Pape François: une vraie politique agit "pour et avec le peuple"
Ce message s’adresse aux participants d’une conférence internationale qui se déroule ce jeudi à Londres, sur le thème : «Une politique enracinée dans le peuple» (a Politics rooted in the people), basé d’ailleurs sur le livre du Pape, Un temps pour changer (2020), rédigé dans le contexte de la pandémie de coronavirus. L’événement est organisé par le Centre pour la théologie et la communauté de Londres, et réunit les représentants de mouvements populaires et les organisations qui les soutiennent. Leur mission: accompagner le peuple dans sa lutte pour «la terre, le toit et la travail» (les fameux trois T, «Tierra, techo, trabajo» en espagnol) ; un combat rendu d’autant plus nécessaire à l’aune d’une pauvreté exacerbée par la pandémie.
Popularisme vs paternalisme politique
«L’un des objectifs de votre rencontre est de montrer que la vraie réponse à la montée du populisme n’est pas du tout l’individualisme mais le contraire: une politique de fraternité, enracinée dans la vie du peuple», soit un «populisme inclusif» ou un «popularisme», comme préfère le nommer le Pape, dont le but est de trouver des mécanismes pour garantir à toutes les personnes une vie digne.
Cette «politique avec un grand P», que le Saint-Père a développée longuement dans son livre publié en octobre 2020, se conçoit comme un service «pas seulement pour le peuple mais avec le peuple», à rebours des populismes qui suivent une autre devise : «tout pour le peuple mais rien avec le peuple». Dans cette vision, que le Pape assimile à du «paternalisme politique», «le peuple n’est pas acteur de son destin, mais finit par être débiteur d’une idéologie». Car lorsque le peuple est rejeté, il se voit privé de «la dignité d’agir» sur son histoire, son destin, «de s’exprimer avec ses valeurs et sa culture, de sa créativité, de sa fécondité».
C’est justement pour cela que l’Église ne peut séparer la promotion de la justice sociale de la reconnaissance de la culture et des valeurs du peuple, explique le Pape. «Dans les communautés chrétiennes, ces valeurs naissent de la rencontre avec Jésus Christ (…) qui parvient jusqu’aux limites de l’existence pour être visage et présence de Dieu, pour être ‘Dieu avec nous’».
Reconnaitre l'importance des valeurs religieuses du peuple
Il ne s’agit pas pour ces mouvements d’ «imposer la religion» -accusation récurrente à leur encontre- mais de respecter les institutions, également religieuses, du peuple, en somme, de marcher avec lui.
Le Saint-Père réitère donc la conviction qu’il partageait dans Un temps pour changer : que tous les diocèses du monde aient une collaboration étroite avec les mouvements populaires. «Aller à la rencontre du Christ blessé et ressuscité au sein des communautés les plus pauvres nous permet de retrouver notre vigueur missionnaire, parce que l’Église est née ainsi, aux périphéries de la croix».
De même, une politique qui se désintéresse des pauvres et des périphéries ne pourra jamais promouvoir le bien commun, et confondra le futur avec son reflet dans le miroir. Pour François, le mépris des peuples, de leurs cultures, de leurs valeurs religieuses amorce l’abus de pouvoir. À l’inverse, la politique se régénère en reconnaissant l’importance de la spiritualité dans la vie des peuples ; il est donc fondamental que les communautés de foi se rencontrent, se familiarisent afin de travailler «pour et avec le peuple», conclut l’évêque de Rome.
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