L’amour du prochain, un moteur pour la coopération en Amérique centrale
Vatican News
Le Pape François a envoyé un message à l'occasion de l'événement organisé pour le 30e anniversaire du Système d'intégration centraméricain qui se tient au Costa Rica. Cette organisation, dont le secrétariat général est basé à El Salvador, est issue du Protocole de Tegucigalpa, signé en décembre 1991 par les pays membres de l’Organisation des États centraméricains. Ce document visait à développer les coopérations entre les États d’Amérique centrale dans les domaines de la recherche de la paix, la liberté politique, la démocratie et le développement économique. Le thème des migrations, très sensible dans cette région du monde, fait donc partie des problématiques prises en charge par cet organisme.
Dans son message pour cet évènement de solidarité, le Pape écrit qu'il «vise à mobiliser un soutien pour améliorer la situation des personnes déplacées de force et des communautés qui les accueillent dans la région de l'Amérique centrale et du Mexique». Il souligne que «le mot solidarité, qui est au centre de cet événement, prend une signification encore plus grande en cette période de crise pandémique, une crise qui a mis à l'épreuve le monde entier, les pays riches comme les pays pauvres».
La famille des nations
«La crise sanitaire, économique et sociale provoquée par le Covid-19, poursuit le Pape, a rappelé à tous que l'être humain est comme la poussière. Mais une poussière précieuse aux yeux de Dieu, qui nous a constitués en une seule famille humaine. Et de même que la famille naturelle éduque à la fidélité, à la sincérité, à la coopération et au respect, en promouvant la planification d'un monde habitable et en croyant aux relations de confiance même dans des conditions difficiles, de même la famille des nations est appelée à diriger son attention commune vers tous, en particulier les membres les plus petits et les plus vulnérables, sans céder à la logique de la concurrence et des intérêts particuliers»
Le Pape souligne un autre drame déclenché par la pandémie et la crise climatique en plus des facteurs économiques: les migrations forcées, qui prennent l'aspect d'un «exode régional», s’inquiète-t-il. «Malgré le sens inné de l'hospitalité inhérent à la population d'Amérique centrale, les restrictions sanitaires ont influencé la fermeture de nombreuses frontières. Beaucoup ont été laissés à mi-chemin, incapables d'avancer ou de reculer.»
Un autre problème qui s'ajoute aux précédents, poursuit le Pape, est le développement du trafic d'êtres humains, un trafic qui «est une blessure dans le corps de l'humanité contemporaine, une blessure dans la chair du Christ, un crime contre l'humanité», rappelle-t-il.
La centralité de la personne humaine
Le Pape explique que «dans ce contexte, le Saint-Siège, tout en réaffirmant le droit exclusif des États à administrer leurs propres frontières, souhaite un engagement régional commun, solide et coordonné, visant à placer la personne et sa dignité au centre de tout exercice politique».
Comme il l’a souvent répété concernant d’autres contextes, notamment européens, François, lui-même fils de migrants italiens venus s’installer en Argentine dans les années 1920, rejette donc toute logique de refoulement systématique des migrants. «Le principe de la centralité de la personne humaine nous oblige à toujours placer la sécurité personnelle au-dessus de la sécurité nationale», martèle-t-il.
«La situation des migrants, des demandeurs d'asile et des réfugiés exige qu'on leur garantisse la sécurité personnelle et l'accès aux services de base», insiste-t-il. Il précise qu’en plus de prêter attention à la situation des migrants transfrontaliers, «il est nécessaire d'adopter des mécanismes internationaux spécifiques qui offrent une protection concrète et reconnaissent le drame souvent invisible des personnes déplacées à l'intérieur de leur propre pays, relégué à l'arrière-plan des agendas politiques nationaux.»
La crise climatique
Le Pape François évoque aussi la grave crise climatique et redit aux participants à l'événement que «ces mesures doivent être accompagnées de politiques régionales de protection de notre "maison commune" visant à atténuer l'impact des phénomènes climatiques et des catastrophes environnementales causées par l'appropriation des terres, la déforestation et l'appropriation de l'eau par l'homme». Il répète que «ces violations compromettent gravement les trois domaines fondamentaux du développement humain intégral: la terre, le logement et le travail».
Le Pape redit également que «les enfants et les femmes méritent une attention particulière: 'Les femmes sont la source de la vie'», explique François en citant Jean-Paul II. «Pourtant, elles sont continuellement offensées, battues, violées, incitées à la prostitution et à l'élimination de la vie qu'elles portent dans leur ventre», s’indigne-t-il. «Toute violence infligée aux femmes est une profanation de Dieu, né d'une femme», redit François, en martelant que «nous sommes tous appelés à soutenir une éducation qui promeut l'égalité fondamentale, le respect et l'honneur que les femmes méritent».
La prise en compte de la dimension spirituelle
«En ces temps de souffrances incommensurables causées par les pandémies, la violence et les catastrophes environnementales, la dimension spirituelle ne peut et ne doit pas être reléguée au second plan», déclare le Pape. «La condition pour construire des sociétés inclusives réside dans une compréhension intégrale de la personne humaine, qui se sent vraiment accueillie lorsque toutes les dimensions qui composent son identité, y compris la dimension religieuse, sont reconnues et acceptées», explique-t-il.
Enfin, le Pape lance un appel chaleureux aux participants de l'événement: «L'intégration culturelle, économique et politique avec les peuples voisins doit être accompagnée d'un processus éducatif qui promeut la valeur de l'amour du prochain, premier exercice indispensable pour parvenir à une saine intégration universelle». Il rappelle que «la coopération multilatérale est un outil précieux pour promouvoir le bien commun (...) afin que les frontières ne soient pas des zones de tension, mais des bras ouverts de réconciliation».
En conclusion de sa lettre, il redit que «l’'Église marche aux côtés des peuples d'Amérique centrale, qui ont courageusement affronté les crises et sont des communautés accueillantes, et les exhorte à persévérer dans la solidarité avec une confiance mutuelle et une espérance audacieuse».
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