Messe de la nuit de Noël: Jésus nous offre un «amour désarmé et désarmant»
Vatican News
La liturgie de la nuit de Noël a été déployé avec solennité, mais aussi simplicité, lors d’une messe en petit comité à l’autel de la Chaire de Saint-Pierre. Compte tenu de la pandémie de coronavirus, le nombre de fidèles était limité à une centaine de personnes, et l’horaire avait été avancé à 19h30, comme dans de nombreuses paroisses italiennes, afin de laisser le temps aux participants de regagner leurs logements avant le couvre-feu imposé à 22h par le gouvernement italien.
Le Pape François a développé dans son homélie une méditation partant de la prophétie d’Isaïe: «Un enfant est né pour nous, un fils nous a été donné» (Is. 9, 5). «On entend souvent dire que la joie la plus grande de la vie est la naissance d’un enfant, a remarqué le Pape. C’est une chose extraordinaire qui change tout, qui met en mouvement des énergies imprévues et fait surmonter fatigues, gênes et nuits blanches, parce qu’elle porte un bonheur indescriptible face auquel rien ne compte plus. C’est ainsi qu’est Noël: la naissance de Jésus est la nouveauté qui nous permet chaque année de renaître de l’intérieur, de trouver en lui la force d’affronter toute épreuve.»
En s’incarnant, Dieu fait de nous ses enfants
Et à travers cette naissance, «Dieu vient au monde comme fils pour nous rendre fils de Dieu». C’est le sens du «pour nous» qu’exprime la prophétie d’Isaïe. «Dieu dit à chacun de nous : “Tu es une merveille” . Sœur, frère, ne perd pas courage. As-tu la tentation de te sentir fautif ? Dieu te dit : "Non tu es mon fils!" As-tu la sensation de ne pas y arriver, la crainte d’être inadapté, la peur de ne pas sortir du tunnel de l’épreuve ? Dieu te dit : “Courage, je suis avec toi”. Il ne te le dit pas en paroles, mais en se faisant fils comme toi et pour toi, pour te rappeler le point de départ de toute renaissance: te reconnaître fils de Dieu, fille de Dieu. »
Et face à cette réalité puissante, nos blessures et nos échecs importent peu. «Cela ne dépendra jamais de nous : c’est un amour gratuit, une pure grâce. Tout est grâce, tout est gratuit, rien ne dépend de nos mérites.»
Rien ne doit faire obstacle à la grâce
Certes, Dieu «nous surestime», mais cela ne doit pas nous empêcher de recevoir sa grâce, car Il «sait que l’unique façon pour nous sauver, pour nous guérir de l’intérieur, c’est de nous aimer. Il sait que nous nous améliorons seulement en accueillant son amour infatigable, qui ne change pas mais nous change. Seul l’amour de Jésus transforme la vie, guérit les blessures les plus profondes, libère des cercles vicieux de l’insatisfaction, de la colère et de la plainte.»
À travers sa naissance de Jésus dans une mangeoire de Bethléem, Dieu est allé «jusqu’à toucher de son amour concret la pire de nos misères. Le Fils de Dieu est né rejeté pour nous dire que toute personne rejetée est enfant de Dieu. Il est venu au monde comme vient au monde un petit enfant, faible et fragile, pour que nous puissions accueillir avec tendresse nos fragilités.» Le projet de Dieu est aussi de nous aider à nous orienter dans la vie, pour savoir où chercher et trouver une vraie nourriture. «À Bethléem, qui signifie “Maison du pain”, Dieu est dans une mangeoire comme pour nous rappeler que, pour vivre, nous avons besoin de lui comme du pain à manger. Nous avons besoin de nous laisser traverser par son amour gratuit, infatigable, concret.» Cette condition précaire de la naissance de Jésus doit nous pousser à ne pas nous laisser piéger par des «mangeoires de vanité», superficielles et divertissantes.
Trouver le langage de la bonté
«Cette mangeoire, pauvre de tout et riche d’amour, enseigne que la nourriture de la vie est le fait de nous laisser aimer par Dieu et d’aimer les autres, a encore précisé l’évêque de Rome. Jésus nous donne l’exemple : Lui, le Verbe de Dieu, est un bébé; il ne parle pas, mais il offre sa vie. Nous par contre nous parlons beaucoup, mais nous sommes souvent analphabètes de bonté. »
Les conditions de sa naissance sont l’expression d’un «amour désarmé et désarmant». Elles nous rappellent que «le temps que nous avons ne sert pas à pleurer sur notre sort, mais à consoler les larmes de celui qui souffre. Dieu élit domicile tout près de nous, pauvre et dans le besoin, pour nous dire qu’en servant les pauvres nous l’aimerons lui». Le Pape François a alors cité la poétesse américaine Emily Dickinson (1830-1886), qui a vécu l’essentiel de sa vie recluse dans sa chambre mais qui avait compris le sens de la présence de Dieu dans le monde: «La résidence de Dieu est à côté de la mienne. La décoration est l’amour.»
«C’est toi, Jésus, le Fils qui me rend fils. Tu m’aimes comme je suis, non comme je me rêve. En t’embrassant toi, Enfant de la mangeoire, j’embrasse à nouveau ma vie. En t’accueillant toi, Pain de vie, moi aussi je veux donner ma vie. Toi qui me sauves, enseigne-moi à servir. Toi qui ne me laisses pas seul, aide-moi à consoler tes frères, parce qu’à partir de cette nuit ils sont tous mes frères», a conclu le Pape.
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