Audience générale: dans le monde de l'après-pandémie, réaffirmer le principe de subsidiarité
Xavier Sartre – Cité du Vatican
La subsidiarité est nécessaire à la solidarité pour sortir de la crise, car «il n'y a pas de vraie solidarité sans participation sociale, sans la contribution des corps intermédiaires: des familles, des associations, des coopératives, des petites entreprises, des expressions de la société civile.» «Cette participation aide à prévenir et à corriger certains aspects négatifs de la mondialisation et de l'action des États, comme cela se produit également dans le soin des personnes frappées par la pandémie. Ces contributions “d'en-bas” doivent être encouragées» exhorte François.
«Chacun de nous est appelé à assumer sa part de responsabilité», surtout dans une crise comme celle que nous traversons. Le Pape François précise que nous devons le faire «non seulement en tant que personnes individuelles, mais également à partir de notre groupe d'appartenance, du rôle que nous avons dans la société, de nos principes et, si nous sommes croyants, de la foi en Dieu».
Un principe nécessaire
Tous, cependant, ne peuvent pas le faire. Les uns parce qu'ils sont marginalisés, exclues ou ignorés, les autres parce qu'ils sont écrasés économiquement ou politiquement. Enfin, «dans certaines sociétés, de nombreuses personnes ne sont pas libres d'exprimer leur foi et leurs valeurs. Ailleurs, en particulier dans le monde occidental, beaucoup de gens auto-répriment leurs convictions éthiques ou religieuses. Mais ainsi on ne peut pas sortir de la crise, ou en tout cas on ne peut pas en sortir meilleurs» met en garde le Saint-Père.
Dans ce contexte, le principe de subsidiarité, qui «a un double dynamisme: du haut vers le bas et du bas vers le haut», apparaît donc comme le meilleur moyen de reconstruire, comme Pie XI l'affirma au temps de la Grande Dépression des années 1930. L'État doit donc agir quand «les personnes individuelles, les familles, les petites associations ou les communautés locales ne sont pas en mesure d'atteindre les objectifs primaires». C'est pourquoi, dans le cadre, du confinement, «les institutions publiques cherchent à apporter leur aide à travers des interventions appropriées».
La subsidiarité bafouée
Mais «la contribution des individus, des familles, des associations, des entreprises, de tous les corps intermédiaires et également des Églises est décisive» prévient François, car «avec leurs ressources culturelles, religieuses, économiques ou de participation civique, revitalisent et renforcent le corps social».
Ce n'est pourtant pas le cas partout. Le Pape dénonce ainsi les lieux où la «sagesse» de ces groupes sociaux n'est pas prise en compte comme dans les régions d'extraction minières. «Les voix des peuples autochtones, leurs cultures et leurs visions du monde ne sont pas prises en considération», affirme-t-il. «Ce manque de respect du principe de subsidiarité s'est diffusé comme un virus» regrette-t-il, pointant du doigt les «grandes compagnies multinationales» que l'on écoute davantage que «les mouvements sociaux», «les grandes compagnies pharmaceutiques que les agents de santé, engagés en première ligne dans les hôpitaux ou dans les camps de réfugiés.» «Ce n'est pas bonne voie» s'exclame le Saint-Père.
Rêver en grand
«Pour mieux sortir d'une crise, le principe de subsidiarité doit être appliqué, en respectant l'autonomie et la capacité d'initiative de tous, en particulier des derniers» explique alors le Pape, rappelant que «toutes les parties d'un corps sont nécessaires et, comme le dit saint Paul, ces parties qui pourrait sembler les plus faibles et les moins importantes, sont en réalité les plus nécessaires». Chacun assume un rôle et cette mise en œuvre donne «espérance» dans un avenir «plus sain et juste» que nous construisons ensemble «en aspirant aux choses plus grandes, en élargissant nos horizons.»
Se souvenant d'un geste très diffusé dans plusieurs pays pendant le confinement, les applaudissements au corps médical, le Pape invite à l'étendre aux personnes âgées, aux enfants, aux porteurs de handicap, aux travailleurs mais à aller au-delà. «Encourageons-nous à rêver en grand, en cherchant les idéaux de justice et d'amour social qui naissent de l'espérance. N'essayons pas de reconstruire le passé, en particulier celui qui était injuste et déjà malade. Construisons un avenir où la dimension locale et celle mondiale s'enrichissent mutuellement, où la beauté et la richesse des groupes mineurs puisse fleurir, et où celui qui a davantage s'engage à servir et à donner plus à celui qui a moins».
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