Journée contre la traite: le Pape inaugure l’initiative «Super Nuns»
Cecilia Seppia – Cité du Vatican
À l’occasion de la Journée internationale de prière et de réflexion contre la traite des personnes, ce 8 février, le Pape François a tenu à lancer en personne, avec un premier click, l’initiative «Super Nuns» . Il a ainsi inauguré le premier le groupe représentant la communauté Talitha Kum sur la plateforme de Patreon, un site internet de financement participatif, basé à San Francisco.
En s’inscrivant sur Patreon, avec le soutien de la Fondation Galileo, le réseau de 2 000 religieuses luttant depuis maintenant dix ans contre la traite dans soixante-dix pays souhaite recueillir des fonds en faveur des victimes de la traite, afin de financer des projets visant à les soigner et les soutenir, tout en préservant leur anonymat.
Les «Super Nuns» se sont associées avec plusieurs artistes, notamment le graffeur américain très populaire ESPO et le pionnier japonais de l'animation Leiji Matsumoto qui s’inspirent du travail des sœurs depuis 2009. Chaque mois, les «Super Nuns» offriront 10 tirages signés par ces artistes à des membres de la communauté choisis au hasard. Il n'est pas nécessaire de faire un don, mais les dons de mécènes sont les bienvenus, que ce soit avec une contribution de 3 $ par mois ou avec des dons ponctuels plus importants. Toutes les recettes aideront directement Talitha Kum à étendre ses efforts pour combattre le fléau moderne qu'est la traite des êtres humains, qui touche aujourd'hui environ 40 millions de personnes dans le monde.
Entretien de Sœur Bernadette Mary Reis avec sœur Gabriella Bottani. Lacoordinatrice internationale de Talitha Kum, présente lors de l’inauguration ce samedi matin, revient sur le geste de soutien du Pape:
Le thème de la traite des êtres humains comme le travail que nous faisons, sont très chers au Pape François et il l’a démontré une fois de plus en acceptant notre invitation à être le premier à entrer dans la page Patreon des «Super nuns». Nous lui sommes profondément reconnaissantes et heureuses !
En quoi consiste cette initiative ?
Pour nous, c'est un grand défi et je crois un grand don. Super Nuns est né d'une proposition de Jean McCaffrey, de la Fondation Galileo, qui est en contact avec la société Edelman, une grande entreprise de communication aux États-Unis, et qui fait cadeau de son travail gratuitement chaque année pour des projets sociaux. En 2019, ils ont choisi Talitha Kum pour célébrer notre 10ème anniversaire et nous avons entamé un dialogue avec l'équipe créative d'Edelmann qui a donné naissance aux «Super Nuns».
L'une des premières difficultés que nous avons rencontrée était de savoir comment raconter l'histoire de Talitha Kum sans mettre en danger l'identité des religieuses et dans le respect des victimes, qui souffrent ou ont souffert de la traite, des témoins… Au début, ce fut un point de tension avec le groupe créatif, mais c’est finalement devenu un bel espace de nouveautés. En effet, Edelmann nous a alors proposé de collaborer avec des artistes qui travaillent dans le domaine de la bande dessinée et de l'animation.
Le premier artiste qui a accepté est un Américain célèbre dans le monde des graffitis réalisés sur des murs. Je ne nie pas qu'au début nous étions inquiets : c’était un monde inconnu. Ensuite, en dialoguant lors de rencontres entre les artistes et nous les religieuses, nous avons réalisé que c'est un partenariat puissant car il nous permet de raconter les histoires de Talitha Kum et de respecter nos valeurs. Nous avons pu constater que le langage utilisé par les artistes est un langage qui va au-delà, qui est novateur et qui peut atteindre un public que nous ne pourrions jamais atteindre ; il nous aide aussi à repenser, à proposer notre travail avec des modalités nouvelles, fascinantes.
Que pensez-vous faire de cette collaboration avec ces artistes ?
Tout d'abord, nous voulons présenter le difficile sujet de la traite d'une nouvelle manière, en parler, sensibiliser en partant de notre travail et de ce que nous faisons chaque jour, mais aussi demander des fonds qui couvriront, en partie, les coûts engagés par les religieuses pour la prévention, l'assistance, la réinsertion sociale, et les soins apportés aux victimes.
Nous avons essayé de calculer une moyenne des coûts investis par les religieuses dans ce domaine. D'après les recherches que nous avons effectuées, les coûts varient de 2 000 à 10 000 euros juste pour soutenir le retour chez elle d'une victime de la traite pendant une courte période. On parle de quelques mois jusqu'à un an maximum mais, dans certains cas, nous devons les accompagner pendant plusieurs années. Parfois les blessures sont si profondes qu’en un an les anciennes victimes ne sont pas prêtes à reconstruire leur vie, à prendre en charge des projets, le travail, la famille.
Concrètement comment accède-t-on à la plateforme ?
En allant à l'adresse internet Patreon.com/supernuns. Edelman a créé Patreon. Il s’agit d’une plateforme d'artistes qui font principalement des dons et qui donnent leurs œuvres. On peut y accéder en faisant un don d'un minimum de 2 à 25 dollars ou plus, cela dépend. Mais généralement on part d'un prix minimum ce qui encourage tout le monde à contribuer, même peu. Et si nous donnons tous ensemble une petite somme mensuelle, nous pouvons vraiment relever le défi de la traite.
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