Audience : «L’alliance entre les générations est notre don perdu»
Adélaïde Patrignani – Cité du Vatican
C’est sur une situation qui concerne l’humanité tout entière que le Pape François a voulu attirer l’attention avec ce nouveau cycle de catéchèses. Un âge de la vie qui, depuis quelques décennies, «concerne un vrai “nouveau peuple”, les personnes âgées». «Avec les migrations, la vieillesse fait partie des questions les plus urgentes que la famille humaine doit affronter», a estimé le Souverain Pontife. Avec son lot de défis, notamment «le risque de rejeter cette catégorie de personnes considérées comme un “poids”». Le Saint-Père s’est désolé en particulier des situations de négligence dont les plus anciens ont été victimes durant la pandémie.
Contre le jeunisme
Aux yeux du Successeur de Pierre, le principal enjeu est «l’unité des âges de la vie». «Demandons-nous : existe-t-il une amitié, une alliance entre les différents âges de la vie, ou la séparation et le rejet prévalent-ils ?».
Et François de dénoncer une culture dominante qui exalte la jeunesse «comme le seul âge digne d'incarner l'idéal humain, associée au mépris de la vieillesse comme fragilité, déchéance, handicap». Cette vision déformée fut «l'icône dominante des totalitarismes du 20è siècle».
Le prolongement de la vie influence de manière structurelle l’histoire, les individus, les familles et la société. «Dans la représentation du sens de la vie dans les cultures dites “développées”», il y a peu de place pour la vieillesse, a fait remarquer le Saint-Père. Pour un âge aussi important de l’espace communautaire, «il y a des plans d’assistance, mais pas de projets d’existence», a-t-il regretté, ce qui constitue «un vide de pensée, d'imagination et de créativité», inhérent à la «culture du déchet».
Rêver ensemble
Et le Pape de poursuivre son plaidoyer pour une meilleure perception du sens de chaque âge de la vie : «La jeunesse est belle, mais la jeunesse éternelle est une hallucination très dangereuse. Être vieux est tout aussi important - et beau et tout aussi important - que d'être jeune. (…) L'alliance entre les générations, qui redonne à l'humain tous les âges de la vie, est notre don perdu», et il faut le retrouver.
Pour cela, la Parole de Dieu offre une précieuse sagesse, par exemple la prophétie de Joël : : "Vos vieillards auront des songes, vos jeunes gens auront des visions" (Jl 3,1). François a commenté ce verset, invitant les ainés à communiquer leurs rêves, en dialogue avec les jeunes. «Les jeunes qui ne remettent plus en question les rêves des anciens, qui foncent tête baissée vers des visions qui ne dépassent pas le bout de leur nez, auront du mal à porter leur présent et à supporter leur avenir. Si les grands-parents se replient sur leurs mélancolies, les jeunes se courberont plus encore sur leurs smartphones», a-t-il prévenu.
Soutenus par l’Esprit Saint
«La vieillesse est un don pour tous les âges de la vie», un «don de maturité, de sagesse», «une bénédiction pour la société» a encore insisté le Saint-Père. Les personnes âgées ont une ressource de vie déjà vécue qui peut aider les jeunes, surtout en cette période de pandémie dont le «contrecoup le plus grave» est «l’égarement des jeunes», a-t-il poursuivi.
La longue marche qui accompagne la vieillesse «doit être vécue comme une offrande du sens de la vie». En revanche, la vieillesse privée d’une vie humainement digne, «court le risque de se renfermer dans un avilissement qui enlève l’amour à tous». Le Souverain Pontife a employé à nouveau l’image de l’arbre, dont les racines seraient les personnes âgées, et les fruits et les fleurs les plus jeunes. La sève monte des premiers vers les seconds.
Maintenir l’amour vivant entre les générations, en privilégiant le dialogue : ce défi «de l’humanité et de la civilisation exige notre engagement et l’aide de Dieu», a conclu François en demandant l’aide de l’Esprit Saint.
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