Le Pape partage sa vision de la cité avec des maires italiens
Adélaïde Patrignani – Cité du Vatican
Les maires italiens ont eu un rôle «déterminant» depuis le début de la pandémie, qui a durement touché la péninsule, a d’abord souligné le Pape François lors de cette audience. «Vous avez été des points de référence pour faire respecter des normes parfois pénibles, mais nécessaires pour la santé des citoyens».
Devoir d’écoute
Plus largement, les maires sont une présence appréciée au milieu du peuple, mais la «solitude de la responsabilité» se fait souvent sentir, a reconnu l’évêque de Rome. Les citoyens ont aussi tendance à penser que la démocratie se réduit au fait de «déléguer par le vote, oubliant le principe de la participation». En même temps que de chaleureux encouragements, le Saint-Père a recommandé à ses hôtes de renforcer les «réseaux de relations solidaires», qui permettent de faire participer les habitants à la vie de la cité, par exemple par le volontariat.
Mais c’est sur trois mots-clés que François s’est appuyé pour parler de la mission des édiles.
D’abord la paternité – ou maternité – envisagée à travers l’écoute des personnes et de leurs besoins. «Une bonne écoute aide à discerner, pour comprendre les priorités sur lesquelles intervenir», a expliqué le Saint-Père. Écouter suscite aussi le «courage de l’imagination», c’est-à-dire le fait d’élaborer «un projet de coexistence civile et de citoyenneté», de «rêver à une cité meilleure», et d’en faire part à ses collaborateurs.
Les pauvres sont la «richesse d’une ville»
Le Souverain Pontife a ensuite insisté sur la «périphérie», mot à la centralité évangélique, a-t-il rappelé, puisque le Christ lui-même est né dans une étable de Bethléem et mort en-dehors des murs de Jérusalem. Partir des périphéries «n’est pas un choix idéologique», a souligné François, mais traduit le choix de «partir des pauvres pour servir le bien de tous». «Il n’y a pas de cité sans pauvres, (…) les pauvres sont la richesse d’une ville ; ils nous rappellent nos fragilités et le fait que nous avons besoin les uns des autres», a déclaré le Souverain Pontife.
Les périphéries ne doivent pas seulement être un territoire soutenu économiquement, a-t-il poursuivi, mais «elles doivent se transformer en laboratoires d’une économie et d’une société différences». «Il ne suffit pas de donner un colis alimentaire», mais un «projet dans lequel chacun soit valorisé pour ce qu’il peut offrir aux autres». «Le travail est vraiment une onction de dignité !», s’est exclamé le Pape devant les maires italiens.
Ne pas se tenir à l’écart
Ceux-ci doivent enfin diffuser la «paix» au sein de leur cité. Et cela implique de «créer un tissu commun de valeurs qui amène à désarmer les tensions entre les différences culturelles et sociales». Le Souverain Pontife s'est notamment inquiété de la hausse du taux de suicide des jeunes pendant la pandémie. La paix, a-t-il précisé, «n’est pas une absence de conflit, mais la capacité de les faire évoluer vers une forme nouvelle de rencontres et de coexistence avec l’autre». La crise n'est pas le conflit, a ajouté le Pape, car la crise permet d'aller de l'avant tandis que le conflit enferme dans la violence.
Il est donc «fondamental de favoriser l’esprit d’entreprise et la créativité des personnes, de façon à ce qu’elles puissent tisser des relations significatives à l’intérieur des villes», a relevé François, invitant à recourir au «principe de subsidiarité».
L’évêque de Rome a enfin mis en garde les édiles contre la tentation de fuir leurs responsabilités, avec une référence à saint Jean Chrysostome. L’évêque et père de l'Église, pensant à cette tentation, exhorte en effet «à nous dépenser pour les autres, plutôt que de nous tenir sur les montagnes et de les regarder avec indifférence». «C'est une leçon à chérir», a conclu François.
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