Le Pape inaugure l’année judiciaire du Tribunal du Vatican
Adélaïde Patrignani – Cité du Vatican
Dans le contexte actuel où «l’idée du bien commun (…) est mise à l’épreuve», tous ceux qui travaillent pour la justice ont «un engagement grave et chargé de responsabilité», a reconnu le Saint-Père au début de son discours. Il a rappelé aux membres du système judiciaire pénal de l’État de la Cité du Vatican – constitué du tribunal de première instance, de la cour de cassation et de la cour d’appel – que la justice représente «un terrain privilégié de convergence et de collaboration entre croyants et non-croyants».
S’inspirer du Synode
Le Pape a ensuite établi un rapprochement entre le fonctionnement de cette institution vaticane et le parcours synodal en cours dans l’Église universelle. Les affaires judiciaires, tout comme le Synode, nécessitent de «marcher ensemble» et de s’exercer à l’écoute.
«Dans l'activité judiciaire, les juges sont tenus de faire constamment preuve d'honnêteté en écoutant ce qui est argumenté et démontré par les parties, sans préjugés ni pré-compréhension. Avec la même volonté d'écoute, qui demande du temps et de la patience, chaque membre du jury doit être ouvert aux raisons présentées par les autres membres, afin de parvenir à un jugement réfléchi et partagé», a résumé François.
Le Souverain Pontife a aussi évoqué le «sérieux et patient travail de discernement» nécessaire pour établir une sentence juste. Il a aussi expliqué que la «justice doit toujours être conjuguée avec les instances de miséricorde», de manière complémentaire et équilibrée, car l’une et l’autre sont importantes.
Enfin, l’équité, «définie sagement comme la juste du cas individuel», doit avoir sa place. «Le recours à l'équité n'est pas une prérogative exclusive du droit canonique, a déclaré l’évêque de Rome, mais il y est sans aucun doute particulièrement reconnu et valorisé, étant étroitement lié au précepte de la charité évangélique, véritable principe directeur de toutes les actions de l'Église».
Le droit canonique, a-t-il rappelé, est considéré au Vatican comme «la première source normative et le premier critère de référence interprétatif» (art 1 Legge sulle fonti – 1er octobre 2018).
Chercher un style plus évangélique
François est ensuite entré dans des considérations plus techniques sur la nomination des magistrats et leur mission au sein du tribunal du Vatican. Celle-ci se déroule en ce moment dans un contexte de réformes, touchant les secteurs économique, financier et aussi judiciaire. Des réformes permettant de répondre à de nouveaux «paramètres développés par la communauté internationale», mais aussi à «l’exigence propre de l’Église d’adapter toutes ses structures à un style plus évangélique», a précisé le Pape.
Le Souverain Pontife est revenu sur les dispositions concernant la gestion financière, et visant à plus de transparence, car l’Église «doit être exemplaire et irréprochable, surtout de la part de ceux qui revêtent d’importants rôles de responsabilités».
La recherche de la justice requiert elle aussi «des réformes structurelles qui permettent son application juste», a-t-il poursuivi en rappelant les principales réformes advenues en 2021 – notamment celle qui concerne le rôle du promoteur de justice.
Il s'agissait surtout de faire en sorte que le «système procédural actuel garantisse l'égalité de tous les membres de l'Église et leur égale dignité et position, sans privilèges qui remontent au passé et ne sont plus en adéquation avec les responsabilités» qui incombent à chacun.
«D'autres besoins de mise à jour de la législation vaticane, en particulier dans le domaine de la procédure pénale et de la coopération internationale, pourraient être satisfaits par des mesures de réforme ciblées déjà à l'étude, a annoncé François, afin de renforcer les instruments de prévention et de lutte contre les crimes et de répondre à la demande croissante de justice qui est également enregistrée dans notre État».
Recourir à la prière
Le Pape a enfin souligné que «le droit et le jugement doivent toujours être au service de la vérité et de la justice, ainsi que de la vertu évangélique de la charité». Le procès doit quant à lui permettre de mener à «une fraternité toujours plus complète et efficace, dans laquelle tous sont protégés, surtout les plus faibles et les plus fragiles».
Si l’on regarde vers l’Évangile, «la justice proposée par Jésus-Christ n'est pas tant un ensemble de règles à appliquer avec une expertise technique, mais plutôt une disposition de vie qui guide ceux qui ont des responsabilités et qui exige avant tout un engagement de conversion personnelle», a conclu le Saint-Père. Et cela demande de s’enraciner dans la prière, «grâce à laquelle nous pouvons accomplir nos devoirs en conjuguant l'exactitude des lois avec la miséricorde, qui n'est pas la suspension de la justice, mais son accomplissement» (cf. Rm 13, 8-10).
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