L’Église compte cinq nouveaux saints canonisés par le Pape François
Adélaïde Patrignani – Cité du Vatican
Sur la Place Saint-Pierre baignée d’une lumière radieuse, les fidèles sont venus nombreux participer à cette messe de canonisation, et leur diversité reflétait l’universalité de l’Église catholique, mais pas seulement. Aux délégations venues des pays d’origine des nouveaux saints – le Royaume-Uni, la Suisse, l’Italie, l’Inde et le Brésil – s’ajoutaient en effet bon nombre d’anglicans, prêtres et fidèles, en raison de la présence du cardinal John Henry Newman (prêtre anglican converti au catholicisme) parmi les bienheureux canonisés.
«ac Sanctorum Catalogo adscrivimus» (nous inscrivons au Catalogue des Saints)
Après l’arrivée du Saint-Père, la cérémonie s’est ouverte avec le rite de canonisation, comprenant le chant du Veni, creator Spiritus, puis la Petitio, au cours de laquelle le Préfet de la Congrégation pour la cause des saints, le cardinal Angelo Becciu, a demandé solennellement au Pape que les cinq bienheureux soient inscrits au catalogue des saints. Le chant de la litanie des saints a ensuite été entonné par le chœur et l’assemblée, avant que François ne prononce la formule de canonisation, élevant ainsi le cardinal John Henry Newman (Royaume-Uni), Marguerite Bays (Suisse), sœur Giuseppina Vannini (Italie), sœur Mariam Thresia Chiramel Mankidiyan (Inde) et sœur Dulce Lopes Pontes (Brésil) au rang de saints.
La messe s’est ensuite poursuivie avec le Gloria et la liturgie de la Parole, suivant les lectures de ce 28ème dimanche du Temps Ordinaire. L’homélie du Pape François a donc proposé un commentaire du passage de l’Évangile selon saint Luc dans lequel Jésus guérit dix lépreux (Lc 17, 11-19).
Le nom de Jésus sauve
Ce récit dévoile au lecteur les trois étapes du parcours de foi. D’abord «invoquer». Les lépreux demandent au Seigneur leur guérison, «ils crient vers Dieu qui n’exclut personne», montrant par-là «comment les distances se réduisent», a expliqué le Pape : «non pas en se renfermant en soi-même et dans ses regrets, non pas en pensant aux jugements des autres, mais en invoquant le Seigneur».
François a mis en relief l’importance de l’invocation du nom de Jésus, indispensable condition de notre libération. «Nous avons besoin d’être guéris du manque de confiance en nous-mêmes», a-t-il en effet estimé, «guéris de tant de peurs ; des vices dont nous sommes les esclaves ; de tant de fermetures, dépendances et attachements aux jeux, à l’argent, à la télévision, au téléphone portable, au jugement des autres». Dans cette détresse, invoquer «avec confiance, chaque jour, le nom de Jésus: Dieu sauve» augmente notre foi et nous guérit. «La prière est la porte de la foi, la prière est la médecine du cœur», a insisté le Pape.
Aller de l’avant, ensemble, pour grandir dans la foi
La seconde étape consiste à «marcher». Les lépreux guérissent tandis qu’ils sont en route vers Jérusalem. «C’est sur le chemin de la vie que l’on est purifié, un chemin qui est souvent en montée, parce qu’il conduit en haut», a précisé le Saint-Père. Il en est ainsi de notre parcours de foi, vécu avec réalisme, «avec le don», avec un sens du risque et dans «la confiance en Dieu». Nous «avançons dans la foi par l’amour humble et concret, par la patience quotidienne, en invoquant Jésus et en allant de l’avant».
Comme le montre l’Évangile, «croire c’est marcher ensemble, jamais seul». Les dix lépreux cependant ne restent pas groupés, «un seul retourne remercier» Jésus. Son attitude signifie que «nous sommes les gardiens des frères qui sont loin», les «intercesseurs». «Tu veux grandir dans la foi ? Prends soin d’un frère qui est loin, d’une sœur qui est loin», a indiqué le Pape.
Vivre dans l’action de grâce
«Remercier» est la troisième et dernière étape du parcours de foi. Comme l’a fait remarquer François, «Jésus dit : “Ta foi t’a sauvé” (v. 19) uniquement à celui qui le remercie». «Cela nous dit que le point d’arrivée, ce n’est pas la santé, ce n’est pas le fait d’être bien, mais c’est la rencontre avec Jésus». Autrement dit, le salut, «ce n’est pas boire un verre d’eau pour être en forme, c’est aller à la source, qui est Jésus», a souligné le Pape. Ainsi «la chose la plus importante de la vie» n’est pas d’obtenir une grâce mais d’«embrasser le Seigneur dans la vie». Bien plus, «le sommet du chemin de foi, c’est de vivre en rendant grâce».
Des questions peuvent nous guider intérieurement: «vivons-nous les journées comme un poids à subir ou comme une louange à offrir ? Restons-nous centrés sur nous-mêmes en attendant de demander la prochaine grâce ou bien trouvons-nous notre joie dans l’action de grâce ? Quand nous remercions, le Père est ému et répand sur nous l’Esprit Saint», a assuré le Saint-Père. Celui-ci a aussi rappelé que «merci» est «le mot le plus simple et le plus bénéfique», le secret d’un «cœur qui reste jeune».
Lumineux comme les saints
François a conclu son homélie en mentionnant l’exemple donné par les cinq nouveaux saints. «Trois d’entre eux sont Sœurs et […] montrent que la vie religieuse est un chemin d’amour dans les périphéries existentielles du monde». Sainte Marguerite Bays, modeste couturière, témoigne de la «sainteté dans le quotidien» et «montre combien la prière simple est puissante, de même que la patiente endurance, le don de soi silencieux». Le saint Cardinal Newman a quant à lui pleinement vécu et traduit en mots cette humble vie d’union à Dieu que les saints expérimentent, chacun selon leur vocation. «Demandons d’être ainsi, de “douces lumières” dans les obscurités du monde», a enfin prié le Souverain Pontife, citant devant la foule les paroles du saint cardinal anglais: «Jésus, “reste avec nous et nous commencerons à briller comme tu brilles, à briller de manière à être une lumière pour les autres” (Meditations on Christian Doctrine, VII,3)».
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