Bénédiction Urbi et Orbi: fraternité et vaccins, les antidotes à la pandémie
Adélaïde Patrignani – Cité du Vatican
«Un enfant est né: la naissance est toujours source d’espérance, elle est vie qui s’épanouit, elle est promesse d’avenir», a souligné le Saint-Père au début de son message “À la ville et au monde”. Au terme d’une année qui a rudement mis à l’épreuve la famille humaine, le Pape François est venu rappeler l’Enfant Jésus est «né pour nous», «pour tous»: «un nous sans frontières, sans privilèges ni exclusions».
C’est donc un appel à la fraternité, dont nous avons «plus que jamais besoin», que le Souverain Pontife a d'emblée lancé depuis la Salle des Bénédictions. «Grâce à cet Enfant, nous pouvons tous nous appeler, et être réellement, frères», a-t-il assuré. Une fraternité qui n’est pas «faite de belles paroles, d’idéaux abstraits, de vagues sentiments», mais qui est «basée sur l’amour réel», capable de compassion, de relation et de disponibilité.
Pour une vaccination à la portée de tous
Le Saint-Père s’est ensuite exprimé sur le défi de l’accessibilité aux vaccins qui surgit dans la phase actuelle de la pandémie de coronavirus. «Aujourd'hui, en cette période d'obscurité et d'incertitude due à la pandémie, plusieurs lueurs d'espoir apparaissent, comme les découvertes de vaccins. Mais pour que ces lumières illuminent et apportent de l'espoir au monde entier, elles doivent être accessibles à tous», a-t-il plaidé. Le Pape s’est élevé contre les «nationalismes fermés» et «le virus de l'individualisme radical» qui rend indifférent à la souffrance de son prochain. «Je ne peux pas me mettre devant les autres, en plaçant les lois du marché et les brevets d'invention au-dessus des lois de l'amour et de la santé de l'humanité», a expliqué François, implorant «les responsables des États, des entreprises, des organismes internationaux, à promouvoir la coopération et non la concurrence, et à rechercher une solution pour tous, des vaccins pour tous, en particulier pour les plus vulnérables et les plus nécessiteux».
«Face à un défi qui ne connait pas de frontières, on ne peut pas ériger de barrières. Nous sommes tous dans le même bateau», a-t-il lancé.
Le Successeur de Pierre a également appelé à la proximité envers les personnes malades, celles qui sont «sans travail ou sont en grave difficulté en raison des conséquences économiques de la pandémie, comme aussi envers les femmes qui, durant ces mois de confinement, ont subi des violences domestiques».
Le Moyen-Orient, le Haut-Karabagh et l'Ukraine dans le cœur du Pape
Dans un second temps, le Saint-Père a invoqué le Fils de Dieu, pour qu’il répande sa Paix sur le monde entier. De très nombreux pays déchirés par la guerre et les conflits internes ont été nommés dans sa prière. François a d’abord eu une pensée pour «les trop nombreux enfants qui, partout dans le monde, spécialement en Syrie, en Irak et au Yémen, payent encore le prix fort de la guerre».
«Que ce temps soit propice à désamorcer les tensions dans tout le Moyen Orient et en Méditerranée orientale», a-t-il ensuite souhaité.
Et le Pape de mentionner «les blessures du peuple syrien bien aimé qui depuis maintenant dix ans est épuisé par la guerre et ses conséquences, aggravées ensuite par la pandémie». «Qu’il porte réconfort au peuple irakien et à tous ceux qui sont engagés sur le chemin de la réconciliation, en particulier aux Yézidis (…). Qu’il apporte la paix à la Libye et fasse que la nouvelle phase des négociations en cours conduise à la fin de toute forme d’hostilité dans le pays», a-t-il poursuivi. Il a également appelé au dialogue entre Israéliens et Palestiniens.
Au lendemain de la publication d’une lettre adressée aux habitants du Liban, François a exhorté les responsables politiques à s’engager «avec sérieux, honnêteté et transparence», afin que le Pays du Cèdre «puisse parcourir un chemin de réformes et continuer dans sa vocation de liberté et de cohabitation pacifique».
Il a également encouragé la communauté internationale et les pays concernés «à poursuivre le cessez-le-feu au Haut-Karabagh, comme aussi dans les régions orientales de l’Ukraine, et à favoriser le dialogue, unique voie qui conduise à la paix et à la réconciliation».
Bâtir la paix en Afrique et en Amérique du Sud
Le Saint-Père a ensuite demandé au Seigneur de poser son regard sur l’Afrique, pour soulager les souffrances des populations «du Burkina Faso, du Mali et du Niger», faire cesser les violences en Éthiopie, réconforter les habitants de la région de Cabo Delgado, au Nord du Mozambique, «victimes de la violence du terrorisme international». Il a aussi demandé l’approfondissement des efforts de paix entre les «responsables du Soudan du Sud, du Nigéria et du Cameroun».
«Que le Verbe éternel du Père soit source d’espérance pour le continent américain, particulièrement touché par le coronavirus qui a exacerbé les nombreuses souffrances qui l’oppriment, souvent aggravées par les conséquences de la corruption et du narcotrafic», a poursuivi le Souverain Pontife, mentionnant en particulier le Chili et le Venezuela.
Pensée pour les victimes d’inondations en Asie et pour les Rohingyas
Enfin, le continent asiatique a été confié à la protection du Christ, en particulier les populations «affligées par les catastrophes naturelles dans le Sud-Est asiatique», comme aux Philippines ou au Vietnam, où de dramatiques inondations ont eu lieu cette année. «En pensant à l’Asie, je ne peux pas oublier le peuple Rohingya: que Jésus né pauvre parmi les pauvres, leur apporte une espérance dans leurs souffrances», a ajouté le Pape.
Une note finale d’espérance
Son message s’est terminé par d’ultimes paroles d’espérance et d’affection. L’Enfant Jésus «nous annonce que la souffrance et le mal n’ont pas le dernier mot. Se résigner à la violence et aux injustices voudrait dire refuser la joie et l’espérance de Noël», a ainsi affirmé François. À l’heure où de nombreux soignants, aumôniers et volontaires se mobilisent dans les établissements de santé, le Saint-Père a également encouragé les personnes «qui agissent pour porter espérance, réconfort et aide en secourant ceux qui souffrent et en accompagnant ceux qui sont seuls».
«Ma pensée va en ce moment aux familles: à celles qui aujourd’hui ne peuvent pas se réunir, comme aussi celles qui sont obligées de rester à la maison», a enfin assuré le Souverain Pontife. «Que Noël soit pour tous l’occasion de redécouvrir la famille comme berceau de vie et de foi ; lieu d’amour accueillant, de dialogue, de pardon, de solidarité fraternelle et de joie partagée, source de paix pour toute l’humanité», a-t-il conclu avant de donner sa bénédiction.
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