Messe des Rameaux : s'inspirer des épreuves de Jésus pour faire face à celles d'aujourd'hui
Vatican News
En communion avec le monde entier, le Pape François a célébré cette messe du dimanche des Rameaux, seuls le cardinal Angelo Comastri, archiprêtre de la basilique Saint-Pierre et président de la Fabrique de Saint-Pierre, et son délégué Mgr Vittorio Lanzani, étaient présents aux côtés du Souverain pontife.
«Jésus ''s’est anéanti, prenant la condition de serviteur'' (Ph 2, 7)», a rappelé le Pape François au début de son homélie, dans une basilique Saint-Pierre vidée de ses fidèles, invitant les auditeurs du monde entier, qui pouvaient suivre ses paroles sur les médias ou les réseaux sociaux à se laisser introduire «dans les jours saints par ces mots de l’apôtre Paul, où la Parole de Dieu, comme un refrain, montre Jésus comme un serviteur : “le Jeudi saint il est le serviteur qui lave les pieds à ses disciples ; le Vendredi saint, il est présenté comme le serviteur souffrant et victorieux (cf. Is 52, 13)" ; et déjà demain, Isaïe prophétisera de lui : "Voici mon serviteur que je soutiens (Is 42, 1)”». Dieu nous a sauvés en nous servant, a expliqué le Souverain Pontife, «en général nous pensons que c’est à nous de servir Dieu. Non, c’est lui qui nous a servi gratuitement, parce qu’il nous a aimé en premier. Il est difficile d’aimer sans être aimés. Et il est encore plus difficile de servir si nous ne nous laissons pas servir par Dieu».
Le Pape qui a ensuite détaillé comment le Seigneur avait servi : «En donnant sa vie pour nous. Nous lui sommes chers et nous lui avons coûté cher. Sainte Angèle de Foligno a témoigné d’avoir entendu de Jésus ces paroles : ''Ce n’est pas pour rire que je t’ai aimée''. Son amour l’a conduit à se sacrifier pour nous, à prendre sur lui tout notre mal». Cet acte peut laisser «pantois», a continué le Saint-Père, «Dieu nous a sauvés en acceptant que notre mal s’acharne sur lui. Sans réagir, avec seulement l’humilité, la patience et l’obéissance du serviteur, exclusivement avec la force de l’amour. Et le Père a soutenu le service de Jésus : il n’a pas mis en déroute le mal qui s’abattait sur lui, mais il a soutenu sa souffrance, pour que notre mal soit vaincu seulement par le bien, pour qu’il soit traversé jusqu’au fond par l’amour. Jusqu’à la fin».
Le Seigneur nous a servis jusqu’à éprouver les situations les plus douloureuses pour qui aime : la trahison et l’abandon.
La trahison
Puis l'évêque de Rome a pris soin de détailler ces deux épreuves. Jésus a été trahi par des «gens qui l’acclamaient et qui ensuite ont crié : "Qu’il soit crucifié !" (Mt 27, 22). Il a été trahi par l’institution religieuse qui l’a condamné injustement et par l’institution politique qui s’est lavé les mains». Lorsque chacun découvre qu'il a été trahi, «naît au fond du cœur une déception telle que la vie semble ne plus avoir de sens. Cela arrive parce que nous sommes nés pour être aimés et pour aimer, et la chose la plus douloureuse c’est d’être trahi par celui qui a promis de nous être loyal et proche. Nous ne pouvons pas non plus imaginer comme cela a été douloureux pour Dieu, qui est amour».
Le Pape François a ainsi invité chacun à une introspection, «Si nous sommes sincères avec nous-mêmes, nous verrons nos infidélités. Que de fausseté, d’hypocrisies et de duplicités ! Que de bonnes intentions trahies ! Que de promesses non tenues ! Que de résolutions laissées s’évanouir !». Mais le Seigneur «connaît notre cœur mieux que nous, il sait combien nous sommes faibles et inconstants, combien de fois nous tombons, que de mal nous avons à nous relever et combien il est difficile de guérir certaines blessures». C'est pour cela qu'Il nous a guéri, «en prenant sur lui nos infidélités, en enlevant nos trahisons. De sorte que, au lieu de nous décourager par peur de ne pas y arriver, nous pouvons lever notre regard vers le Crucifié, recevoir son embrassade et dire : “Voilà, mon infidélité est là, tu l’as prise, toi, Jésus. Tu m’ouvres les bras, tu me sers par ton amour, tu continues à me soutenir…Alors j’avance !”».
