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Le Pape lors de la messe célébrée en la Basilique Saint-Pierre, le 22 septembre 2021 Le Pape lors de la messe célébrée en la Basilique Saint-Pierre, le 22 septembre 2021

Le Pape invite l’Église en Europe «à rayonner la joie contagieuse de l'Évangile»

Le Pape François a célébré ce jeudi soir une messe en la basilique Saint-Pierre avec le Conseil des Conférences Épiscopales d’Europe (CCEE), qui célèbre cette semaine son 50e anniversaire. Dans son homélie, il a proposé une réflexion sur quelques défis auxquels fait face l’Église sur le continent européen, et sur la nécessité de lui redonner sa «beauté intemporelle», sans vouloir pour autant «restaurer le passé».

Adélaïde Patrignani – Cité du Vatican

Le Saint-Père s’est appuyé sur les textes du jour pour s’adresser aux présidents des 33 conférences épiscopales du continent européen membres du CCEE, organe continental créé sous l’impulsion de saint Paul VI. Son homélie était articulée autour de trois verbes, «réfléchir, reconstruire, voir».

Renouer avec le prophétisme de la charité

«Réfléchir» est une invitation de Dieu rapportée par le prophète Aggée. Elle est encore valable pour les chrétiens européens d’aujourd’hui, parfois tentés de «rester tranquillement dans nos structures, dans nos maisons et nos églises, dans nos sécurités données par les traditions, dans l'établissement d'un certain consensus, tandis que tout autour les églises se vident et que Jésus est de plus en plus oublié», a expliqué le Pape.

François a également dénoncé la «dictature du consumérisme», et la tendance, empreinte de regrets, à lister «tant d’autres -ismes». Mais tout cela est «stérile» et nous éloigne d’une réflexion plus profonde, a fait remarquer le Souverain Pontife: «ressentons-nous de l’affection et de la compassion pour ceux qui n’ont pas eu la joie de rencontrer Jésus ou qui l’ont perdue ? Sommes-nous tranquilles parce que dans le fond il ne nous manque rien pour vivre ou bien sommes-nous préoccupés de voir tant de frères et sœurs loin de la joie de Jésus ?»

Et le Pape d’inviter à retrouver «la saveur de la charité», car «seul l’amour rassasie le cœur». «Se concentrer sur les différentes positions dans l'Église, sur les débats, les agendas et les stratégies, et perdre de vue le véritable programme, celui de l'Évangile», c’est-à-dire «l'élan de la charité, l'ardeur de la gratuité», est un problème aux yeux du Successeur de Pierre. «La voie de sortie des problèmes et des fermetures est toujours celle d'un don gratuit. Il n'y en a pas d'autre», a-t-il insisté.

S’attacher aux racines sans les absolutiser

Autre engagement important pour la «maison commune européenne», celui à «reconstruire», ce qui consiste à «quitter les facilités de l'immédiat pour revenir à la vision clairvoyante des pères fondateurs, une vision prophétique et d'ensemble, parce que eux n’ont pas cherché le consensus du moment mais rêvaient le futur de tous». Cette attitude vaut aussi pour l’Église, a ajouté le Pape. «Pour la rendre belle et accueillante, il faut regarder ensemble l’avenir, pas restaurer le passé». Le Saint-Père a dénoncé à ce sujet la «mode de cette restauration du passé qui nous tue ; cela nous tue tous».  «Il est certain que nous devons repartir des fondations, (…) a-t-il poursuivi, car c’est de là que l’on reconstruit : de la tradition vivante de l’Église qui se fonde sur l’essentiel, sur la bonne nouvelle, sur la proximité et sur le témoignage», a-t-il déclaré.

Il est nécessaire de s’appuyer non pas «sur ses propres goûts particuliers», ni sur des «pactes et négociations que nous pouvons faire maintenant, disons pour défendre l’Église ou défendre la chrétienté», mais «sur l’adoration de Dieu et sur l’amour du prochain», a déclaré le Successeur de Pierre.

Le Saint-Père a ensuite encouragé les évêques et archevêques membres du CCEE à travailler pour que «l'Église ait ses portes ouvertes à tous et que personne n'ait la tentation de se concentrer uniquement sur la surveillance et le changement des serrures».

Les saints, nos guides

L’exemple des saints est aussi source d’inspiration pour notre temps. «Ils ont commencé par changer leur propre vie en accueillant la grâce de Dieu. Ils ne se sont pas préoccupé des temps difficiles, de l’adversité ni des divisions, il y en a toujours eues. Ils n’ont pas perdu leur temps à critiquer ni à culpabiliser. Ils ont vécu l’Évangile, sans se préoccuper d’efficacité et de politique. (…) Aucun programme social, seulement l’Évangile». Et ce choix confiant s’est avéré fécond pour l’ensemble du continent européen : que l’on pense à François d’Assise, Thérèse-Bénédicte de la Croix ou encore Cyrille et Méthode.

La reconstruction, a également indiqué le Souverain Pontife, est un travail d’équipe. «Reconstruire, c'est devenir artisans de communion, tisseurs d'unité à tous les niveaux : non par stratégie, mais pour l'Évangile».

Rendre le Christ présent autour de soi

Enfin, bâtir l’Église et la société conduit à «voir». Mais «beaucoup en Europe pensent que la foi est une chose déjà vue, qui appartiendrait au passé», a regretté François, et cela parce que nous n’avons «pas assez manifesté dans nos vies» que Jésus est à l’œuvre, que nous L’avons rencontré. «Parce que Dieu se voit dans les visages et dans les gestes des hommes et des femmes transformés par sa présence. Et si les chrétiens, au lieu de rayonner la joie contagieuse de l'Évangile, proposent à nouveau des schémas religieux éculés, intellectualistes et moralistes, le peuple ne voit pas le Bon Pasteur», a déploré le Saint-Père.

Il faut au contraire témoigner de cet «amour divin» par «des choix sages et audacieux».  À la manière des saints, il s’agit non pas «de démontrer, mais de montrer Dieu», «non pas en paroles mais avec la vie». «Aidons l'Europe d'aujourd'hui, malade de fatigue, (…) à retrouver le visage toujours jeune de Jésus et de son épouse. On ne peut que se donner tout entier pour que cette beauté intemporelle se voie», a conclu le Pape.

À la fin de la messe, le cardinal Vincent Nichols, archevêque de Westminster, vice-président de la CCEE, a prononcé un mot de remerciement adressé au Pape François, et lu au nom du cardinal Angelo Bagnasco, archevêque émérite de Gênes et président du CCEE achevant son mandat, qui n’a pas pu participer à cette messe car il était souffrant. 

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23 septembre 2021, 18:02