Le Pape exhorte à se convertir à l'écologie du cœur
«La pandémie a mis à jour l'illusion de notre époque selon laquelle nous pouvons nous croire omnipotents, en foulant aux pieds les territoires que nous habitons et l'environnement dans lequel nous vivons», a affirmé le Saint-Père, préconisant que «pour nous remettre sur pied, nous devons nous convertir à Dieu et apprendre à faire bon usage de ses dons, en premier lieu la création».
Le visage et l'histoire des souffrants
Pour cela, il faut écouter les souffrances des pauvres, des derniers, des désespérés, des familles fatiguées de vivre dans des lieux pollués, exploités, brûlés, dévastés par la corruption et la dégradation, a plaidé l’évêque de Rome, rappelant le titre significatif choisi pour cette semaine sociale à Tarente, ville qui symbolise les espoirs et les contradictions de notre époque: «La planète que nous espérons. Environnement, travail, avenir. Tout est lié». «Il y a un désir de vie, une soif de justice, une aspiration à la plénitude qui jaillit des communautés touchées par la pandémie», a-t-il en effet relevé.
Le Pape a souhaité partager plusieurs réflexions, la première étant l'attention portée «aux croisements». Il a déploré les situations suivantes: «Trop de gens traversent nos vies alors qu'ils sont désespérés: des jeunes contraints de quitter leur pays d'origine pour émigrer ailleurs; des femmes qui ont perdu leur emploi en période de pandémie ou qui sont obligées de choisir entre maternité et profession; des travailleurs laissés à la maison sans opportunités; des pauvres et des migrants non accueillis et non intégrés; des personnes âgées abandonnées à leur solitude; des familles victimes de l'usure, des jeux d'argent et de la corruption; des entrepreneurs en difficulté et soumis aux abus de la mafia; des communautés détruites par les incendies...»
Ce sont des visages et des histoires qui interpellent: nous ne pouvons pas rester indifférents. Nos frères et sœurs sont crucifiés et attendent la résurrection, a poursuivi François.
Des chrétiens en mouvement
Second point évoqué, quand nous voyons des diocèses, des paroisses, des communautés, des associations, des mouvements, des groupes ecclésiaux fatigués et découragés, parfois résignés face à des situations complexes, «nous voyons un Évangile qui tend à s'effacer», a-t-il constaté. «Au contraire, l'amour de Dieu n'est jamais statique ou renonçant, "tout croit, tout espère" (1 Co 13,7): il nous pousse à avancer et nous interdit de nous arrêter.»
Et le Saint-Père d’exhorter à ne pas rester dans les sacristies, ne pas former des groupes élitistes qui s'isolent et se referment sur eux-mêmes. «Comme il serait merveilleux que, dans les zones les plus marquées par la pollution et la dégradation, les chrétiens ne se limitent pas à dénoncer, mais prennent la responsabilité de créer des réseaux de rédemption. Il s'agit de redéfinir le progrès», a-t-il souligné, ajoutant que le développement technologique et économique qui ne laisse pas un monde meilleur et une qualité de vie totalement supérieure ne peut être considéré comme un progrès" (n° 194).
Troisième point, «l'obligation du tournant», imposé par le cri des pauvres et de la Terre. «L'espoir nous invite à reconnaître que nous pouvons toujours changer de cap, que nous pouvons toujours faire quelque chose pour résoudre les problèmes». (n. 61). Mgr Tonino Bello, évêque prophète de la terre des Pouilles, aimait à répéter: «Nous ne pouvons pas nous limiter à l'espérance. Nous devons organiser l'espoir!». Ainsi une conversion profonde nous attend, qui touche l'écologie humaine, l'écologie du cœur, avant même l'écologie environnementale, a plaidé le Souverain Pontife, rappelant combien le changement d'époque que nous traversons exige un tournant.
Merci d'avoir lu cet article. Si vous souhaitez rester informé, inscrivez-vous à la lettre d’information en cliquant ici