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Le Pape lors de son départ de Panama, à l'issue des JMJ, le 27 janvier. Le Pape lors de son départ de Panama, à l'issue des JMJ, le 27 janvier.  

Les voyages de François en 2019: un pontificat en chemin sur les routes du monde

En 2019, le pape François a effectué 7 voyages apostoliques internationaux dans 11 pays. Un "Pontificat itinérant" qui se concentre sur les périphéries géographiques et existentielles.

Alessandro Gisotti-Cité du Vatican

«Je vais vous dire une chose : je n'aime pas voyager». Ce sont les paroles apparemment surprenantes que le Pape a prononcées le 8 juin dernier en s'adressant à un groupe de jeunes reçus au Vatican dans le cadre de l'initiative Le Train des enfants. En réalité, il est bien connu que lorsqu'il était archevêque de Buenos Aires, Jorge Mario Bergoglio quittait rarement son diocèse. Il y a eu peu de voyages internationaux, surtout en Amérique latine ou à Rome pour les Synodes et le Consistoire. Mais François a toujours gardé vivant l'esprit du voyageur, un esprit missionnaire qui, très jeune, lui a fait rêver d'aller au Japon sur les traces de Saint François-Xavier.

Un désir que, d'une manière imprévisible pour le jeune jésuite argentin, Bergoglio a pu réaliser cette année comme Pape en visitant le Pays du Soleil Levant. A vrai dire, dans son diocèse, l'immense Buenos Aires, le futur Pape ne s'était jamais arrêté. Au contraire, il avait beaucoup voyagé, presque toujours en transports publics. Une " chose normale " pour l'évêque puis le cardinal argentin et qui, cependant, avait suscité une grande sensation lorsque, immédiatement après son élection à la chaire de Pierre, on a fait circuler des photos du nouveau pape en ecclésiastique assis comme un voyageur de banlieue dans un bus de la capitale argentine.

Donc, un évêque "ambulant", callejero, au milieu des gens et qui a préféré passer son temps dans les Villas Miserias, dans les "banlieues existentielles" de la métropole, plutôt qu'au centre-ville. Un évêque, donc, toujours en déplacement dans son diocèse. Ainsi, lorsqu'il est devenu pasteur de l'Église universelle, François a immédiatement senti que son diocèse était maintenant le monde et qu'il devait repartir, avec le même esprit qui l'avait animé jusqu'à présent, mais sur un espace beaucoup plus grand.

D'ailleurs, devant le même auditoire du Train des enfants, François a ajouté au sujet des voyages : «Ce qui m'est arrivé est ce qui arrive aux enfants capricieux : vous n'aimez pas la soupe ? Deux plats ! Tu n'aimes pas les voyages ? Vous allez faire des voyages... C'est vrai que dans les voyages vous trouvez toujours des gens, des gens bien et vous apprenez beaucoup». Dans cette réponse, si simple et directe, se trouve le sens profond du voyage du Pape François : rencontrer des gens, connaître les contextes. D'une certaine manière, comme le Washington Post l'a également noté récemment dans un article de Chico Harlan, le Pape utilise les voyages apostoliques pour "réformer l'Église" en se concentrant sur les périphéries d'où il puise la sève pour lancer de nouveaux processus d'évangélisation.

Un pontificat " itinérant ", "synodal", comme le montre de façon frappante cette année 2019, année record pour les voyages apostoliques internationaux. François en a fait jusqu'à 7, visitant 11 pays sur 4 continents. Il faut revenir à 1982 et à Saint Jean-Paul II pour enregistrer le même nombre de visites du Successeur de Pierre au-delà des frontières de l'Italie. D'autre part, il est significatif que cette année si pleine de voyages internationaux coïncide avec le centenaire de la lettre apostolique Maximum Illud de Benoît XV sur l'activité missionnaire dans le monde. Avec ses voyages, François souligne précisément la dimension intrinsèquement missionnaire du disciple du Seigneur, appelé à être "en sortie " pour annoncer la Bonne Nouvelle dans le monde entier, car aucune terre n'est lointaine et aucun peuple n'est étranger à la Parole de Dieu.

En "relisant" les sept voyages de cette année, on peut aussi retrouver les grands points de l'action pastorale de Bergoglio : les jeunes, dans le voyage au Panama pour les JMJ ; le dialogue interreligieux, dans les voyages aux Émirats arabes et au Maroc ; le dialogue œcuménique, dans les visites en Bulgarie et en Macédoine du Nord, puis en Roumanie. Aussi, la protection de l'environnement et le soin des pauvres dans le voyage au Mozambique, à Madagascar et à l'île Maurice ; enfin, la paix et la promotion des droits des femmes et des enfants comme points clés du voyage asiatique en deux étapes en Thaïlande et au Japon.

C'est précisément en saluant les journalistes qui ont pris le vol pour la Thaïlande que le Pape a observé qu'"il est si bon pour les gens d'être informés et aussi de connaître les cultures qui sont loin de l'Occident". Avec ses voyages, François apporte en effet la lumière dans des coins du monde où les mass media ne vont jamais, mais qui grâce à sa présence deviennent "visibles" pour la communauté internationale, appelée à prendre soin de peuples et de terres autrement oubliés. La "culture de la rencontre" fait son chemin aussi grâce à ses voyages. Des voyages qui durent bien au-delà du moment où le Pape monte dans l'avion pour retourner à Rome. Non seulement pour les gens, mais aussi pour lui qui, dans une interview, a confié qu'il portait dans son cœur  les personnes rencontrées au cours de ses voyages, qu'il prierait pour elles pour les situations douloureuses et difficiles «afin que les inégalités que j'aie vues se réduisent». 

 

 

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23 décembre 2019, 11:31