Attente et espérance, en route vers l’Avent avec les Papes
Delphine Allaire – Cité du Vatican
Rome, premier dimanche de l’Avent à l’aube d’un nouveau millénaire. Le 28 novembre 1999, lors de l’angélus place Saint-Pierre, le Pape Jean-Paul II inaugure un «Avent extraordinaire». «Il s'agit de l'Avent du grand Jubilé, au cours duquel nous célébrerons le bimillénaire de la venue du Sauveur dans l'humilité de notre nature humaine.»
Marie, icône de l’Avent
Cet Avent, caractérisé «par l'attente vigilante et active, nourrie d'amour et d'espérance», est un temps marial par excellence selon le Saint-Père polonais. C’est ainsi par «sa façon exemplaire d’avoir attendu et accueilli le Fils de Dieu fait homme», qu’elle nous enseigne à être humbles, exhortait Jean-Paul II, rappelant que «le regard de Dieu se pose sur l'humble». Quatre semaines pour l’avènement de l’humilité, mais aussi la compréhension toujours plus prégnante de la valeur de la prière et du silence intérieur.
La confiance certaine
Le troisième millénaire avait deux ans, quand le Souverain pontife venu de Cracovie appuyait ensuite un Avent synonyme d’espérance et de vigilance. Lors de l’angélus du premier dimanche de l’Avent 2001, Jean Paul II évoque non pas une «attente vaine d'un dieu sans visage», mais «une confiance concrète et certaine dans le retour de Celui qui nous a déjà rendu visite».
«C'est une espérance qui invite à la vigilance, vertu caractéristique de ce temps liturgique particulier. Vigilance dans la prière, animée par une attente pleine d'amour; vigilance dans le dynamisme de la charité concrète, conscient que le Royaume de Dieu devient proche là où les hommes apprennent à vivre en frères.», relevait-il.
Retour glorieux et naissance dans la crèche
Son successeur bavarois réfléchissait quant à lui sur la dimension du temps, qui exerce toujours une grande fascination.
Lors du premier dimanche de l’Avent de l’année 2005, le Pape Benoit XVI relevait «un double mouvement dans l’esprit» vécu par les chrétiens. «D'une part, il élève le regard vers l'objectif final de son pèlerinage dans l'histoire, qui est le retour glorieux du Seigneur Jésus, de l'autre, rappelant avec émotion sa naissance à Bethléem, il s'incline devant la crèche.»
L’homme est vivant tant qu’il attend
L'espérance des chrétiens est tournée vers l'avenir, mais reste toujours bien enracinée dans un événement du passé, soulignait-il. Deux directions à nouveau sollicitées trois ans plus tard, lors du premier dimanche de l’Avent 2008. «L’Avent nous invite tout d'abord à réveiller l'attente du retour glorieux du Christ; puis, Noël s'approchant, il nous appelle à accueillir le Verbe fait homme pour notre salut», expliquait Benoit XVI.
«On pourrait dire que l'homme est vivant tant qu'il attend, tant que l'espérance est vivante en son cœur», ajoutait-il le premier dimanche de l’Avent 2010.
Être disposé aux surprises
Le Pape François pour sa part est largement revenu sur la promesse des surprises de Dieu en cette période. «Vivre l’Avent, c’est opter pour l’inédit». Les hommes ont tendance à toujours vouloir des choses nouvelles car nous sommes nés pour de grandes choses, affirmait le Pape le 1er décembre 2018, s’adressant aux diocèses des Pouilles, invitant à se montrer «disponible à changer nos plans».
«Il ne faut pas vivre d’attentes», qui ne pourraient ne pas être comblées, mais «vivre dans l’attente, c’est-à-dire désirer que le Seigneur nous apporte de la nouveauté». Mais il faut savoir attendre. C’est un beau et joyeux moment, assurait le Pape. Une joie dont les chrétiens doivent témoigner, non pas en restant «les mains dans les poches, mais actifs dans l’amour». La vie devient alors «de grandes fiançailles».
Pacifier, s’émerveiller
Enfin, l’Avent comme temps pour se pacifier soi-même a aussi été développé par François; c’était lors de la messe à Sainte-Marthe du 4 décembre 2018.
«Tant de fois, nous ne sommes pas en paix, nous sommes anxieux, angoissés, sans espérance et le Seigneur nous pose cette question: "comment est ton âme, aujourd'hui ? Est-elle en paix ?"». Si tel n’est pas le cas, le Pape exhortait à demander au Prince de la Paix de venir lui-même la pacifier, «pour se préparer à notre rencontre avec Lui.»
L’objectif est aussi de savoir s’émerveiller devant toutes les surprises de Dieu, lui donner «la primauté» et, concrètement, se laisser interroger par les besoins de notre prochain, sans attendre qu'il nous demande de l'aide. Il convient d’apprendre à «anticiper, comme Dieu le fait toujours avec nous», soulignait François lors de l’angélus du premier dimanche de l’Avent 2019. Une primauté à Dieu d’autant plus essentielle au terme de cette année 2020 marquée par de nombreux troubles et drames d'une ampleur imprévue.
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