Audience générale: la liberté vient de l'humilité
Marie Duhamel – Cité du Vatican
«Jésus commence à proclamer son chemin vers le bonheur avec une annonce paradoxale» reconnait le Pape: ce sont aux pauvres qu’appartient le Royaume des Cieux. Mais qui sont ces pauvres ?À la différence de saint Luc, Saint Matthieu précise qu’il s’agit des «pauvres en esprit». Il ne s’agit donc pas de personnes dans le besoin, de nécessiteux, mais de «ceux qui se sentent pauvres, mendiants, dans l’intime de leur être».
Une vaine et fatigante recherche de soi-même
Or, le monde conseille en permanence le contraire: «Il faut être quelqu’un, se faire un nom, mais c’est de là que vient la solitude et la tristesse, s’exclame François. En effet «si je dois être quelqu’un, je suis en compétition avec les autres et je vis dans la recherche obsessionnelle de moi-même», ajoute le Pape.
Car même si on se donne du mal, en réalité «on reste toujours radicalement incomplet et vulnérable», souligne le Pape. Et comme on vit mal quand on refuse ses limites! s’exclame-t-il. S’il on accepte pas sa pauvreté, on se met à haïr tout ce qui rappelle sa propre fragilité, prévient le Pape. Les personnes orgueilleuses ne demandent pas d'aide parce qu'elles doivent démontrer qu’elles sont autosuffisantes. Il devient impossible de reconnaitre ses erreurs ou de demander pardon.
S'adressant aux nouveaux époux, le Pape leur suggère «trois paroles magiques: s’il te plaît, merci, pardon ; des paroles qui appartiennent aux pauvres d’esprit.» Le Pape plaide pour un dialogue en famille qui implique ces trois attitudes que sont la politesse, la gratitude et la demande de pardon ; la dernière étant «la plus difficile». Le Pape déplore la «fatigue de demander pardon» qui est une «vilaine maladie». Pourquoi est-ce si difficile ? «Parce que cela humilie notre image hypocrite» répond-il. Et ce mode de vie est d’autant plus regrettable qu’il est «fatiguant et angoissant».
Reconnaître sa pauvreté
Jésus enseigne qu’être pauvre en esprit est «une occasion de grâce, un moyen de sortir de cette lassitude», et de parvenir au Royaume. Et cela ne demande aucune transformation puisque nous sommes, de par notre condition humaine, déjà pauvres en esprit.
Le Pape lance là un avertissement contre les biens de ce monde, un pouvoir éphémère: «Tant de fois à la télévision ou dans les journaux nous voyons qu’un gouvernement fort et puissant dans le passé, n’existe plus». Personne n’emporte rien avec soi dans la tombe. Le Pape souligne qu’on ne voit jamais de camion de déménagement derrière les cortèges funèbres.
Donner sa vie
«Règne vraiment celui qui sait aimer le vrai bien plus que lui-même. C’est en cela que se manifeste la puissance de Dieu», explique François. Il s’agit de la «puissance de la fraternité, de la charité, de l’amour et de l’humilité. Voilà ce dont a fait preuve Jésus», dit le Pape.
A la différence des rois de la terre, Jésus s’est montré puissant en donnant sa vie pour tous les hommes. «Il y a une pauvreté que nous devons accepter, celle de notre être, et une pauvreté que nous devons rechercher, celle des choses de ce monde, qui nous rend libres afin de pouvoir aimer» a conclu le Pape. Il recommande de toujours rechercher la liberté du cœur, celle qui prend racine dans la dépossession de nous-mêmes.
Ainsi dans son salut aux pèlerins de langue française, avant de leur donner sa bénédiction, le Pape a assuré que «reconnaître devant Dieu sa pauvreté et sa faiblesse est la source d’un véritable bonheur». Notre cœur devient, dit-il, disponible pour ne plus nous rechercher nous-mêmes mais aimer librement les autres et donner notre vie.
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