Le Pape à l’université Sophia de Tokyo: agir pour une société plus humaine
Le Pape a débuté son discours en délivrant son impression quant à la place de l’Église catholique dans la société japonaise : «En dépit du fait que les chrétiens constituent une minorité, leur présence se fait sentir», s’est-il réjoui. «J’ai été moi-même témoin de l’estime générale que l’on a pour l’Eglise catholique, et j’espère que ce respect mutuel pourra grandir dans l’avenir. J’ai observé aussi que, malgré l’efficacité et l’ordre, caractéristiques de la société japonaise, l’on cherche et désire, manifestement, quelque chose de plus : une profonde aspiration à créer une société toujours plus humaine, compatissante et miséricordieuse.»
En rebondissant sur le nom de l’université, “Sophia”, qui signifie “la Sagesse”, l’évêque de Rome a rappelé que «pour administrer ses ressources de manière fructueuse et efficace, l’homme a toujours eu besoin de la vraie sagesse. Dans une société si compétitive et orientée du point de vue technologique, cette Université doit être un centre non seulement de formation intellectuelle, mais aussi un lieu où une société meilleure et un avenir davantage rempli d’espérance puissent progressivement se forger.»
Protéger la nature avec réalisme
Reprenant un thème exprimé dans son encyclique Laudato Si’, le Pape a souligné que «l’amour pour la nature, si typique des cultures asiatiques, doit s’exprimer ici dans un souci intelligent et prévoyant pour la protection de la terre, notre maison commune», et non pas dans une logique «technocratique».
«La tradition ignacienne, sur laquelle se fonde Sophia, doit inciter les professeurs, de même que les étudiants, à créer une atmosphère qui favorise la réflexion et le discernement», a logiquement souligné le Pape jésuite, en présence notamment du cardinal Jean-Claude Hollerich, actuel archevêque de Luxembourg et jésuite lui aussi, qui fut vice-recteur de l’Université Sophia de 2008 à 2011.
Ne pas oublier les pauvres
«Les Priorités Apostoliques Universelles qu’a proposées la Compagnie de Jésus disent clairement que l’accompagnement des jeunes est une tâche importante dans le monde entier, et que toutes les institutions ignaciennes doivent favoriser cet accompagnement. Comme le montrent le Synode sur les jeunes et ses documents, l’Eglise universelle regarde aussi avec espérance et intérêt les jeunes du monde entier», a remarqué François, en invitant à «marcher avec les pauvres et les marginalisés de notre monde» plutôt que de créer des élites déconnectées de la réalité complexe du monde.
«C’est une cause qui nous concerne tous ; le conseil de Pierre et de Paul est encore valable aujourd’hui : n’oublions pas les pauvres», a répété François en reprenant les termes de la Lettre aux Galates.
«Le Seigneur et son Eglise comptent sur vous pour participer à la mission de chercher, de découvrir et de répandre la sagesse divine, et pour offrir la joie et l’espérance à la société actuelle. S’il vous plait, n’oubliez pas de prier pour moi et pour tous ceux qui ont le plus besoin de notre aide.»
Le Pape a enfin prononcé ses dernières paroles publiques sur l’archipel en assurant qu’il garderait toutes les personnes rencontrées et tout le peuple japonais dans ses prières et dans son cœurs. Visiblement en forme et heureux au terme de ce long voyage, avant de reprendre la route pour l’aéroport, il a pris le temps d’un petit bain de foule à la rencontre des étudiants, serrant la main de plusieurs d’entre eux.
Avant cette intervention, il avait célébré la messe en privé avec la communauté jésuite, et il a également consacré quelques instants avec les prêtres malades et âgés, parmi lesquels le père Adolfo Nicolas, ancien préposé général de la Compagnie de 2008 à 2016.
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