L’abandon
Ensuite vint l'épreuve de l'abandon. «Sur la croix, dans l’Evangile d’aujourd’hui, Jésus dit une phrase, une seule : ''Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?'' (Mt 27, 46). C’est une phrase forte». Pour la première fois, Jésus qui avait souffert de l'abandon des siens, utilisait le nom de «Dieu», pour crier un «pourquoi» déchirant, «Ce sont en réalité les paroles d’un Psaume (cf. 21, 2) : on y dit que Jésus a aussi porté en prière l’extrême désolation».
De nouveau, cette épreuve était faite pour nous servir, a continué le Souverain Pontife, pour «que lorsque nous nous sentons le dos au mur, que nous nous rappelions que nous ne sommes pas seuls. Jésus a éprouvé l’abandon total, la situation qui lui est la plus étrangère, afin de nous être solidaire en tout. Il l’a fait pour moi, pour toi, pour te dire : “N’aie pas peur, tu n’es pas seul. J’ai éprouvé toute ta désolation pour être toujours à ton côté ”». Voilà ainsi jusqu’où Jésus nous a servi, «descendant dans l’abîme de nos souffrances les plus atroces, jusqu’à la trahison et à l’abandon».
Une telle épreuve doit nous servir aujourd'hui, «dans le drame de la pandémie, face à tant de certitudes qui s’effritent, face à tant d’attentes trahies, dans le sens d’un abandon qui nous serre le cœur, Jésus dit à chacun de nous :“Courage : ouvre ton cœur à mon amour. Tu sentiras la consolation de Dieu, qui te soutient”».
Ne pas trahir et ne pas abandonner
Que pouvons-nous faire devant Dieu qui nous a servis jusqu’à éprouver la trahison et l’abandon? a alors demandé le Saint-Père. «Nous pouvons ne pas trahir celui pour qui nous avons été créés, ne pas abandonner ce qui compte. Nous sommes au monde pour l’aimer, lui et les autres. Le reste passe, cela demeure». L'épreuve que le monde est en train de traverser «nous pousse à prendre au sérieux ce qui est sérieux, et à ne pas nous perdre dans des choses de peu de valeur ; à redécouvrir que la vie ne sert à rien si on ne sert pas. Parce que la vie se mesure sur l’amour».
Puis, le Pape a invité les fidèles, en ces jours saints, à la maison, à se tenir devant le Crucifié, «devant Dieu qui nous sert jusqu’à donner sa vie, demandons la grâce de vivre pour servir. Cherchons à contacter celui qui souffre, celui qui est seul et dans le besoin. Ne pensons pas seulement à ce qui nous manque, mais au bien que nous pouvons faire».
Aimer, prier, pardonner, prendre soin des autres, en famille comme dans la société, cela peut sembler un chemin de croix, a concédé François, «mais le chemin du service est le chemin vainqueur, qui nous a sauvés et qui nous sauve la vie».
En conclusion de son homélie, le Saint-Père a tenu à avoir une pensée particulière pour les jeunes, en cette journée qui leur est consacrée, «Chers amis, regardez les vrais héros, qui apparaissent ces jours-ci : ce ne sont pas ceux qui ont renommée, argent et succès, mais ceux qui se donnent eux-mêmes pour servir les autres. Sentez-vous appelés à mettre en jeu votre vie. N’ayez pas peur de la dépenser pour Dieu et pour les autres, vous y gagnerez ! Parce que la vie est un don qui se reçoit en se donnant. Et parce que la joie la plus grande est de dire oui à l’amour, sans si et sans mais. Comme Jésus pour nous».
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