Le Pape invite à cultiver «l’art d’attendre le Seigneur»
Adélaïde Patrignani – Cité du Vatican
Les mots du prophète Jérémie jaillissent de l’expérience pascale, que le lecteur peut avoir vécue lui aussi. «Il est bon d’espérer en silence le salut du Seigneur» (Lam 3,26): «cette attitude n'est pas un point de départ, mais un point d'arrivée», a expliqué François dans son homélie, prononcée depuis l’autel de la chaire de saint Pierre. «Elle vient de l'expérience et mûrit dans la patience», une patience qui a permis de percevoir la «beauté de la confiance dans le Seigneur, qui ne manque jamais de tenir ses promesses».
Une purification progressive
Il ne s’agit donc pas de résignation, mais d’une patience confiante, née d’une longue et nécessaire «transformation intérieure», «à travers le creuset de la souffrance».
Et le Souverain Pontife de s’exclamer:
Cela demande une maturation progressive, car dans les tribulations de la vie, «il est difficile d’être patient et serein» ; l’amertume et le pessimisme guettent chacun de nous. En particulier au temps de la vieillesse: vivre «avec un cœur amer, un cœur déçu, un cœur critique à l'égard des nouveautés: c'est très dur», a commenté le Saint-Père. Mais «dans l'abîme, dans l'angoisse du non-sens, Dieu s'approche pour sauver. Et lorsque l'amertume atteint son paroxysme, l'espoir refleurit soudainement», a-t-il expliqué.
Un Père à nos côtés
«Au milieu de la douleur, ceux qui s'accrochent au Seigneur voient qu'il ouvre la souffrance, la transforme en une porte par laquelle entre l'espérance», a-t-il poursuivi. C’est «un passage douloureux qui ouvre à la vie, une sorte de travail spirituel qui, dans l'obscurité, nous fait revenir à la lumière». En un mot, une pâque.
Ce tournant ne signifie pas la disparition de l’épreuve, mais «une occasion mystérieuse de purification intérieure». «Nous nous retrouvons différents du passé», a souligné l’évêque de Rome, avant de citer saint Grégoire de Nazareth: «rien de plus que la souffrance ne conduit à la découverte de choses nouvelles».
Et d’ajouter:
Le chagrin reste un mystère, mais c’est là que se manifeste une bénédiction: «la paternité de Dieu».
Les yeux pour espérer et les mains pour servir
«Aujourd'hui, devant le mystère de la mort rachetée, demandons la grâce de regarder l'adversité avec des yeux différents. Demandons la force de savoir vivre dans le silence doux et confiant qui attend le salut du Seigneur, sans se plaindre et sans rouspéter», a ensuite exhorté le Souverain Pontife. Ce qui semble être «une punition se révélera être une grâce, une nouvelle démonstration de l'amour de Dieu pour nous», a-t-il assuré, invitant à cultiver l’art de «savoir attendre en silence le salut du Seigneur». On entre alors sur le «chemin de la sainteté».
Cet art s'avère «précieux dans le temps que nous vivons : plus que jamais, il n'est pas nécessaire de crier, de faire du tapage, de devenir amer, mais chacun de nous doit témoigner par sa vie de sa foi, qui est une attente docile et pleine d'espérance», a souligné François. Le chrétien a un rôle spécifique, il «lève les yeux vers le Seigneur et sous les coups de l'épreuve, il Lui fait confiance et prie pour ceux qui souffrent. Il garde les yeux tournés vers le Ciel, mais ses mains sont toujours tendues vers la terre, pour servir concrètement son prochain».
Le Saint-Père a conclu son homélie en invitant à prier pour les cardinaux et les évêques morts l'année dernière. «Certains d'entre eux sont morts à la suite de la Covid-19, dans des situations difficiles qui ont aggravé leur souffrance», a-t-il rappelé, souhaitant qu’ils puissent désormais voir le salut de Dieu dans son Royaume.
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