Audience: l’Église n’est pas un «club d’amis» mais l'«œuvre de l’Esprit Saint»
Adélaïde Patrignani - Cité du Vatican
S’inspirer de la prière de la communauté primitive de Jérusalem pour vivre sa foi dans le monde actuel: telle fut la proposition du Saint-Père lors de l’audience de ce mercredi, qui s’est déroulée dans la Bibliothèque du Palais apostolique.
Les quatre piliers de la vie ecclésiale
«Les écrits apostoliques et la grande narration des Actes des apôtres», a d’abord expliqué le Pape, décrivent une communauté qui constitue «un point de référence pour toute autre expérience chrétienne».
Quatre caractéristiques lui étaient propres: «l’écoute de l'enseignement des apôtres, la préservation de la communion réciproque, la fraction du pain et la prière». Il s’agit là de fondements pour l’Église actuelle, laquelle n’a de sens que «si elle reste solidement unie au Christ», a rappelé le Souverain Pontife.
La «recherche constante de la communion fraternelle préserve des égoïsmes et des particularismes», a-t-il précisé. La fraction du pain «réalise le sacrement de la présence de Jésus parmi nous: Il ne sera jamais absent, dans l’Eucharistie, c’est vraiment Lui, Il vit et marche avec nous». La prière est quant à elle «l'espace de dialogue avec le Père, à travers le Christ dans l'Esprit Saint».
Savoir discerner ce qui fait l’Église
Ces points cardinaux constituent aussi des points de discernement pour aujourd’hui. «Toute situation doit être évaluée à la lumière de ces quatre coordonnées», a ajouté François. «Ce qui n’entre pas dans ces coordonnées est privé d’ecclésialité, ce n’est pas ecclésial».
Et le Pape de parler - plus longuement et de manière improvisée - de l’Église qui n’est pas «un marché», ni «un groupe d’entrepreneurs qui vont de l’avant avec cette entreprise nouvelle». Elle est «l’œuvre de l’Esprit Saint que Jésus nous a envoyé pour nous rassembler».
«Parfois, a confié François, je ressens une grande tristesse quand je vois une communauté [faire preuve de] bonne volonté, mais qui se trompe de route car elle pense faire Église par des rassemblements, comme s’il s’agissait d’un parti politique». Elle raisonne alors en termes de «majorité» et «minorité», à la manière d’une «société humaine», d’une «entreprise», et s’égare, finissant par se réduite à «un club d’amis» exempt de toute «synodalité».
Le Saint-Père a particulièrement insisté sur ces «quatre coordonnées» que sont la prédication, la vie communautaire, l’Eucharistie et la prière. «S’il manque cela, il manque l’Esprit Saint, et s’il manque l’Esprit Saint, nous serons une belle association humaniste (…), un parti, disons-le ainsi, ecclésial». Mais ce ne sera pas l’Église, laquelle grandit «non par prosélytisme», mais «par attraction», suscitée par l’Esprit Saint qui «attire à Jésus».
Puiser la force de témoigner du Christ
Le Pape François est ensuite revenu au thème de la prière, où l’on est «immergé dans le mystère de Dieu, ce mystère qui aime tous les hommes et veut que l’Évangile soit annoncé à tous». Elle est le lieu où l’on peut faire l’expérience de la présence du Christ ressuscité. «Les membres de la première communauté chrétienne – mais cela vaut pour aujourd’hui – perçoivent que l’histoire de la rencontre avec Jésus ne finit pas au moment de l’Ascension mais se poursuit dans leur vie et dans la vie de l’Église», a expliqué le Successeur de Pierre.
La prière permet d’accueillir l’Esprit Saint, qui «rappelle le Christ à son Église en prière, non pas comme un simple souvenir, mais en le rendant présent et agissant, la poussant à annoncer et à servir». Il alimente la «ferveur» et «donne la force aux prédicateurs qui se mettent en voyage, et qui par amour de Jésus sillonnent les mers, affrontent des dangers, se soumettent à des humiliations».
Invitation à l’adoration
«Dieu donne de l'amour et demande de l'amour. Telle est la racine mystique de toute la vie croyante», a enfin rappelé le Pape, encourageant les chrétiens d’aujourd’hui à s’enraciner davantage dans la prière et l’adoration, comme l’ont fait les générations de croyants des premiers siècles. «Adorer Dieu, adorer Jésus, adorer l’Esprit», «en silence»: l’adoration «est la prière qui nous fait reconnaître Dieu comme le principe et la fin de toute l’Histoire», elle est «le feu de l’Esprit qui donne force au témoignage et à la mission», a conclu François. «Par la prière, le chrétien vit, selon la parole de saint Paul, dans la foi au Fils de Dieu qui l’a aimé et qui s’est livré pour lui».
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