François, bâtisseur de ponts au nom de la fraternité
Alessandro Gisotti
Pontife. Constructeur de ponts. S'il y a une caractéristique qui est apparue de plus en plus clairement au cours de ces quasi neuf années de pontificat de François, c'est précisément l'engagement inlassable du Successeur de Pierre à construire des ponts pour unir là où il y a division, pour briser ces barrières de séparation visibles et parfois invisibles qui empêchent la rencontre. Des ponts entre les peuples et les cultures, des ponts entre les responsables religieux et politiques que le Pape a entrepris de construire avec une intensité et un sentiment d'urgence qui augmentaient au fur et à mesure qu'il voyait s'ériger des murs dont on avait pensé - peut-être avec un peu trop d'optimisme - qu'ils seraient relégués dans les livres d'histoire après la fin de la guerre froide et la division du monde en deux blocs. Aujourd'hui, cet engagement passionné et désintéressé est presque unanimement reconnu par la communauté internationale, comme en témoigne la demande de médiation et d'intervention du Pape et du Saint-Siège dans tant de crises de notre temps.
Faire plus de place à la paix
Même dans le discours de ce lundi 10 janvier au Corps diplomatique, une sorte d'Urbi et Orbi sur l'état de santé de la planète, François a répété que le dialogue et la coopération entre les peuples sont des étapes d'un chemin inévitable si nous voulons vraiment préparer un avenir d'espoir pour les nouvelles générations. Nous ne devons pas avoir peur, a-t-il dit dans un passage clé de son discours, de faire de la place pour la paix dans nos vies en cultivant le dialogue et la fraternité entre nous. Un espace qui - comme le montre dramatiquement la pandémie, autre thème central de l'audience aux ambassadeurs accrédités auprès du Saint-Siège - a besoin d'une vision intégrale et non fragmentée. Aux yeux de l'Église, «experte en humanité», comme le souligne Paul VI dans Populorum Progressio, la paix et le développement, l'environnement et les droits sont interconnectés. Tout se tient. L'Église a l'homme à cœur et rien d'autre car, selon les mots de Jean-Paul II, «l'homme est le chemin de l'Église». Un amour pour l'humanité - en particulier pour les blessés, les laissés-pour-compte, les humiliés - dont le Pape François témoigne par ses gestes et ses paroles, en marchant sur les traces de ses prédécesseurs et en développant le Magistère avec cette «créativité de l'amour» qui est une tâche idéalement confiée à chacun d'entre nous.
La fraternité pour surmonter les divisions
Même en 2021, malgré les immenses difficultés générées par la pandémie, François a continué à poser des arcs et à planter des piliers, à poser des pavés pour consolider la route. Il ne lance pas seulement des processus, pour reprendre une formule qui lui est chère, mais aussi des ponts. Bien sûr, tous ne pourront pas être achevés, mais ce n'est pas pour cette raison - nous encourage François - que nous devons nous arrêter car «heureux les bâtisseurs de paix», même si les fruits de leur travail seront récoltés par d'autres et à des moments que nous ne pouvons pas prévoir aujourd'hui. Le «voyage impossible» en Irak est peut-être l'exemple le plus extraordinaire de cet effort du Pape, et pas seulement au cours de l'année qui vient de s'achever. Un voyage que beaucoup déconseillaient, mais qui s'est avéré être un message puissant et prophétique en faveur de la paix et de la fraternité. Cette dernière, par ailleurs, est presque le deuxième nom sur la "carte d'identité" du pontificat de François. Le Pape de Fratelli tutti, qui à Mossoul a pu affirmer : «La fraternité est plus forte que le fratricide», nous rappelle que sur ce pont, appelé humanité, nous devons tous faire des pas pour nous rencontrer. Et nous devons le faire avant tout pour aller à la rencontre de ceux qui sont les plus éloignés, car aussi éloignés soient-ils de nous, ils sont toujours nos frères.
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