Ukraine: «au nom de Dieu, arrêtez ce massacre !», implore le Pape
Adelaide Patrignani – Cité du Vatican
Le visage grave, le Souverain Pontife a lancé un appel ferme depuis la fenêtre du palais apostolique, face à des milliers de personnes rassemblés sur la Place Saint-Pierre et aux abords.
«Au nom de Dieu, je vous le demande: arrêtez ce massacre !», a-t-il demandé, obtenant comme réponse immédiate les applaudissements de la foule.
«Frères et sœurs, nous venons de prier la Vierge Marie. Cette semaine, la ville qui porte son nom, Marioupol, est devenue une ville martyre dans la guerre déchirante qui ravage l'Ukraine, venait-il de déclarer auparavant. Face à la barbarie du meurtre d'enfants, d'innocents et de civils sans défense, il n'y a pas de raisons stratégiques qui tiennent la route: la seule chose à faire est de mettre fin à l'inacceptable agression armée, avant qu'elle ne réduise les villes en cimetières», a-t-il alerté.
«La douleur dans le cœur, je joins ma voix à celle du peuple qui implore la fin de la guerre. Au nom de Dieu, que les cris de ceux qui souffrent soient entendus et que les bombardements et les attaques cessent ! Que l'on se concentre réellement et résolument sur la négociation, et que les couloirs humanitaires soient efficaces et sûrs. Au nom de Dieu, je vous le demande : arrêtez ce massacre !», a imploré François.
À plusieurs reprises ces dernière semaines, notamment le 27 février dernier, le Pape a appelé à la fin du conflit en cours.
Le Saint-Père a ensuite encouragé les fidèles à «l'accueil des nombreux réfugiés, en qui le Christ est présent». Il a aussi rendu grâce «pour le grand réseau de solidarité qui s'est formé». «Je demande à toutes les communautés diocésaines et religieuses de multiplier les moments de prière pour la paix. Multipliez les moments de prière pour la paix, a insisté le Successeur de Pierre. Dieu est seulement un Dieu de paix, il n'est pas un Dieu de guerre, et ceux qui soutiennent la violence profanent son nom. Maintenant, prions en silence pour ceux qui souffrent et pour que Dieu convertisse les cœurs à une ferme volonté de paix», a enfin demandé François, avant que les pèlerins ne se recueillent un instant.
Dans ce contexte douloureux, l’Église universelle célèbre par ailleurs aujourd’hui le neuvième anniversaire de l’élection du Pape François comme Successeur de Pierre.
Des dizaines de morts dans le bombardement d’une base militaire
Cet appel du Souverain Pontife intervient alors que les forces russes ont bombardé ce dimanche une base militaire située dans la région de Lviv, dans l’ouest de l'Ukraine, près de la frontière polonaise, une zone jusque-là relativement épargnée par le conflit. Au moins 35 personnes ont été tuées et 57 blessées, selon les autorités locales. La base de Yaoriv était l'un des principaux centres servant aux exercices militaires conjoints avec l'Otan.
La ville de Marioupol, dans le sud-ouest, continue quant à elle d’être assiégée par les forces russes. Bombardée depuis près de deux semaines, la cité garde l'espoir de voir arriver un convoi d'aide humanitaire, dont la venue est prévue ce dimanche.
Toujours au sud et au bord de la mer Noire, la métropole d'Odessa se prépare à une offensive des troupes russes, qui se concentrent pour l'heure à une centaine de kilomètres à l'est, sur la ville de Mykolaïv. Les bombardements massifs ont notamment touché un centre de cancérologie et un hôpital ophtalmologique. Neuf morts ont été déplorés ce dimanche par le gouverneur de la région.
Le cardinal Konrad Krajewski, aumônier apostolique du Pape François, envoyé sur le terrain par le Souverain Pontife, est en ce moment sur la route du retour vers Rome. Il a passé près d'une semaine auprès de la population frappée par le conflit, d'abord en Pologne en se rendant dans des centres d'accueil pour réfugiés puis à la frontière avec l'Ukraine, et ensuite sur le territoire ukrainien, notamment près de Lviv. C'est là qu'il a célébré samedi une messe avec la communauté catholique locale.
Premiers bilans
L'armée russe maintient également sa pression sur Kiev, tentant d'encercler la capitale. Selon l'état-major ukrainien, les soldats russes cherchent à éliminer les défenses à l'ouest et au nord de la ville afin de la bloquer.
«Environ 1 300» militaires ukrainiens ont été tués depuis le 24 février, a indiqué samedi 12 mars Volodymyr Zelensky, dans un premier décompte officiel fourni par les autorités ukrainiennes depuis le début de l'invasion. L'armée russe aurait perdu «environ 12 000 hommes», affirme le président ukrainien. La Russie, de son côté, a annoncé le 2 mars son seul et unique bilan à ce jour, avec 498 soldats tués. Par ailleurs, au moins 579 civils ont été tués, selon le décompte de l'ONU paru samedi également. L’organisation précise toutefois que ses bilans sont probablement très inférieurs à la réalité.
Près de 2,6 millions de personnes ont quant à elle quitté le pays depuis le début de la guerre, le 24 février dernier, d’après l’ONU.
(Avec AFP et RTSinfo)
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