En pèlerinage à Assise, le Pape s'assume comme un pauvre parmi les pauvres
Cyprien Viet – Cité du Vatican
«Assise n’est pas une ville comme les autres: Assise porte imprimé le visage de saint François», a expliqué le Pape, expliquant que cette «simplicité de cœur et simplicité de vie» est «l’attraction même du Christ, de l’Évangile». Le saint d’Assise a vécu comme un mendiant itinérant, nous apprenant à «savoir nous contenter du peu que nous avons et le partager avec les autres».
Tout comme saint François avait longuement prié à la Portioncule, nous devons prier avec les pauvres, afin de lutter contre la marginalisation spirituelle dont ils sont souvent victimes. Le Pape a félicité les jeunes qui s’engagent pour aider les pauvres dans leur vie matérielle, en soulignant l’importance de s’arrêter auprès d’eux pour prier.
L’évêque de Rome a souligné l’importance d’une «expérience sincère de l’accueil», à l’image de Mère Teresa, qui accueillait les pauvres avec le sourire, une démarche simple qui crée un lien fort entre les personnes. En remerciant Étienne Villemain (co-fondateur, entre autres, des associations Lazare et Fratello) et le cardinal Barbarin pour l’initiative de la Journée mondiale des pauvres, prise à l’issue du Jubilé de 2016, le Pape a souligné la valeur de la rencontre. «Nous savons que chacun de nous a besoin de l’autre, et que même la faiblesse, si elle est vécue ensemble, peut devenir une force qui améliore le monde».
Briser l’indifférence
Plutôt que de culpabiliser les pauvres, il est «temps au contraire que la parole soit restituée aux pauvres, parce que leurs demandes sont restées inécoutées pendant trop de temps. Il est temps que s'ouvrent les yeux pour voir l'état d'inégalité dans lequel vivent tant de familles. Il est temps de se retrousser les manches pour rendre de la dignité en créant des postes de travail. Il est temps que l'on recommence à se scandaliser devant la réalité des enfants affamés, réduits en esclavage, ballottés sur les eaux en proie au naufrage, victimes innocentes de toute sorte de violence. Il est temps que cessent les violences sur les femmes et qu'elles soient respectées, et non pas traitées comme des marchandises. Il est temps que se brise le cercle de l'indifférence pour recommencer à découvrir la beauté de la rencontre et du dialogue.»
Après l’écoute des témoignages bouleversants qui ont été exprimés dans la matinée, le Pape a remercié les intervenants pour s’être exprimés avec «courage et sincérité», et aussi pour leur «sens de l’espérance». «La marginalisation, la souffrance de la maladie et de la solitude, le manque de tant de moyens nécessaires ne vous a pas empêché de regarder avec des yeux pleins de gratitude les petites choses qui vous ont permis de résister».
Le Pape reconnaît ses propres pauvretés
Le Pape a invité à «résister», pour trouver «la sérénité et la joie». Saint François d’Assise «nous apprend la joie qui vient du fait de regarder celui qui nous est proche comme d’un compagnon de voyage qui nous comprend et nous soutient, tout comme nous le sommes pour lui ou pour elle». Il a souhaité que «cette rencontre nous ouvre tous le cœur pour nous mettre justement à la disposition les uns les autres, ouvrir le cœur pour faire de notre faiblesse une force qui aide à continuer le chemin de la vie, pour transformer notre pauvreté en richesse à partager, et ainsi, améliorer le monde».
L’évêque de Rome a exprimé un renversement de perspective en remerciant «les pauvres qui ouvrent le cœur pour nous donner leur richesse et guérir notre cœur blessé». «Je vous porte dans mon cœur, et s’il vous plaît, n’oubliez pas de prier pour moi, parce que moi, j’ai mes pauvretés, et tellement!», a-t-il demandé en conclusion, avec émotion et humilité.
François a ensuite déjeuné avec les clarisses de Spello, avant de repartir vers le Vatican en hélicoptère en début d’après-midi.
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