Revenir à la Déclaration Schuman pour construire l’Europe de demain
Le 9 mai 1950, il y a 70 ans, le ministre français des Affaires étrangères Robert Schuman prononçait un discours historique proposant la création d'une Communauté européenne du charbon et de l'acier (CECA), première étape d'un parcours qui, à travers une série d'institutions continentales, conduirait quarante ans plus tard à la naissance de l'Union européenne.
Parce que la Déclaration Schuman a donné la première impulsion à la construction du projet européen, les institutions européennes ont choisi la date du 9 mai pour célébrer chaque année la Journée de l’Europe.
Au lendemain de cette fête, le Pape a tenu à souligner à l’issue de la prière du Regina Caeli, les mérites de la Déclaration Schuman qui «a inspiré le processus d’intégration européenne», permettant «la réconciliation des peuples du continent après la Seconde Guerre mondiale» ainsi que «la longue période de stabilité et de paix dont nous bénéficions aujourd’hui».
Le Souverain Pontife a espéré que «l’esprit de la déclaration Schuman ne manque pas d’inspirer ceux qui ont la responsabilité de l’Union européenne». Ces derniers sont appelés à «affronter les conséquences sociales et économiques» liés à la pandémie de Covid-19 «dans un esprit de concorde et de collaboration».
Chômage et récession
L’épidémie a déjà de graves conséquences socio-économiques pour toute l'Union européenne, une chute de l'inflation et une remontée du chômage à 9 % cette année contre 6,7 % en 2019 sont annoncées par la Commission européenne. Le 6 mai dernier dans ses prévisions de printemps, l’institution prédisait également «la récession la plus profonde de la zone euro» de -7,7% en 2020.
Vendredi, les 19 ministres des Finances de la zone euro se sont entendus sur les détails d'une première riposte à la crise engendrée par le nouveau coronavirus. Le Mécanisme européen de stabilité (MES), le fonds de sauvetage de la zone euro né en 2012, pourra mettre à la disposition des pays les plus touchés des lignes de crédits "de précaution", pouvant atteindre jusqu'à 2% de leur PIB. Tout reste cependant à faire pour faire repartir les économies de l’UE. La Commission européenne est chargée de présenter courant mai des propositions sur ce plan de sortie de crise qui divise pour l’instant les 27 État membres.
«Aller de l’avant, comme frères»
Les enjeux socio-économique et politique sont de taille, et le Pape multiplie ses appels aux responsables européens. «En ce temps où tant d'unité est nécessaire entre nous, entre les nations, prions aujourd'hui pour l'Europe, afin que l'Europe ait cette unité, cette unité fraternelle dont rêvaient les pères fondateurs de l'Union européenne», affirma-t-il lors de sa messe à Sainte-Marthe du 22 avril dernier.
Le Pape avait également profité de la solennité de sainte Catherine de Sienne, vierge, Docteur de l’Église, patronne d’Italie et d’Europe, pour prier «pour l’unité de l’Europe, pour l’unité de l’Union européenne afin que tous ensemble nous puissions aller de l’avant, comme frères.»
L’invitation du Pape à l’unité fraternelle et la solidarité pour réactualiser l’idée de l'Europe, n’est pas nouvelle. Trois ans avant la pandémie, le 24 mars 2017, à l’occasion du 60e anniversaire des traités de Rome, François soulignait que «l'Europe trouve l'espérance dans la solidarité qui est aussi l'antidote le plus efficace au populisme moderne». «La solidarité», disait-il, «n'est pas une bonne intention : elle est caractérisée par des faits et des gestes concrets». Devant les chefs d'État et de gouvernement de l'Union européenne qu’il recevait au Vatican, il rappelait qu'à partir de la solidarité, il fallait «recommencer à penser de manière européenne». Pour lui, «personne ne se sauvera tout seul», ainsi qu’il le rappelait lors de sa dernière bénédiction Urbi et Orbi.
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