Pape François: «blesser une femme, c’est outrager Dieu»
Cyprien Viet – Cité du Vatican
«Pensons au trouble de la Mère de Dieu», qui a dû supporter «le scandale de la mangeoire», a demandé le Pape, invitant chacun à se mettre dans la psychologie de Marie lorsqu’elle a donné naissance à Jésus dans des conditions si éprouvantes. «Qu’y a-t-il de plus dur pour une mère que de voir son enfant souffrir de pauvreté? Il y a de quoi se sentir découragé. On ne pourrait pas reprocher à Marie de se plaindre de toute cette désolation inattendue. Mais elle ne se décourage pas. Elle ne s’épanche pas mais garde le silence. Elle choisit une attitude autre que la plainte», comme le montre ce passage de l’Évangile de Luc: «Marie, cependant, retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur».
Alors que les bergers et les autres visiteurs manifestent enthousiasme et étonnement, «Marie, par contre, semble pensive. Elle conserve et médite dans son cœur», ce qui marque l’expression d’une «foi mûre, adulte. D’une foi qui ne vient pas de naître, mais qui est devenue génératrice. Parce que la fécondité spirituelle passe par l’épreuve», a expliqué le Pape.
Apprendre à méditer sans se décourager
«Apprenons de la Mère de Dieu cette attitude : conserver en méditant. Parce qu’il nous arrive aussi de devoir vivre certains “scandales de la mangeoire”», quand certaines épreuves surviennent et que vient la tentation du découragement. La souffrance «est le chemin étroit pour arriver au but, la croix sans laquelle on ne ressuscite pas. C’est comme un enfantement douloureux qui donne vie à une foi plus mûre.»
Pour une vie lucide et pleine, toutes les épreuves doivent être intégrées, et non pas esquivées. «Marie conserve, c’est-à-dire qu’elle ne disperse pas. Elle ne rejette pas ce qui arrive. Elle conserve chaque chose dans son cœur, tout ce qu’elle a vu et entendu», y compris les choses difficiles, comme le «danger encouru d’être tombée enceinte avant le mariage», et «maintenant l’angoisse désolante de l’étable où elle a enfanté». Marie «accueille, elle ne cherche pas à camoufler, à falsifier la vie».
Et en méditant, elle «lie les choses belles et les mauvaises; elle ne les sépare pas, mais elle les unit. Et ainsi elle en saisit le plein sens, la perspective de Dieu». Et elle a gardé cette attitude jusqu'à la mort de son Fils sur le calvaire, a remarqué le Pape en sortant de son texte. Aujourd’hui aussi, dans le soin apporté à leurs enfants, de nombreuses femmes «réussissent ainsi à transformer les adversités en opportunités de renaissance et de croissance. Elles le font parce qu’elles savent conserver, elles savent maintenir ensemble les fils de la vie. Nous avons besoin de personnes capables de tisser des fils de communion, pour contrer les trop nombreux fils barbelés des divisions», a insisté François.
Prendre modèle sur l’attitude des femmes
«Les mères, les femmes regardent le monde non pour l’exploiter, mais pour qu’il ait la vie: en regardant avec le cœur, elles réussissent à tenir ensemble les rêves et le concret, en évitant les dérives du pragmatisme aseptisé et de l’abstraction. Et pendant que les mères donnent la vie et que les femmes gardent le monde, faisons tous en sorte de promouvoir les mères et de protéger les femmes», a insisté François en insistant sur la féminité et la maternité comme dimensions constitutives de l’Église elle-même. Il a aussi lancé un nouvel appel contre la violence. «Que de violence il y a à l’égard des femmes ! Assez! Blesser une femme, c’est outrager Dieu qui, d’une femme, a pris l’humanité», a martelé le Pape.
«Au début de la nouvelle année, mettons-nous sous la protection de cette femme, la Mère de Dieu qui est notre mère. Qu’elle nous aide à conserver et à méditer toute chose, sans craindre les épreuves, dans la joyeuse certitude que le Seigneur est fidèle et qu’il sait transformer les croix en résurrections», a conclu François, en invitant l’assemblée à invoquer à trois reprises la «Sainte Mère de Dieu», selon la tradition du Peuple de Dieu à Éphèse.
Parmi les concélébrants à l'autel figurait le cardinal canadien Michael Czerny, qui prend aujourd'hui ses fonctions de préfet ad interim du Dicastère pour le Service du Développement intégral.
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