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Le Pape se recueillant en silence à Auschwitz, en juillet 2016 Le Pape se recueillant en silence à Auschwitz, en juillet 2016

Le Pape dénonce les «recrudescences barbares» de l’antisémitisme

Recevant ce matin une délégation du Centre Simon Wiesenthal, le Pape François a pointé l’augmentation globale d’une «indifférence égoïste», qui favorise la haine et le rejet de l’autre. A l’approche du 75e anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz, le Saint-Père invite juifs et chrétiens à mettre leur patrimoine spirituel commun au service de l’humanité et de la fraternité.

A rebours d’une mentalité ambiante marquée par un «consumérisme verbal », fait de «paroles inutiles», de «temps gaspillé à contester et accuser», «d’offenses hurlées», le Saint-Père invite plutôt à s’arrêter et à demeurer en silence, comme il le fit lui-même lors de son passage à Auschwitz-Birkenau, en juillet 2016. Le silence permet en effet d’écouter «le cri de l’humanité», de «garder la mémoire», car, souligne-t-il, «sans mémoire, nous anéantissons le futur». C’est d’ailleurs l’appel qui devrait résonner lors de «l’anniversaire de cette indicible cruauté», (la libération du camp d’Auschwitz, ndlr) qui aura lieu le 27 janvier prochain.

Le Pape partage ensuite son inquiétude devant l’augmentation générale d’une «indifférence égoïste» perceptible dans une attitude devenue courante : «On ne s’intéresse qu’à ce qui nous est commode. La vie va bien si elle me va bien, et quand quelque chose ne va pas, la colère et la méchanceté se déchaînent». François y voit le terreau fertile des «particularismes et des populismes», où «la haine croît rapidement». À cet égard, il note des «recrudescences barbares de l’antisémitisme» ; «je ne me lasse pas de condamner fermement toute forme d’antisémitisme», a-t-il insisté.

La culture de la rencontre pour désarmer la haine

Pour affronter ce problème à la racine, le Pape enjoint à «défricher» ces terrains de haine en y semant la paix, à travers «l’intégration, la recherche et la compréhension de l’autre». Il est urgent de «réintégrer celui qui est marginalisé, tendre la main à celui qui est loin, soutenir celui qui est rejeté (…), aider celui qui est victime d’intolérance et de discrimination».

La déclaration conciliaire Nostra Aetate mettait en exergue le «riche patrimoine spirituel commun aux juifs et aux chrétiens» et invitait à le découvrir, rappelle encore le Pape. «Je sens qu’aujourd’hui en particulier, nous sommes appelés, nous, à ce service : (…) nous faire proche et inclure, (…) ouvrir des chemins de proximité». Et le Pape d’en appeler à la cohérence des croyants : «si nous ne le faisons pas, nous, qui croyons en Celui qui, du haut des cieux, s’est souvenu de nous et a pris à cœur nos faiblesses, qui le fera ?»

Le Centre Simon Wiesenthal, ONG fondée en 1977 et engagée dans la lutte contre l’antisémitisme, le racisme et toute forme de haine, contribue aussi à «maintenir vivante la mémoire de l’Holocauste». L’organisation entretient depuis des années des contacts avec le Saint-Siège. 

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20 janvier 2020, 13:01