La figure de saint Joseph vue par les derniers Papes
Delphine Allaire-Cité du Vatican
«C’était un juste», relève l’évangile de saint Matthieu, chapitre 1, verset 19. Tout au long de son pontificat, le Pape François a souvent indiqué le modèle de l’«homme juste» pour désigner saint Joseph. Le Souverain Pontife y fait référence comme l’«homme capable de rêver», de «protéger» et «de réaliser» le «rêve de Dieu» sur l’homme.
Le rêve et le silence
C’est pourquoi le Pape François le propose comme «exemple pour tous et de manière particulière pour les jeunes», auxquels Joseph enseigne à ne jamais perdre «la capacité de rêver, de risquer» et d’assumer des «tâches difficiles».
Joseph, un homme «dont nous ne savons pas même l’âge» et qui «porte sur ses épaules toutes ces promesses de descendance, d’héritage, de paternité, de filiation, de stabilité du peuple», incarne aussi une obéissance sans faille à Dieu maintes fois soulignée par François. Dans les évangiles, Joseph en effet ne parle pas, il agit, en droite fidélité à Dieu. L’action faite dans le silence.
Lors d’une messe à la Maison Sainte-Marthe centrée sur Joseph, le 19 mars 2017, le Pape François l’évoquait comme un homme caché, un homme du silence, un homme qui sert de père adoptif; «un homme qui possède la plus grande autorité à ce moment-là, sans la faire voir». Un homme qui pourrait «nous dire tant de choses», mais qui pourtant «ne parle pas», qui pourrait «commander», puisqu’il commande sur le Fils de Dieu, mais qui pourtant «obéit».
La vie intérieure
Le Pape Benoît XVI pour sa part dont Joseph est le saint patron – Joseph Ratzinger – évoquait souvent Joseph comme «l’homme disponible», et celui de l’intériorité.
Joseph dort, mais en même temps, il est capable d’entendre l’ange ( Cf Mt 2, 13 s). Il émane de lui ce que dit un passage du Cantique des Cantiques: «Je dors mais mon cœur veille» ( cf Ct 5, 2). Les sens sont au repos mais le fond de l’âme est ouvert.
Joseph dormant, qui est cependant en même temps capable d’entendre en profondeur-comme nous l’apprenons ce 19 mars dans la lecture de l’Evangile- est l’homme de la concentration et de la disponibilité intérieures. La tente de sa vie est ouverte, rappelait le Pape bavarois, dans ses écrits, «les Saints, nos contemporains», livre qui rassemble ses homélies aux Editions Parole et Silence.
L’homme d’action qui entreprend
Le saint Pape polonais Jean-Paul II percevait cette figure paternelle par le prisme de l’action. Joseph, comme «homme de l’élection divine, d’une confiance particulière».
«À son réveil, lisons-nous dans Matthieu, Joseph fit ce que l’ange du Seigneur lui avait ordonné.» (Mt 1, 24.) Dans ces brèves paroles il y a tout, détaillait Jean Paul II, le 19 mars 1980. «Il y a toute la description de la vie de Joseph et la caractéristique entière de sa sainteté: «Il fit.» Joseph, celui que nous connaissons à partir de l’Évangile, est un homme d’action». Il «entreprend» la fuite en Egypte.
«C’est un homme qui travaille», poursuivait le Souverain pontife polonais. «L’Évangile ne nous a conservé aucune de ses paroles. Mais il a décrit ses actions: des actions simples, quotidiennes, qui ont en même temps une signification claire pour l’accomplissement de la promesse divine dans l’histoire de l’homme; des œuvres remplies de profondeur spirituelle, de simplicité et de maturité».
Une exemplarité chrétienne
La modestie est une autre caractéristique du fiancé de Marie. Le Pape Paul VI y faisait allusion en ces termes, le 19 mars 1969: «On ne saurait louer de plus solides vertus ni des mérites plus élevés en un homme d'humble condition, qui n'a évidemment pas à accomplir d'actions éclatantes. Un homme pauvre, honnête, laborieux, timide peut-être, mais qui a une insondable vie intérieure, d'où lui viennent des ordres et des encouragements uniques, et, pareillement, comme il sied aux âmes simples et limpides, la logique et la force de grandes décision».
Saint Joseph, par son humilité, son silence, son action, sa disponibilité et son obéissance, apparait donc comme un exemple à suivre et un protecteur à invoquer. Dès le Xe siècle, la solennité de saint Joseph se trouvait mentionnée dans différents calendriers. Le Pape Sixte IV l’a accueillie dans le calendrier de l’Église de Rome à partir de 1479. Le culte rendu à saint Joseph reste très important dans les rites orientaux.
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