Audience avec les séminaristes et formateurs du séminaire Pie XI d'Ancône (Marches) Audience avec les séminaristes et formateurs du séminaire Pie XI d'Ancône (Marches) 

Que les séminaires forment des «experts en humanité», plaide le Pape

Recevant en audience la communauté du séminaire Pie XI d'Ancône (région des Marches) ainsi que leurs accompagnateurs, le Pape a insisté sur l’importance cruciale d’une formation humaine et spirituelle incarnée pour les candidats au sacerdoce. Le séminaire, a-t-il affirmé, devrait être comme la maison de la Sainte Famille de Nazareth.

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Le Pape s’adresse d’abord aux accompagnateurs, appelés à prendre soin de la vocation des séminaristes, et leur indique la figure de saint Joseph pour modèle. «Soyez pour vos séminaristes ce que Joseph a été pour Jésus !», leur a-t-il lancé, avant de poursuivre: «qu’ils puissent apprendre plus de votre vie que de vos paroles (…), qu’ils apprennent la docilité de votre obéissance, le labeur de votre dévouement, la générosité envers les pauvres du témoignage de votre sobriété et disponibilité, la paternité grâce à votre affection vive et chaste».

L’évêque de Rome s’est ensuite tourné vers les séminaristes, à qui l’Église demande de suivre l’exemple de Jésus qui se laisse éduquer avec docilité -une vertu à demander- par Joseph; «peut-être n’avons-nous pas réfléchi suffisamment sur le jeune Jésus, occupé à discerner sa propre vocation, à écouter et à se confier à Marie et Joseph, à dialoguer avec le Père pour comprendre sa mission», a-t-il reconnu.

Gare aux spiritualismes satisfaisants et à la rigidité

À ces jeunes en formation, le Pape demande de ne pas se contenter d’être habiles dans l’utilisation des réseaux sociaux pour communiquer, car les paroles de vie se communiquent seulement en se laissant transformer par la Parole de Dieu. «Le monde a soif de prêtres en mesure de communiquer la bonté du Seigneur à ceux qui ont expérimenté le péché et l’échec, de prêtres experts en humanité, de pasteurs disposés à partager les joies et les fatigues de leurs frères, d’hommes qui se laissent marquer par le cri de celui qui souffre».

L’humanité de Jésus se touche dans l’Évangile et dans le tabernacle, dans la vie des saints et de ceux qui ont transmis la foi, également à travers les œuvres de grands écrivains qui ont su regarder à l’intérieur de l’âme, tel Dostoïevski, «qui dans les événements misérables de la douleur terrestre a su révéler la beauté de l'amour qui sauve».

À cette aune, il est donc important pour le Saint-Père que le séminaire n’éloigne pas les séminaristes de la réalité, des dangers ou des autres, mais qu’il les fasse devenir toujours plus proches de Dieu et de leurs frères. Les murs du séminaire ne doivent pas empêcher leurs cœurs de se dilater, de les faire se passionner pour ce qui «rapproche», «ouvre», et «fait rencontrer». «Méfiez-vous des expériences qui conduisent à une intimité stérile, des "spiritualismes satisfaisants" qui semblent apporter une consolation mais conduisent plutôt à la fermeture et à la rigidité», elle-même manifestation du cléricalisme, qui n’est rien de moins qu’une «perversion du sacerdoce», a mis en garde le Pape. «Derrière chaque rigidité se cache un problème grave parce que la rigidité manque d’humanité», a-t-il asséné.


La sagesse des prêtres âgés

Le Pape a voulu enfin dispenser plusieurs conseils concernant les quatre dimensions -humaine, spirituelle, intellectuelle et pastorale- de la formation à la prêtrise. «Ne prenez pas vos distances avec votre humanité, ne laissez pas à la porte du séminaire votre monde intérieur, vos sentiments et votre affectivité» ; en cas de crise, il ne faut pas se refermer, au contraire,«c’est humain d’en parler».

Que la vie spirituelle ne soit pas une succession de ritualisme, mais un dialogue avec Dieu-Père qui peut tout entendre. Pareillement, que la liturgie et la prière communautaire ne deviennent pas «des célébrations de nous-mêmes», implore le Pape. Que les études, a-t-il enchainé, «vous aident à entrer avec conscience et compétence dans la complexité de la culture et de la pensée contemporaine», à ne pas en avoir peur, ni à lui être hostile. «Aujourd’hui plus que jamais, il faut des études, de la compétence et de la préparation pour parler avec ce monde».

Concernant la quatrième et dernière dimension de la formation, le Pape a enjoint les séminaristes à aller avec enthousiasme à la rencontre des personnes, à prendre soin de leurs blessures. «Le vrai pasteur ne s’éloigne pas du peuple», a-t-il répété.

En plus de tout cela, François a exhorté les séminaristes à s’ouvrir à leurs formateurs mais aussi à rechercher les prêtres plus âgés de leur diocèse, eux qui ont «la sagesse du bon vin», qui peuvent témoigner et enseigner comment résoudre les problèmes pastoraux. «Beaucoup parmi eux sont oubliés ou dans une maison de repos: allez les trouver, ils sont un trésor», a-t-il conclu.

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10 juin 2021, 14:42