Le Pape reçoit une délégation de la Custodie de Terre Sainte

Olivier Bonnel-Cité du Vatican

Le Pape François a reçu ce lundi une délégation de la Custodie de Terre sainte, menée par le père franciscain Francesco Patton. Ce pèlerinage à Rome se fait à l'occasion du centenaire de la revue Terre Sainte Magazine, une revue éditée en plusieurs langues par la fondation Terra Santa, qui dépend de la Custodie franciscaine. Seule publication de langue française écrite à Jérusalem, la revue aborde de nombreux thèmes : bibliques, patrimoniaux, archéologiques, géopolitiques...

«Faire connaître la Terre Sainte, c'est transmettre le "cinquième évangile", c'est-à-dire l'environnement historique et géographique dans lequel la Parole de Dieu a été révélée puis s'est faite chair en Jésus de Nazareth, pour nous et pour notre salut» a expliqué le Pape à cette délégation. «C'est aussi apprendre à connaître les personnes qui y vivent aujourd'hui, la vie des chrétiens des différentes Églises et dénominations, mais aussi celle des juifs et des musulmans, pour essayer de construire, dans un contexte complexe et difficile comme celui du Moyen-Orient, une société fraternelle».

La communication, à l'heure des réseaux sociaux, doit permettre de construire une communauté, mieux, une fraternité, a souligné François, encourageant ses hôtes «à raconter la fraternité qui est possible : celle entre les chrétiens d'Églises et de confessions malheureusement encore séparées, mais qui, en Terre Sainte, sont souvent déjà proches de l'unité», celle aussi «qui est possible entre tous les enfants d'Abraham, juifs, chrétiens et musulmans. Raconter la fraternité ecclésiale ouverte aux migrants, aux personnes déplacées et aux réfugiés, pour leur rendre la dignité dont ils ont été privés lorsqu'ils ont dû quitter leur patrie à la recherche d'un avenir pour eux et leurs enfants».

Travailler là où Dieu s’est fait chair

Le Souverain pontife a encouragé cette délégation qui, pour raconter l'histoire de la Terre Sainte, « s’efforce de rencontrer les gens là où ils sont et tels qu'ils sont». Le travail du magazine, dans ses articles et enquêtes s’effectue ainsi «dans les réalités les plus difficiles et les plus souffrantes, comme la Syrie, le Liban, la Palestine et Gaza». François a salué ces journalistes qui essaient «de présenter les histoires du bien, celles de la résistance active aux maux de la guerre, celles de la réconciliation, celles de la restauration de la dignité des enfants privés de leur enfance, celles des réfugiés avec leurs tragédies mais aussi avec leurs rêves et leurs espoirs». Le Pape les a remerciés pour leur travail durant lequel ils n’ont «pas épargné la semelle de leurs chaussures» pour pouvoir témoigner de toutes ces réalités.

Car pour communiquer de cette façon, «rien ne peut remplacer complètement l'expérience personnelle» a poursuivi le Saint-Père. «Vous vivez et travaillez dans le lieu même où la Parole de Dieu, son message de salut s'est fait chair et a été rendu "rencontrable" en Jésus-Christ, non seulement dans ses paroles, mais dans ses yeux, dans sa voix, dans ses gestes», a-t-il ajouté, soulignant que «l'attrait de Jésus dépendait de la vérité de sa prédication, mais l'efficacité de ce qu'il disait était inséparable de son regard, de ses attitudes et même de ses silences».

Le «cinquième Évangile»

«Vous êtes appelés à faire connaître ce que le Synode sur la Parole de Dieu (2008) et ensuite le Pape Benoît XVI ont appelé "le Cinquième Évangile", a poursuivi François, c'est-à-dire cette Terre où l'histoire et la géographie du salut se rencontrent et nous permettent de faire une nouvelle lecture du texte biblique, en particulier des textes évangéliques. Là, nous pouvons voir, voire toucher la réalité de l'histoire que Dieu a faite avec les hommes. En partant des lieux de la vie d'Abraham jusqu'aux lieux de la vie de Jésus, de l'incarnation au tombeau vide, signe de sa résurrection».  

Le mystère pascal illumine et donne un sens à l'histoire d'aujourd'hui, au parcours des peuples qui vivent sur cette terre, a encore expliqué le Pape, «un parcours malheureusement marqué par des blessures et des conflits, mais que la grâce de Dieu ouvre toujours à l'espérance, une espérance de fraternité et de paix».

Grâce aux réseaux sociaux, le travail de Terre Sainte Magazine permet enfin «d’enrichir la foi de nombreuses personnes, même celles qui n'ont pas l'occasion d'effectuer un pèlerinage sur les lieux saints» a enfin souligné le Successeur de Pierre, qui a salué l’«engagement professionnel, réalisé chaque jour avec compétence au service de l'Évangile» de ses membres. «C'est précieux pour les croyants du monde entier et, en même temps, cela soutient les chrétiens vivant sur la Terre de Jésus», a conclu le Saint-Père qui a souhaité profiter de cette audience «pour exprimer sa proximité avec eux» et demandé à cette délégation de «transmettre ses salutations et sa bénédiction aux familles et communautés chrétiennes de Terre Sainte».