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Le Pape reçoit en audience une délégation de Lombardie, le 20 juin 2020 Le Pape reçoit en audience une délégation de Lombardie, le 20 juin 2020 

Le Pape aux Lombards: «Que finisse bien ce miracle que vous avez commencé !»

Le Saint-Père a reçu ce samedi 20 juin en Salle Clémentine une importante délégation de Lombardie, région la plus éprouvée par la pandémie de coronavirus qui a frappé la péninsule. À ces autorités politiques, membres du clergé, médecins et infirmières, il a adressé de chaleureux remerciements, et les a invités à conserver l’esprit de fraternité et d’abandon à Dieu dont ils ont fait preuve.

Adélaïde Patrignani – Cité du Vatican

Après près de quatre mois sans groupe reçu en audience dans le Palais apostolique, le Saint-Père a rencontré ce matin une délégation emblématique de l’épreuve traversée depuis fin février par l’Italie, où le coronavirus a fait plus de 238 000 malades et presque 35 000 morts, avec d’importants foyers dans le Nord de la péninsule.

De cette délégation faisaient notamment partie le président de la région Lombardie, l’archevêque de Milan, les évêques des villes lombardes les plus touchées par la pandémie – dont Bergame et Crémone - ainsi que celui de Padoue, en Vénétie, et de nombreux médecins, infirmiers, membres de la protection civile italienne, des prêtres et des personnes consacrées.

Un exemple de dévouement en temps de «grande épreuve»

Le Pape a d’emblée remercié toutes les différentes composantes de la société italienne pour leur «générosité» et leur «engagement» dans la lutte contre le coronavirus. Puis il a rendu un hommage appuyé au personnel soignant, acteur d’un «service difficile et parfois héroïque». Médecins, infirmières, opérateurs sanitaires: tous ont été le «signe visible d’une humanité qui réchauffe le cœur» a souligné François, avant d’inviter à une prière reconnaissante pour ceux qui ont perdu la vie en soignant les malades.

«Dans le tourbillon d’une épidémie aux effets ravageurs et inattendus, la présence fiable et généreuse du personnel médical et paramédical a constitué un point de référence sûr, avant tout pour les malades, mais de manière vraiment spéciale pour leurs proches», qui ne pouvaient se rendre à leur chevet. Et le Saint-Père de décrire l’activité de ces «anges» qui n’ont pas seulement soigné, mais aussi consolé, soutenu, et parfois accompagné les malades «jusqu’au seuil de la rencontre finale avec le Seigneur». Ces soignants ont été «de silencieux artisans de la culture de la proximité et de la tendresse», a estimé le Pape, louant leurs «petits gestes de créativité, d’amour».

«Le monde entier a pu voir quel bien vous avez fait dans une situation de grande épreuve», a-t-il continué, notant que l’«espérance» vient aussi de ces exemples de «professionnalisme et [d’]abnégation». «Vous avez été l’un des piliers du pays tout entier» a résumé François avec gratitude.  

Construire l’avenir en restant solidaires

Le Souverain Pontife est ensuite revenu sur les fruits que peut dès maintenant porter «toute cette énergie positive» au sein de la population italienne. «La pandémie a profondément marquée la vie des personnes et l’histoire des communautés», a déclaré le Pape, et le devoir de mémoire exige à présent de «construire l’avenir». «Il s’agit de repartir des innombrables témoignages d’amour généreux et gratuit, qui ont laissé une empreinte indélébile dans les conscience et dans le tissu de la société, a-t-il précisé, en nous enseignant combien nous avons besoin de proximité, de soin, de sacrifice pour alimenter la fraternité et la cohabitation civile».

«De cette manière, nous pourrons sortir de cette crise spirituellement et moralement plus fort» a indiqué François, estimant que cela dépendait «de la conscience et de la responsabilité de chacun», mais «ensemble et avec la grâce de Dieu». D’où l’appel du Pape à témoigner d’une part «que Dieu ne nous abandonne pas, mais il donne du sens, dans le Christ, à cette réalité et à notre limite; qu’avec son aide on peut affronter les études les plus dures». Et d’autre part, il est nécessaire de rester en communion les uns avec les autres: «maintenant plus que jamais s’est montrée illusoire la prétention à tout miser sur soi-même, […] à faire de l’individualisme le principe directeur de notre société», s’est élevé François. «Soyons attentifs, parce qu’à peine l’urgence passée, il est facile de glisser, il est facile retomber dans cette illusion», a-t-il averti, appelant particulièrement à prier Dieu le Père.

Hommage aux prêtres italiens

Dans la dernière partie de son allocution, le Pape est donc revenu plus spécialement sur la manière dont les fidèles ont vécu leur foi durant les semaines de confinement, souvent dans l’impossibilité de se rendre à l’église, mais «spirituellement unis et percevant que l’étreinte du Seigneur allait au-delà des limites de l’espace». «Le zèle pastoral et la sollicitude créative des prêtres ont aidé les gens à continuer leur chemin de foi et à ne pas rester seul face à la douleur et à la peur», a également souligné François, admiratif de l’«esprit apostolique de tant de prêtres», «signe de la présence consolante de Dieu». Par mille petits gestes, ils ont su être «des pères et non des adolescents», a reconnu le Pape, qui venait de qualifier d’«adolescents» les comportements de quelques-uns d’entre eux qui avaient bravé les mesures de prévention des autorités. Mais «la plus grande partie ont été obéissants et créatifs», a ajouté le Saint-Père.  

Saluant «tout le clergé italien, qui a fait preuve de courage et d’amour des personnes», le Pape a rendu hommage aux prêtres décédés en raison de la Covid-19 - au moins 121 dans la péninsule, selon le quotidien Avvenire.

«Vous avez commencé un miracle» a conclu François en s’adressant cette fois à tous, «médecins, personnel paramédical, volontaires, prêtres, religieux et laïcs», avant de citer un personnages des Fiancés de Manzoni: “Je n’ai jamais vu Dieu commencer un miracle et ne pas le terminer”. D’où ce vœu du Saint-Père à son auditoire: «Que finisse bien ce miracle que vous avez commencé !»

En Italie, le nombre quotidien de nouveaux cas positifs au coronavirus tend à diminuer. 251 malades supplémentaires ont été enregistrés le 19 juin, contre 333 la veille. 157 personnes nouvellement atteintes résident en Lombardie, qui reste la région la plus touchée de la péninsule. La tendance à la baisse se confirme aussi du côté des décès, avec 47 morts enregistrés en 24 heures ce 19 juin – dont 18 en Lombardie-, contre 66 la veille. Un peu plus de 2700 malades sont hospitalisés, et moins de 20 000 personnes restent pour l’heure en isolement à domicile dans la péninsule italienne. 

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20 juin 2020, 13:02