«Pas de peine humaine sans horizon» rappelle François aux aumôniers de prison
Adélaïde Patrignani – Cité du Vatican
Au début de son discours, le Pape François a fait référence à la «culture du déchet», dont bien des prisons sont actuellement un triste reflet. Par des «décisions légalistes et inhumaines, justifiées par une prétendue recherche du bien et de la sécurité», la société «cherche dans l’isolement et dans la détention de celui qui agit contre les normes sociales la solution ultime aux problèmes de la vie de communauté», a regretté le Souverain Pontife. Beaucoup de ressources publiques sont destinées à la répression, a-t-il aussi pointé, plutôt qu’à la «promotion d’un développement intégral des personnes» réduisant ce qui favorise les actions illicites.
Accueillir dignement et non rejeter
«Il est plus facile de réprimer que d’éduquer» a poursuivi François, de créer des espaces où les transgresseurs sont «enfermés dans l’oubli» plutôt que d’offrir «des opportunités de développements semblables à tous les citoyens».
Le Pape a ensuite évoqué l’échec des processus de réinsertion, surtout dû au manque de ressources et à la surpopulation des prisons, transformées en «véritables lieux de dépersonnalisation». La personne qui sort de prison est souvent confrontée «avec un monde qui lui est étranger et qui par ailleurs ne la reconnaît pas comme digne de confiance, allant même jusqu’à l’exclure de la possibilité de travailler pour obtenir un gagne-pain digne». En ôtant à ces personnes leur dignité, on les expose à nouveau «aux dangers qui accompagnent le manque d’opportunités de développement, au milieu de la violence et de l’insécurité».
Les cinquante participants présents en salle Clémentine ont ensuite été interpellés par François: «Si ces frères et sœurs ont déjà purgé leur peine pour le mal commis, pourquoi met-on sur leurs épaules un nouveau châtiment social, avec le rejet et l’indifférence ?». Cette «aversion sociale» risque de les faire «retomber dans les mêmes erreurs», a insisté le Saint-Père.
Celui-ci a ensuite encouragé les aumôniers de prison à «rendre présente la miséricorde du Père» auprès des détenus et à continuer leur «ministère d’espérance», soutenus par l’amour de Dieu. Le Pape a assuré de sa prière tous ceux qui «par un silence généreux, servent ces frères, en reconnaissant en eux le Seigneur». Il a aussi félicité ceux qui accompagnent les familles des prisonniers.
La fenêtre et les mères
François a terminé en proposant deux «images» à ses hôtes. D’abord celle de prisons avec des «fenêtres», ouvertes sur l’horizon. «Il n’y a pas de peine humaine sans horizon. Personne ne peut changer de vie s’il ne voit pas un horizon», a-t-il expliqué, évoquant aussi la prison à perpétuité qui selon lui est «discutable» et «devrait avoir un horizon».
La seconde image est celle qui a marqué Jorge Mario Bergoglio, alors séminariste, lorsqu’il passait devant la prison de Devoto à Buenos Aires: les mères de détenus faisant la queue, en attendant de pouvoir entrer dans la prison pour rendre visite à leur enfant. Elles devaient se soumettre à d’humiliants contrôles de sécurité. «Ces femmes n’avaient pas honte que tout le monde les voie», a souligné le Pape, souhaitant que l’Église se laisse enseigner par l’esprit et les gestes maternels de ces femmes envers les prisonniers.
Les mots de Christ, rapportés par saint Matthieu, sont venus clore le discours du Souverain Pontife: «Amen, je vous le dis: chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait» (Mt 25, 40).
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