Message pour la JMJ 2020: le Pape lance aux jeunes le «défi d’un tournant culturel»
Adélaïde Patrignani – Cité du Vatican
“Se lever”: tel est le verbe qui guidera les jeunes catholiques durant les trois prochaines années, en comptant les JMJ de Lisbonne où ils sont tous invités à se retrouver en 2022. Cette année, le verset qui leur est proposé est issu de la péricope de la résurrection du fils de la veuve de la Naïm: “Jeune homme, je te le dis, Lève-toi !” (Lc 7, 14). Dans son message, le Pape analyse les différentes étapes du miracle opéré par Jésus en les reliant à la vie des jeunes du 21e siècle.
François évoque d’abord le regard de Jésus, qui «crée la rencontre, source de vie nouvelle». «Et mon regard, comment est-il ?, interroge-t-il. Est-ce que je regarde avec des yeux attentifs, ou bien à la manière dont je feuillette rapidement les milliers de photos de mon téléphone portable ou de profils sociaux ? Combien de fois aujourd’hui il nous arrive d’être les témoins oculaires de beaucoup d’événements, sans pour autant jamais les vivre en prise directe ! Parfois notre première réaction est de prendre la scène avec le téléphone, peut-être en négligeant de regarder les personnes concernées dans les yeux».
Sortir des situations de mort
Le Saint-Père s’inquiète ainsi de la «superficialité» qui gagne aujourd’hui de nombreux jeunes, «se croyant vivants alors qu’ils sont morts intérieurement». «On peut se retrouver à vingt ans à traîner une vie vers le bas, pas à la hauteur de sa dignité», regrette-t-il. Le matérialisme est aussi pointé du doigt, par lequel, «à la longue, un sourd mal-être apparaît inévitablement, une apathie, un ennui de vivre, de plus en plus angoissant».
François fait ensuite comprendre aux jeunes que «les échecs font partie de la vie de tout être humain, mais peuvent aussi parfois se révéler être une grâce!». «Les échecs, souligne-t-il, s’ils font crouler les idoles, sont un bien, même s’ils font souffrir».
Mais toutes ces situations de mort ne constituent pas une impasse. Le garçon de l’Évangile, «qui était vraiment mort, est revenu à la vie parce qu’il a été regardé par Quelqu’un qui voulait qu’il vive. Cela peut arriver encore aujourd’hui, et tous les jours», assure le Pape.
La puissance de la compassion
À la manière de Jésus face à la souffrance de la veuve, les jeunes sont ensuite invités à compatir, comme ils savent déjà le faire. «Chers jeunes, ne vous laissez pas voler cette sensibilité !, s’exclame François. Puissiez-vous toujours écouter la plainte de ceux qui souffrent ; vous laisser émouvoir par ceux qui pleurent et meurent dans le monde d’aujourd’hui». «Que leurs blessures deviennent les vôtres, et vous serez porteurs d’espérance en ce monde», poursuit-il.
Le Saint-Père rappelle ensuite aux jeunes que c’est «le contact de Jésus, le Vivant, qui communique la vie». Eux aussi doivent s’approcher des «réalités de souffrance et de mort» pour «les toucher et engendrer la vie comme Jésus». L’efficacité du geste de Jésus démontre que «même un signe de proximité, simple mais concret, peut susciter des forces de résurrection». Celui qui a expérimenté «la bouleversante tendresse de Dieu» se fait passeur d’amour et d’espérance, pour le bien de ses amis.
Accepter d’être transformé par la Parole
Le Pape poursuit en commentant ce «Lève-toi !» de Jésus adressé au jeune garçon. «Nous savons bien que nous aussi, les chrétiens, nous tombons et que nous devons toujours nous relever», explique-t-il, exhortant les jeunes à «faire un acte de foi en Dieu»: «le premier pas est d’accepter de se relever». «La vie nouvelle qu’il nous donnera sera bonne et digne d’être vécue, parce qu’elle sera soutenue par Quelqu’un qui nous accompagnera aussi à l’avenir sans jamais nous abandonner», écrit François.
Les paroles de Jésus ne suscitent pas de «conditionnement psychologique», il ne s’agit pas de «paroles “magiques” qui sont à la mode aujourd’hui et qui devraient tout résoudre». «La parole du Christ est d’une autre profondeur, elle est infiniment supérieure. Elle est une parole divine et créatrice, qui, seule, peut redonner la vie là où elle s’était éteinte», explique le Souverain Pontife aux jeunes.
Passer du virtuel au réel
Ce retour à la vie grâce au Christ entraîne un déploiement de l’être. La personne devient capable «de s’exprimer, de manifester sans peur et sans complexes ce qui l’habite, sa personnalité, ses désirs, ses besoins, ses rêves, décrit le Saint-Père. Peut-être ne l’avait-elle jamais fait auparavant, convaincue que personne ne pouvait la comprendre !». La «résurrection» fait aussi entrer dans une relation véritable, et c’est dans cette dernière partie de son message que François se penche sur la vie relationnelle à l’heure des nouvelles technologies.
«Souvent, aujourd’hui, il y a “connexion” mais pas de communication. L’utilisation des dispositifs électroniques, si elle n’est pas équilibrée, peut nous rendre toujours rivés à un écran», met en garde le Pape, qui lance alors aux jeunes «le défi d’un tournant culturel». «Dans une culture qui veut des jeunes isolés et repliés sur des mondes virtuels, faisons circuler cette parole de Jésus: “Lève-toi !”». Pour François, cela «ne veut pas dire mépriser la technologie, mais l’utiliser comme un moyen et non comme une fin».
Il espère que par ces paroles, «beaucoup de visages éteints de jeunes autour de nous s’animeront et deviendront beaucoup plus beaux que n’importe quelle réalité virtuelle». Le Saint-Père interpelle alors vigoureusement les jeunes pour qu’ils se lèvent, découvrent leurs passions et leurs rêves et les mettent en œuvre, afin de proposer au «monde, à l’Église, aux autres jeunes, quelque chose de beau dans le domaine spirituel, artistique, social». Ainsi chacun «peut devenir témoin du Christ et donner sa vie pour lui».
François termine en confiant tous les jeunes du monde à la prière de Marie, car dans l’évangile, «la résurrection du garçon le rend à sa mère». Il invite aussi à prier Marie «pour l’Église, pour qu’elle soit toujours mère de ses enfants qui sont dans la mort, pleurant et invoquant leur renaissance». «Pour chacun de ses enfants qui meurt, l’Eglise meurt aussi, et pour chaque enfant qui ressuscite, elle aussi ressuscite», conclut le Pape.
Lire le message du Pape en intégralité
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