin est compatissant, tandis que malheureusement, il semble que ce qui est humain en soit si dénué, si loin.» Le Pape regrette ainsi que les disciples de Jésus se montrent «souvent» être privé de compassion, comme le narre le récit évangélique choisi pour ce consistoire (Mc 6, 30-37a) lorsqu’ils se trouvent devant des foules à nourrir. «En substance, ils disent: Qu’ils se débrouillent». Le Pape déplore que des personnes religieuses voire responsables de culte témoignent cette attitude; que «le rôle que nous occupons ne suffit pas à nous faire devenir compatissants».
Mise en garde contre l'indifférence et la condamnation
François met en garde contre les justifications données pour passer devant son prochain sans le voir. Parfois, souligne-t-il, elles sont codifiées et donnent lieu à des «rejets institutionnels», comme dans le cas des lépreux qu’il est «normal» de tenir à distance. «De cette attitude très, trop humaine dérivent aussi des structures de non-compassion», avertit le Pape.
Le Saint-Père invite les nouveaux cardinaux à s’interroger. D’abord, sont-ils conscients, d’avoir été objet de la compassion de Dieu? D’avoir été et d’être toujours précédés et accompagnés par sa miséricorde? Cette conscience n’est «pas facultative», affirme François. «Il s’agit d’une exigence essentielle. Si je ne me sens pas objet de la compassion de Dieu, je ne comprends pas son amour». Comment dès lors la communiquer, en témoigner, la donner? se demande le Pape. Il met en garde contre une attitude de condamnation et d’indifférence, des attitudes déloyales.
De cette conscience d’avoir reçu de la compassion dépend aussi «la capacité d’être loyal dans son ministère», qui peut conduire à verser son sang.
Le Pape demande enfin, par l’intercession de l’Apôtre Pierre, «la grâce d’un cœur compatissant, pour être témoins de Celui qui nous a regardés avec miséricorde, nous a choisis, nous a consacrés et nous a envoyés porter à tous son Évangile de salut».
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