Dimanche de la Miséricorde: face à la pandémie, tendre la main
C’est dans le «sanctuaire de la miséricorde à Rome», privé de ses fidèles en raison de la pandémie de coronavirus, que le Pape François a célébré la fête de la Miséricorde Divine, instituée par Saint Jean-Paul II, il y a vingt ans, le 30 avril 2000, jour de la canonisation de Sœur Faustine Kowalska, apôtre de la Divine Miséricorde. En ce deuxième dimanche de Pâques, le Saint-Père, commentant l’Évangile selon Saint Jean, a posé son regard sur l’apôtre Thomas et sur sa résurrection qui «s’accomplit quand son humanité fragile et blessée entre dans celle de Jésus».
«Une semaine s’est écoulée, une semaine que les disciples, bien qu’ayant vu le Ressuscité, ont passée dans la peur, « les portes verrouillées » (Jn 20, 26), sans même réussir à convaincre de la résurrection l’unique absent, Thomas. Le disciple, «arrivé en retard», lorsqu’il touche du doigts «la proximité amoureuse de Dieu», dans ces blessures et embrasse la miséricorde, «dépasse les autres disciples: il ne croit pas seulement à la résurrection, mais à l’amour sans limites de Dieu».
Cette résurrection du disciple commence, observe le Pape dans son homélie, «à partir de cette miséricorde fidèle et patiente, à partir de la découverte que Dieu ne se lasse pas de nous tendre la main pour nous relever de nos chutes». Il veut que nous le voyions, «non pas comme un patron à qui nous devons rendre des comptes, mais comme notre Papa qui nous relève toujours».
Confier au Seigneur nos précieuses fragilités
Alors que le monde entier est aujourd’hui traversé par une profonde souffrance liée à l’épidémie de Covid-19, le Pape invite à s’immerger dans cette miséricorde qui nous relève de terre, à l’image du disciple Thomas et de Sainte Faustine en confiant au Seigneur «nos misères» et en nous redécouvrant précieux dans nos fragilités.
«Dans l’épreuve que nous sommes en train de traverser, nous aussi, comme Thomas, avec nos craintes et nos doutes, nous nous sommes retrouvés fragiles. Nous avons besoin du Seigneur, qui voit en nous, au-delà de nos fragilités, une beauté indélébile».
Avec lui, relève le Pape François, «nous découvrons que nous sommes comme de très beaux cristaux, fragiles et en même temps précieux. Et si, comme le cristal, nous sommes transparents devant lui, sa lumière, la lumière de la miséricorde, brille en nous, et à travers nous, dans le monde».
Combattre le virus de l’égoïsme indifférent
Face à «une lente et pénible récupération, suite à la pandémie», le Saint-Père met en garde contre le danger d’«oublier celui qui est resté en arrière». Le risque, insiste-t-il, serait d’être infecté par «un virus pire encore, celui de l’égoïsme indifférent» qui peut porter «à sélectionner les personnes, à écarter les pauvres, à immoler sur l’autel du progrès celui qui est en arrière».
Cependant, poursuit-il, cette pandémie nous rappelle qu’«il n’y a ni différences ni frontières entre ceux qui souffrent. Nous sommes tous fragiles, tous égaux, tous précieux. Ce qui est en train de se passer nous secoue intérieurement: c’est le temps de supprimer les inégalités» en étant miséricordieux.
Bâtir un monde miséricordieux envers les plus vulnérables
Le Pape François exhorte alors à «construire un nouveau monde» à l’image de la communauté chrétienne des origines décrite dans le livre des Actes des Apôtres, «miséricordieux envers celui qui est plus faible». Il ne s’agit pas d’une idéologie, c’est le christianisme, précise le Saint-Père.
Déplorant qu’aujourd’hui, une petite partie de l’humanité soit allée de l’avant, tandis que la majorité est restée en arrière, le Pape souligne que cette épreuve offre l’occasion de préparer l’avenir de tous non pas en privilégiant «nos intérêts partisans» mais en remédiant à «l’injustice qui mine à la racine la santé de l’humanité tout entière».
Sans une vision d’ensemble, il n’y aura d’avenir pour personne, conclut le Saint-Père, en souhaitant que «l’amour désarmé et désarmant de Jésus ressuscite le cœur du disciple et que nous aussi, comme l’apôtre Thomas, puissions accueillir la miséricorde, salut du monde».
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