Le Pape à la rencontre de la communauté Rom de Slovaquie

Le Saint-Père s'est rendu mardi après-midi dans un quartier pauvre de Košice où vit une importante communauté Rom. Il a rappelé l'importance de la place de cette communauté marginalisée dans l'Église et dans la société et remercié ceux qui œuvrent à leur intégration.

Olivier Bonnel-Cité du Vatican

Pour son deuxième rendez-vous de la journée, le Pape François s'est rendu ce mardi après-midi dans le quartier de Luník IX à Košice, un quartier pauvre de la ville, construit dans les années 70 et où vit la plus importante communauté Rom de Slovaquie. Une arrivée très chaleureuse, saluée par un orchestre rock et une chorale de jeunes. C'est ici que depuis 2008 s'est installée une mission salésienne que le Saint-Père est venu visiter.

Le Pape a d'abord été accueilli par le père Peter Bešenyei, secrétaire du Conseil de la Conférence des évêques de Slovaquie pour les Roms et les minorités et directeur de ce centre d'accueil. Celui-ci a expliqué que «l'Église catholique est très engagée envers les Roms, même si cet engagement est négligé et non apprécié de la part de l'État».

Il a ensuite entendu les témoignages d'un Rom d'une famille mixte, puis d'un couple de jeunes parents de ce quartier populaire qui a raconté son parcours d'insertion et ses difficultés. Le Saint-Père a tenu à les remercier de leurs témoignages et leur délivrer un message d'encouragement. 

«Personne dans l’Église ne doit se sentir comme n’étant pas à sa place ou mis de côté,  a expliqué François. Ce n’est pas seulement une manière de dire, c’est la façon d’être de l’Église. Parce qu’être Église, c’est vivre en tant que convoqués par Dieu, c’est se sentir responsable dans la vie, faire partie de la même équipe». «Le Seigneur, a précisé le Pape, nous voit en fils : il a un regard de Père, regard de prédilection pour chaque enfant».

«Sentez-vous toujours chez vous dans l’Église»

Saluant avec émotion le témoignage de Ján et de Béata, François a expliqué qu'ils nourissaient «un grand amour et un grand respect pour votre famille, et vous regardez l’Église à partir de cette expérience». C’est pourquoi, a t-il poursuivi «je voudrais vous dire de tout cœur que vous êtes les bienvenus. Sentez-vous toujours chez vous dans l’Église et n’ayez pas peur d’y habiter». Le Pape est revenu sur les difficultés à accepter la communauté rom, au-delà des préjugés, «même chez les chrétiens», déplorant que souvent l'on voit en eux «des obstacles ou des adversaires et qu'on porte des jugements sans connaître leur visage ni leur histoire».

Le Saint-Père a ainsi demandé à revenir à l'Évangile. Ne jugez pas, nous dit le Christ. Et pourtant, a t-il regretté, combien de fois nous sommes «indulgents envers nous-mêmes, inflexibles envers les autres». Or pour connaître, il faut savoir «reconnaître: reconnaître que chacun porte en soi la beauté irrépressible de fils de Dieu, dans lequel le Créateur se reflète».

L’intégration, la voie vers une coexistence pacifique 

Saluant un autre couple rom, Nikola et René, qui se sont intégrés en trouvant un travail, le Pape François les a remerciés pour leur «message précieuxlà où l’on prend soin de la personne, là où il y a un travail pastoral, là où il y a patience et réalisme, les fruits arrivent». Rejettant l'idée des ghettos qui «ne résout rien», le Souverain Pontife a expliqué que la «voie vers une coexistence pacifique c’est l’intégration». Un processus organique, lent et vital, qui commence par la connaissance réciproque, qui avance avec patience et regarde vers l’avenir.

Après avoir aussi rappelé que l'avenir appartenait aux enfants, qui «méritent une vie libre et intègre», François a remercié ceux qui œuvraient à l'intégration des Roms dans la société, comme cette communauté salésienne qui l'a accueilli. «Allez de l’avant sur cette voie qui ne donne pas l’illusion de pouvoir donner tout et tout de suite, mais qui est prophétique parce qu’elle inclut les derniers, construit la fraternité et sème la paix» a t-il lancé. Sortir à la rencontre des marginalisés, c'est sortir à la rencontre de Jésus: «Il vous attend là où il y a de la fragilité et non pas du confort; là où il y a du service, et non pas du pouvoir; là où il faut s’incarner et non pas se complaire. C’est là, qu’il est».

Avant de prendre congé de ses hôtes, le Saint-Père les a invités «à dépasser les peurs, à dépasser les blessures du passé, avec confiance, pas à pas : dans le travail honnête, dans la dignité de gagner le pain quotidien, dans l’alimentation de la confiance réciproque». Cette rencontre s'est achevée par la récitation de la prière du Notre-Père, chacun dans sa langue et la bénédiction du Pape. 

Rencontre du Pape François avec la commuanuté Rom de Kosice

 

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14 septembre 2021, 16:35