Devant Caritas Italie, le Pape prône une charité intégrale et créative
«Vous êtes une partie vivante de l'Église, vous êtes "notre Caritas", comme aimait à le dire saint Paul VI, le Pape qui l'a voulue et instaurée», a d’emblée commencé le Pape, rappelant comment saint Paul VI avait en son temps encouragé la Conférence épiscopale italienne à créer un organisme pastoral chargé de promouvoir le témoignage de la charité dans l'esprit du Concile Vatican II. Le Saint-Père a ensuite proposé trois voies de développement à l’occasion des 50 ans d’existence de l’organisation.
La première est la voie des derniers. «C'est d'eux que nous partons, des plus fragiles et sans défense. La charité est la miséricorde qui va vers les plus faibles, qui va jusqu'aux frontières les plus difficiles pour libérer les personnes de l'esclavage qui les opprime et les rendre protagonistes de leur propre vie», a assuré l’évêque de Rome, saluant les nombreux choix de Caritas en cette faveur ces cinq décennies passées: de l'objection de conscience au soutien du travail bénévole; de l'engagement en faveur de la coopération avec le Sud de la planète aux interventions dans les situations d'urgence en Italie et dans le monde; d'une approche globale du phénomène complexe de la migration, avec des propositions innovantes comme les couloirs humanitaires, à l'activation d'instruments capables de rapprocher la réalité, comme les Centres d'écoute et les Observatoires de la pauvreté et des ressources.
Les pauvres troublent notre conscience de manière saine
Mais il est bon d'élargir les chemins de la charité, a noté le Pape, en gardant toujours le regard fixé sur «les derniers de toutes les époques». En effet, selon le Saint-Père c'est bien avec leurs yeux que nous devons regarder la réalité: «l'Histoire n'est pas regardée du point de vue des vainqueurs, qui la font apparaître belle et parfaite, mais de celui des pauvres, car c'est la perspective de Jésus. Ce sont les pauvres qui mettent le doigt sur la plaie de nos contradictions et troublent notre conscience de manière saine, en nous invitant à changer», a-t-il ajouté.
Le style de l’Évangile
Une deuxième voie à laquelle on ne peut renoncer selon François est la voie de l'Évangile. Il la définit comme «le style de l'amour humble, concret mais non ostentatoire, qui est proposé mais non imposé».
«C'est le style de l'amour gratuit, qui ne cherche pas de récompenses. C'est le style de la disponibilité et du service, à l'imitation de Jésus qui s'est fait notre serviteur», a-t-il poursuivi, observant que la charité est inclusive, car elle ne se préoccupe pas seulement de l'aspect matériel ou même seulement de l'aspect spirituel.
Le style «intégral» de Caritas
«Le salut de Jésus englobe l'homme tout entier. Nous avons besoin d'une charité dédiée au développement intégral de la personne: une charité spirituelle, matérielle, intellectuelle. C'est le style intégral que vous avez expérimenté en temps de catastrophes, également à travers le jumelage, une belle expérience d'alliance globale dans la charité entre les Églises en Italie, en Europe et dans le monde. Mais cela ne doit pas se produire uniquement à l'occasion de catastrophes: nous avons besoin que Caritas et les communautés chrétiennes soient toujours à l'affût pour servir l'homme tout entier, car "l'homme est le chemin de l'Église", selon l'expression concise de saint Jean-Paul II (cf. l'encyclique Redemptor hominis, 14)», a détaillé le Successeur de Pierre.
Jésus est dans chaque pauvre
Le chemin de l'Évangile nous montre aussi que Jésus est présent dans chaque pauvre. «Il est bon que nous nous en souvenions pour nous libérer de la tentation, toujours récurrente, de l'auto-référentialité ecclésiastique et pour être une Église de tendresse et de proximité, où les pauvres sont bénis, où la mission est au centre, où la joie naît du service», a souligné le Souverain pontife argentin, évoquant «deux cartes évangéliques» qui nous aident à ne pas nous perdre en chemin: les Béatitudes (Mt 5,3-12) et Matthieu 25 (vv. 31-46).
Dans les Béatitudes, la condition des pauvres est revêtue d'espérance et leur consolation devient une réalité, tandis que les paroles du Jugement dernier nous font trouver Jésus présent dans les pauvres de tous les temps. Il s’agit de «proclamer la dignité humaine quand elle est bafouée, c'est faire entendre le cri étouffé des pauvres, c'est donner une voix à ceux qui n'en ont pas».
«L’imagination de la charité»
Troisième voie: la voie de la créativité. La riche expérience de ces cinquante années n'est pas un bagage de choses à répéter, leur a enjoint le Pape, c'est la base sur laquelle construire pour appliquer de manière constante ce que saint Jean-Paul II a appelé l'imagination de la charité (cf. Lettre apostolique Novo Millennio Ineunte, 50).
«Ne vous laissez pas décourager par le nombre croissant de nouveaux pauvres et de nouvelles pauvretés. Continuez à cultiver des rêves de fraternité et à être des signes d'espérance. Contre le virus du pessimisme, immunisez-vous en partageant la joie d'être une grande famille. Dans cette atmosphère fraternelle, l'Esprit Saint, qui est créateur et créatif, suggérera des idées nouvelles, adaptées à l'époque dans laquelle nous vivons», a exhorté François, avant de conclure son discours par une salve de remerciements. Aux travailleurs, aux prêtres et aux bénévoles, particulièrement depuis la pandémie.
«Caritas peut être un gymnase de vie pour aider de nombreux jeunes à découvrir le sens du don, pour leur faire goûter le bon goût de se redécouvrir en consacrant leur temps aux autres», a enfin fait remarquer le Saint-Père.
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